Estelle
Je suis la simplement assise sans rien penser. Parce que je ne veux pas penser. C'est trop dur... et malgré mes efforts les idées ne cessent d'affluer dans mon esprit. Je suis seulement dans cette position. Recroquevillée. La tête posée entre mes bras entrelacés autour de mes genoux repliés ; mes membres se resserrent encore davantage. C'est une façon de me protéger. Enfin, si l'on peut dire... C'est plus un réflexe qu'autre chose.
Mais non, je n'y arrive pas. Je ne parviens pas à étouffer la hâte de mes pensées.
Pourquoi ? Pourquoi...
Pourquoi une nouvelle fois ?
Pas besoin de me faire un dessin ; je sais très bien ce qui se passe. C'est un nouveau jeu ! L'un des ces jeux cruels desquels je suis incapable de dire s'ils sont justes... Mérité ou justifié ? Je ne sais pas. Je n'ai jamais su. J'ignore quoi encore en supposer ou même si c'est vraiment intéressant de le savoir. Peut-être n'y avait-il aucune raison pour que tous ces êtres, quels qu'ils soient, meurent. Pardon, je rectifie : n'y a-t'il aucune raison présentement.
Oui, c'est un nouveau jeu de survie !
Comme la dernière fois, mes souvenirs sont flous concernant mes actes précédant. A nouveau, je suis dépossédé de mes biens et arracher à mon foyer. Ironie du sort, mon foyer avait fini par devenir un des lieux de ce mondes, mais non, ça ne semble pas suffisant. Au moins, cette fois-ci, je ne suis pas enlevés aux personnes à qui je tiens, puisque... C'est simple, ils sont restés dans mon ancien monde. Sinon, quant à Elywen et Neptune, cela fait bien longtemps que je ne les ai plus vues.
Enfin, il y a Hide.
Alors, lentement, mes yeux plissés et l'air sombre font relever ma tête pour regarder. Finalement...
Et se posent presque immédiatement sur la poupée à l'allure coutumière de son étrange. Sur le moment, je ne fis pas attention à son état lamentable...Si je l'avais fait, je me serais sans doute dit qu'il s'agit de sa faim qui menace une fois de plus.
Non... Tout ce je fais c'est la toiser sous la masse de ma chevelure qui me revient en avant car non-retenue par le serre-tête, ruban ou foulard habituel. Malgré que je veuille me contenir, on peut lire dans mon regard la colère. Sans doute aussi un peu de tristesse et de peur.
Encore, encore, encore...
Mais pourquoi ? "Elle" pourquoi tu fais ça ? Qu'y a-t'il d'utile à renouveler l'expérience ? Je ne veux pas avoir à rencontrer des gens pour ensuite les voir mourir aussi vite.
"Elle", j'aimerais te parler. Juste une fois. Ne serait-ce qu'une fois. Plus que jamais, j'ai besoin de réponses.
Mais je sais, par contre, que ce n'est pas possible. Je ne peux pas me retrouver face à toi sous ma demande. Tout ce que j'ai c'est Hide qui n'est là que pour nous mettre davantage des bâtons dans les roues. Toutefois, maintenant on s'entraide. Elle est sympathique en réalité. Je l'apprécie...
En fait non ! Je la hais !!!
Depuis le tout début elle n'a de présence que dans le but de nous dévorer. Elle n'apporte rien. Simplement un soucis supplémentaire. Je croyais que je pouvais lui faire confiance. Ouais c'est ça... Comme si c'était logique. Elle n'a jamais fais au moins une légère allusion à une seconde session d'épreuves. Et plus que tout avec de nouvelles personnes. Et même, pour les anciens survivants ! Ne va-t'elle pas à l'encontre de sa promesse ? Ne devrions-nous pas repartir après tout ceci. Mais non ! Il a fallu attendre des mois. Raaah ! Pour qu'elle raison ne me suis-je pas interrogée à ce sujet ? Quitte sans le cadeau qu'elle avait promulgué pour les futurs vainqueurs. Je m'y étais habituée à la longue à ce monde. Même rester ici à jamais seule aurait été préférable. Mais pas tout ça à nouveau !
Tu ne m'as rien dit. Absolument rien. Non seulement je hais "Elle" mais je te hais toi. Tu es une sale menteuse, Hide.
Mes pensées persévèrent et vacillent dans tous les sens. Cependant, un point fixe demeure et ce point d'attention c'est Hide. Hide, le seul contact et représentant de "Elle" à proximité. La colère se déverse comme un flot nauséeux dans mes veines.
La rage provoque un grand tumulte en moi. Mon visage dévie sur le côté tout en continuant de la fixer. J'en ai mal aux bras à force de me serrer.
Soudain, tout lâche.
Mes bras tombent flasques aux côtés de mon corps. Ma face tordue d'une grimace est remontée. Puis, lentement, très lentement, je me lève. D'un pas lourd et insistant, mes pieds s'enfonce dans le sable et en ressortent. Le sable se soulève pour se re-déposer comme du plomb. Je m'avance vers elle. Vite. Je suis déjà à un mètre de Hide qu'à peine je me rend compte de la rapidité de mon pas.
J'étouffe. Ma gorge se sert tellement que j'en ai du mal à respirer. Je suis à présent en face d'elle à la regarder. J'ai du mal à trouver les mots. Je déglutit et prends plusieurs brefs respirations saccadées. Etre plantée devant elle, devant le fait accompli et trop impulsif, me désarçonne. J'ai agit trop vite. Je suis sortie de mes gonds. Je veux lui dire mes quatre vérités. Un début de phrase, puis plus rien. Mes mots s'évanouissent dans le vide. Mes bras se mettent à s'agiter de manière désordonnée exprimant mon désarrois. Et là, ça sort !
-Pourquoi ? POURQUOI ?Je crie. Je hurles même.
-Comment as-tu pu me faire ça ?
Tu avais promis pourtant ! On devait partir. Ça ne devait pas recommencer ! Pourquoi faut-il de nouveau tout ça ? Je ne suis pas bête ! Je vois bien ce qui est en train de se produire ! Tu m'as trahie ! J'ai cru que je pouvais finalement te faire confiance ! Mes pieds piétinent, mes mollets se contractent, mes bras s'agitent et les poings serrés. On dirait de moi une gamine de quatre ans qui n'obtient pas son caprice.