}Mage - Lemiir - Tëles{
Dans la Grotte de la Magie, il y avait, perdue parmis les innombrables couloirs tortueux, une petite chambre semblable au compartiment d'une maison de poupée. Une penderie et une commode sommaire pour les habits, une coiffeuse et le tabouret qui va avec, le lit et sa table de chevet, voilà les meubles tout de bois sculpté mais modestes qui ornaient la pièce. En surplus... Peluches, vases et bocaux de verres, petits chevaux, bougies, joujoux, coussins, boites à musique, carrousels miniatures, figurines et draperies, que ce soit à même le sol, sur les meubles ou accrochés à la paroi, ceci en composaient la décoration de l'endroit.
L'habitante de ce lieu douillet était une jeune fille. Bien que pas si jeunotte, mais tout a fait candide. Elle y vit depuis longtemps, dormant là, en en partant et en y revenant.
Alors... Voilà notre zone de récit. Une histoire que nous pouvons commencer.
Il était une fois une jolie poupée. La jolie poupée allait pouvoir à présent se lever. Cela faisait, en fait, bien longtemps qu'elle était éveillée. Mais n'ayant pas nécessité de se mettre debout, elle était rester là. Les bras écartés, allongée en croix sur le lit déjà refait, juste à voir le plafond.
Ce plafond, d'ailleurs avait été entièrement repeint en bleu. Ensuite, elle y avait elle-même reproduit à la perfection le schéma stellaire avec une peinture phosphorescente dont elle pourrait manipuler la luminosité à l'aide de son pouvoir. Une voûte céleste pour une autre voûte identique, même en étant sous-terraine. Tout était parfaitement calqué. Chaque corps du ciel à sa place, mais naïvement attribués d'une forme étoilée au lieu du petit point qui leur est dut. Même quand la pièce était plongée dans l'obscurité, ils scintillaient.
Tic Tac ! Tic Tac ! Bruitait l'horloge. Tûnc Tônc ! Sonnait l'horloge.
Soudain, une lumière éblouissante jaillit inondant de son jaune chaleureux la petite cavité. L'éclat s'amenuisa peu à peu pour enfin se stabiliser en un éclairage modéré. Tout le petit manège avait été généré par les pouvoirs de la petites poupée. Il était temps. L'heure pour se lever avait retentit.
Glass dormait. Il se réveilla. Sans se presser. Sans traîner. Le Naï vint virevolter autour de sa délicate protégée.
Au son de l'horloge, Lemiir se redressa et descendit du lit. La petite poupée et son compagnon ne se dirent mots. Chacun savait l'autre ne plus être bercé par le sommeil. Cela leur suffisait. En outre, ce n'était pas étonnant, tout était silencieux entre eux. Il faut le dire la fillette blonde n'avait pas beaucoup de conversation.
Ainsi, la petite poupée était levée. Elle allait pouvoir se préparer. Elle ôta sa robe de nuit bleu. De ce même et éternel bleu roi. Elle prit le premier habit qui lui vint dans la penderie. Une autre robe, mais cette fois-ci aux volants de dentelles noires, , sertie ça et là de rubans noués de mousselines sombres, jupon de plusieurs épaisseurs, col montant et manches courtes bouffantes. L'ensemble presque entièrement fait de ce lancinant rouge coquelicot.
Jouant à la maison de poupée, la figurine est habillée de ce vêtement. Ensuite, une fine couette est remontée de chaque côté surplombant le reste de la chevelure. Maintenant que la demoiselle est prête, elle va pouvoir aller au travail. Elle fut dirigée vers la sortie de la pièce et traversa les nombreux couloirs. Sur son chemin, la bonne fillette croisa quelques-uns de ses gentils voisins.
La petite poupée progressa un moment au travers des couloirs sans but précis avançant de sa démarche à la fois cycliquement saccadée et imperturbable. Mollement mécanique comme se muant au gré du son d'une ancestrale mélodie sempiternelle gravée depuis bien longtemps en elle.
D'ailleurs, la petite chose qu'elle était que l'on pouvait considérée comme inanimée ne semblait pas être la seule à errer. Une autre jeune fille, la princesse de l'endroit (Saïss), n'avait pas l'air d'avoir elle aussi de destination. Mais ce qui différenciait clairement ces deux êtres était que la seconde ne paraissait pas telle une âme perdue, bien munie de vie et d'un libre arbitre indéfectible.
Elle entraperçut une personne qu'elle n'avait jamais vu à la grotte accompagnée de Hùai, de Shiro ainsi que de leur Naï respectif. Elle hésita un moment à aller à leur rencontre.
Son système de réflexion réagit de la sorte... Une personne inconnue pouvait très bien s'avérer plausiblement dangereuse. Le danger c'est mauvais, donc à tenir à l'écart. Le jugement de Lemiir était strictement binaire, mais son ressentiment face à cela se trouvait inexistant. Seulement, dans la marche à suivre, les bonnes choses sont permises et les mauvaises à proscrire, voilà. Il lui fallait donc déterminer de quel côté de la balance se plaçait le nouvel arrivant. Mais le problème justement avec les étrangers, c'est qu'ils sont inconnus et il lui manque donc d'informations pour pouvoir les spécifier.
A partir de là, il ne reste plus qu'à faire le choix de s'incruster ou non. Or, les choix, dans son cas, pour la "pureté" de l'innocente Pandore, ce sont de bien trop grands tracas. Alors pour y remédier (ou la neutraliser davantage), ses créateurs lui recommandèrent de plus laisser venir les gens que de s'immiscer parmis eux. Si on ne s'enquérait pas de sa présence, c'est qu'on n'en a point besoin, donc, pas d'affaires qu'elle doive régler.
Justement, ici, une problématique d'un éventuel danger se posait. Toutefois, à l'opposé, il y avait déjà deux personnes pour le régler. Si celles-ci n'étaient pas encore venues à la rencontre de la Mage format miniature, alors son aide n'était pas requise.
S'étant arrêter pour ces quelques maigres pensées, la petite s'apprêta à repartir en regardant les autres personnes présentes.
Elle se souvint succinctement avoir aperçu au détour d'un couloir Esai, Ilie ou les deux. Elle ne savait plus vraiment.
Foudre, son homologue de Sna, était assise un peu plus loin dans un coin de la grotte munie d'une mine... positive.
Midnight et son compagnon Hikari passèrent un temps par là, où se trouvait la petite poupée, pour sortir au-dehors voir le soleil luisant.
Quant à Glass, il se contentait simplement de virevolter à ses côtés n'ayant aucune remarque susceptible d'être pertinente à faire.