par Silfy » 11 Sep 2022 10:13
Fey
Feyadrine restait silencieuse au côté de Fey, comprenant sa douleur et sa détresse. Elle avait voulu élever elle aussi sa propre fille dans un cocon de protection, tout en fuyant la traque meurtrière de la Reine, l'épouse de l'homme qu'elle avait le plus aimé au monde. Et cela l'avait conduit à sa perte finalement. Sa fille l'avait détesté, et la détestait encore même dans la mort, car elle avait pris des tas de mauvaises décisions. Persuadée qu'elle protégeait sa progéniture, elle était tellement obnubilée par sa quête de destruction des ombres qu'elle avait oublié que sa propre fille pouvait avoir des émotions, comme si elle n'était qu'un robot comme dirait les ordiens d'aujourd'hui.
- On se ressemble Fey. Physiquement, et même dans nos façons de pensées. Mais... Tu ne commettras pas les mêmes erreurs que moi, celles que j'ai commis avec ma propre fille. Je t'ai dit qu'elle était responsable de ma mort, mais je ne t'ai jamais dit pourquoi.
Fey détourna son regard de la neige, Feyadrine n'était pas du genre à se confier, plutôt à critiquer les actions de sa descendance.
- Ayden était l'amour de ma vie, mais Aizaline était la prunelle de mes yeux, mon plus grand trésor, ma fille adorée, et elle l'est encore, même si... même si elle me hait de tout son coeur, même dans la mort, au point de me refuser l'accès à ce refuge qu'elle a à créer pour toute sa descendance. Elle était la plus puissante des sorcières que j'ai pu connaître, la plus altruiste aussi, elle n'a jamais voulu utiliser ses pouvoirs pour faire le mal, sauf pour... enfin sauf contre moi bien sur... J'ai voulu la pousser à utiliser ses dons contre les ombres, contre la reine, contre tout ce que je haïssais, et finalement, j'ai perdu son amour... le jour où j'ai poussé l'homme qu'elle aimait à la fuir. J'ignorais qu'elle attendait un enfant à l'époque, et je le considérais comme un obstacle dans les ambitions que j'avais planifié pour elle. Tu te doutes que je me suis complétement trompée, la colère et la haine m'ont embrouillé l'esprit à l'époque, et le plus ironique, j'ai répété les mêmes erreurs avec toi.
Fey était entre la stupéfaction et l'envie de rire. Feyadrine tentait-elle de s'excuser de manière aussi maladroite? Fey se contenta de sourire, amusée par ce retournement de situation.
- Et en quoi ce sera différent avec mes enfants? Je suis rongée par la haine aussi. Pour mon père, la Tour, la famille royale, l'Ordre, les scientifiques... Il y a bien peu de monde qui entre dans la catégorie des gens biens dans ma liste.
- Mais c'est simple voyons. Tu as ton mari.
Là, c'était vraiment le pompon de cette conversation insensée. Mais Feyadrine était visiblement sérieuse, et pire, elle semblait enviée Fey d'un seul coup. Il fallait dire qu'elle avait du mettre fin aux jours de son amants, élever sa fille seule, fuir la haine de Reine. Beaucoup de points communs avec ce Fey vivait en ce moment, sauf que Pietro la soutenait, cherchait à la protéger. Il était son roc, son bouclier, son armure contre la souffrance, alors qu'il était né lui-même des pires maux de cette Terre. Fey ne put que sourire à son tour, elle ne désirait pas se reposer sur Pietro, mais au fond, elle n'avait plus le choix.
- Pour une fois, Feyadrine, je crois que ta fille serait fière de toi.
Les sourires entre les deux jeunes femmes étaient sincères, et elles finirent par reprendre leur admiration pour cette neige qui ne finissait pas de tomber. Les minutes s'égrainaient, le froid devait être prenant et pourtant, les deux jeunes femmes ne bougeaient pas d'un pouce.
- Tu ne devrais pas rentrer maintenant? Tu vas attraper mal avec ce... Fey? Fey!
Feydrine ne comprenait pas. Fey avait les yeux plus noirs que les ténèbres, son souffle n'était plus présent. Pourtant, elles étaient dans un monde d'esprit, pas dans la réalité. Et pourtant, l'état de l'archère semblait se retranscrire dans les mondes oniriques. Feyadrine ne savait pas quoi faire, elle n'était qu'un esprit, plus capable de prendre une forme quelconque dans le monde réel avec une Fey inerte, comme une statue. Dans la réelle, Fey avait les yeux ouverts, aussi noirs que dans son monde de rêve, mais son visage semblait apaisé. Elle était telle une poupée de cire observant la neige, froide à cause du temps, et ne semblant pas pour autant souffrir du froid.