par Silfy » 09 Déc 2023 10:57
Fey
En lisant ces images dessinées au petit Finnian, Fey se rendait compte que ce n'était pas juste des histoires de mignons animaux avec des supers pouvoirs, les utilisant pour vaincre les méchants animaux tout moche. Finnian était trop petit pour comprendre les subtilités se cachant derrière ces histoires. Des mignons animaux habillés en bleu et blanc, des méchants animaux en rouge, comme une représentation caricaturale de l'Ordre et de l'Empire. Fey espérait d'un coup que l'innocence de Finnian ne s'évapore jamais, c'était déjà un miracle qu'il reste aussi enfantin après tout ce qu'il avait pu vivre jusque là. Est ce que ses propres enfants parviendraient à avoir ce même rire et cette naïveté avec des parents pareils? Fey en vint à sourire à cette pensée, elle l'espérait vraiment.
Finnian était infatigable, réclamant encore des histoires alors que celles du journal étaient terminés. Alex devait être bien occupé avec Pietro pour qu'il demande à l'archère de s'occuper de lui. Elle lui proposa alors de s'installer dans le salon pour être plus confortablement assis dans le canapé, ce que le garçon accepta visiblement en se précipitant vers le salon alors que Fey venait à peine de finir sa phrase. Cet enfant était le plus déterminé empireen qu'elle aie rencontré depuis le début de cette guerre.
Ernest
Culpabilité, colère, haine, terreur. Tant d'émotions passées dans l'esprit d'Ernest que ses jambes en tremblaient. Lilith le tenait encore une fois au pied du mur, il pourrait se plaindre encore et encore, ça ne changerait rien, Lilith avait encore des cartes à jouer, c'était certain. Il avait toujours obéit, jamais failli, et elle lui plantait encore un couteau dans le dos.
- Quelle monstre! Je la hais, blablabla. Mais Ernest, ce n'est pas moi que tu devrais détester, mais toi même.
Cette fois, Ernest se redressa d'un bond, ne supportant pas cette réflexion de plus. Lilith s'était entretemps levée, et était debout devant le lieutenant, sans aucune expression particulière sur le visage, simplement sa main ensanglantée levée comme si elle attendait quelque chose. A cet instant, une servante, terrifiée, arriva sans frapper à la porte, sans doute parce que Lilith lui avait intimé l'ordre d'entrer avant qu'elle en ait eu le temps, par télépathie. La jeune fille tremblait tellement qu'il était incroyable qu'elle ne trébuche pas à chaque pas qu'elle effectuait. Le verre de vin qu'elle tenait manquer de perdre son breuvage, mais la jeune fille parvint à le placer dans la main de la Grande Télépathe dans un dernier effort. Elle n'hésita pas une seule seconde pour sortir de la pièce au pas de course sur le geste rapide de Lilith pour qu'elle déguerpisse au plus vite. Rien ne changeait, Ernest était dégouté par ce qu'il voyait. Il avait toujours été impassible, mais c'était trop cette fois.
- Tu te ramollis Ernest, voilà que tu as pitié d'une petite empotée de servante fraichement débarquée, toute naïve et crédule. Elle deviendra vite un monstre d'égoïsme comme tout le monde dans cette Tour, cesse de te voiler la face. Haïs moi si tu veux, ça ne change rien aux faits. Le seul responsable de ce qui arrive à Jessica, c'est toi. Pourquoi? Parce qu'on avait un marché, il y a plusieurs années, tu dois bien t'en souvenir. Tu sais, quand tu as trahi ta bien aimée pour ta propre ambition. Et ne me joue pas le couplet du :" c'était pour la sauver", ça fait longtemps que cette excuse n'est plus crédible.
Ernest fulminait, serrant le poing alors que Lilith lui tournait autour tout en buvant tranquillement son verre de vin. C'était faux, il avait décidé de rentrer sous les ordres de Lilith pour sauver Jessica, c'était une vérité!
- Sauvez Jessica, et je serai à vos ordres. Ca t'arrangeait bien après tout. Tu étais rejeté par ta famille. Aimer une télépathe était tellement inconcevable que ton paternel t'a déshérité, renié. Quant à ta potentielle belle famille? Maman Orwen avait été très claire, jamais elle ne te laisserai prendre la main de sa fille chérie. Je sais tout Ernest, absolument tout de ce qui s'est passé, de ce qui se trame dans ta charmante petite tête. Tu es venu me supplier lorsque je tenais le clan Orwen sous ma coupe. Tu aurais pu négocier pour que j'épargne Jessica et sa famille, mais cela t'arrangeait bien que seule ta bien aimée survive. A voir ta tête, tu sais que j'ai raison. Alors? Qui est le vrai monstre? Quant à tout faire pour sauver Jessica maintenant, sois honnête Ernest, je n'ai aucunement besoin d'entrer dans ta tête pour savoir ce que tu espères. Je l'épargne, je la garde dans cette Tour comme prisonnière, de sorte qu'elle ne revoit jamais son fiancé. Et toi, en beau et preux chevalier blanc, tu serais là pour elle et son bébé, tu la protégerais de moi, tu subviendrais à ses besoins, jusqu'à ce qu'elle retombe amoureuse de toi. Hum? Ah oui, j'ai encore vu juste visiblement. Mais je vais être gentille avec toi parce que je tiens à toi. Elle ne t'aimera jamais Ernest. Elle n'aimera que son fiancé ordien pour une bonne raison. Si tu sacrifierais tout pour elle, lui... IL se sacrifierait pour elle. Et ça, c'est le gouffre qui vous sépare.
Ernest regarda Lilith dans les yeux. Comment avait-il pu oublier que la Grande Télépathe lisait dans les pensées? Mais en fait, non. Elle le connaissait par coeur depuis toutes ces années finalement. Toujours le poing serré, Ernest sursauta en entendant un gazouillement dans un coin. Une servante tenait un bébé dans ses bras. Depuis quand était elle là? Voir cet enfant commençait à le calmer et il finit par respirer de nouveau normalement. Le monologue de Lilith était terminé, elle avait gagné, et il en était conscient. D'un simple regard vers sa supérieure, Ernest sut que le bébé ne craignait rien, mais qu'il ne pourrait le tenir pour l'instant ou même le rendre à sa mère. Se contentant de s'incliner, il quitta la pièce, sans un mot, pour se diriger inconsciemment vers le sommet de la Tour. Mais la voix de Lilith résonna une nouvelle fois dans sa tête pour lui apprendre que le toit était occupé déjà par une autre âme désespérée. Cette zone était trop connue maintenant, c'était pénible. La colère remontant de nouveau, Ernest s'arrêta et broya son poing contre le mur face à lui. La main ou le mur? Lequel avait le plus pris de dégâts? La main, c'était évident, mais le mur était bien marqué maintenant. Ernest marcha sans entrain en direction de la chambre de Jessica, la main ensanglantée et brisée, douloureuse, mais il s'en soucierait bien plus tard.