Mon pays... Cette chère contrée natale me manquera, c'est sûr et certain. Avec ses paysages désertiques qui contiennent tout de même de la vie, certes bien cachée, elle est unique en son genre et c'est bien pour cette raison que je l'aime.
Nous, les Minoushas, sommes de vaillantes créatures qui ont une fidélité sans borne. C'est la raison pour laquelle on m'a confié cette mission spéciale (qui incombe d'être responsable) vers une contrée s'appelant Elonia, et trouver une princesse qui se nomme Névéïa. On m'a chargé de la ramener ici, dans le Royal Patt'lais des Minoushas.
Je fais partie du Clan des Astromanciens de Sandisia, une grande famille respectée dans toute la contrée !
Je pars de ce pas faire mes affaires. Un long voyage m'attend.
Quelques jours plus tard...
Et voilà. Le grand départ était arrivé. J'observais à travers la vitre du véhicule qui devait m'emmener à Elonia ce paysage qui m'était si familier défiler à toute vitesse. Je fermai mes yeux et me plongeai dans un sommeil sans rêves.
Quand je me réveillai, le Soleil avait décliné et le crépuscule pointait le bout de son nez.
En six heures, nous n'avions fait que le tiers du trajet. Le voyage allait être long...
Losque je me suis enfin décidé à sortir de la voiture, la nuit était tombée et les étoiles visibles. Je les ai lues, à la recherche d'un message qu'elles veulent me faire passer, et en ait découvert un qui me rendis perplexe : ne te fie pas aux apparences. Perplexe, je réfléchis pendantun long moment ne sentant pas le temps passer.
Je me rendormit tout de même à la belle étoile, en pleine réflexion quand à la signification de ce message.
《- Eh oh ! Réveille-toi !》Quelqu'un m'interpellait. Maintenant réveillé, j'ouvrai les yeux. Le Soleil m'éblouit et je plaçai ma queue sur mes yeux, en me roulant boule, renonçant à me réveiller.
《- Tut tut tut ! On ne se rendort pas, Dolmen ! Il faut continuer notre route vers Elonia. De plus, nous devrons faire une escale à Infermo pour bien se reposer comme il se doit.》Mon compagnon de voyage, Solen, me secouait les épaules. 《- Mmmh mmh, grogné-je.》Je me relevai en maugréant. Foudroyant Solen du regard, je me dirigeai vers mon petit-déjeuner : saumon avec de la crème. "Miam, me dis-je, toute frustration envolée. La journée commence bien ! "
Sitôt mon repas avalé, nous nous sommes remis en route. La voiture cahotait sur la route en mauvais état qui menait à Infermo. Nous mettrons plusieurs heures à y parvenir et, fidèle aux habitudes des Minoushas, je m'endormis bien au chaud sous une couverture.
La chaleur étouffante et le bruit des volcans en éruption me réveillèrent en sursaut.
《- Où est-on ?! demandé-je, complètement paniqué.
- Bienvenue à Infermo, mon ami ! Nous allons nous reposer dans une auber...》
Une violente secousse l'interrompit. Tétanisés, nous nous regardons... puis nous jetons un coup d'oeil à côté de nous.
Un impressionnant Flamiris blanc nous regardait, l'air très peu aimable.
《- Que faites-vous là, étrangers ? Je vois des armes sur vous. Vous n'êtes pas les bienvenus. Laissez-les et passez votre chemin.
- Mais, nous en avons besoin pour... tenté-je.
- Je ne veux rien savoir, posez-les et allez-vous en ! gronda-t-il, menaçant. Je suis le gardien d'Infermo et je dois protéger la contrée. Si vous êtes réticents à partir, je vous combattrais et vous regretterez amèrement de ne pas être partis ! Les ennemis d'Infermo sont mes ennemis.
- Nous venons juste pour nous reposer... glissé-je d'une toute petite voix. Si nous posons nos armes, nous conduirez-vous à une auberge ?
- J'espère pour vous que vous ne me mentez pas... Je veux bien vous emmener à une auberge. Laissez vos armes. 》
Nous nous étions donc remis en route, le Flamiris nous guidant. Solen et moi, encore tremblants de peur, nous étions serrés épaule contre épaule pour nous rassurer et nous calmer le plus possible.
Arrivés à l'auberge, le Flamiris nous salua et s'en alla, nous laissant seuls avec un Stoufix habillé en gentleman.
《- Bonsoir. Que voulez-vous, messieurs ?
- Euh... bonsoir. Nous recherchons une chambre pour dormir ce soir, ainsi que la possibilité de prendre un petit déjeuner demain matin.
- Très bien, je vais vous conduire à votre chambre. Veuillez me suivre, s'il vous plaît.》
Nous avions donc suivi le Stoufix jusqu'à notre chambre, où il nous laissa les clés, nous donna quelques instructions puis s'en alla.
Je ne pouvais plus tenir sur mes pattes, et apparemment Solen aussi. Je me jetai sur mon lit, fermai les yeux et m'endormai.
Je devais dormir comme une souche puisque mon compagnon me secouait fortement les épaules et me criait presque dans les oreilles.
《- Nom d'une souris, réveille-toi ! On dirait une marmotte !
- Je... excuse-moi... dis-je, la voix pâteuse. J'étais tellement fatigué...
- Je vois ça !
- Ne t'inquiète pas, je suis parfaitement réveillé maintenant et prêt à repartir !
- Il était temps, je pensais aller chercher un seau d'eau et te le lancer en pleine tête.
- Mais il me manque mon petit déjeuner... rajouté-je.》
Solen leva les yeux au ciel d'un air exaspéré. Il fit un signe en direction de la porte. Je le remerciai d'un signe de tête et partit précipitamment vers le salon.
Mon repas à peine engloutit, mon ami m'entraîna vers la sortie, nos affaires sur le dos. En chemin, il lança l'argent sur le comptoir devant le Stoufix qui nous tournait le dos pour payer. Je balbutiai un au revoir et courut à la suite de Solen.
《- Nous devons arriver au plus vite à Elonia, alors bouge-toi un peu ! m'apostropha-t-il, énervé.
- Ça va, calme-toi !
- Non, je ne me calme pas ! Il va ensuite falloir retourner à Sandisia, alors autant te dire que le temps va être long ! Mon fils a un examen important dans peu de temps et j'ai promis de l'aider...
- Oh... Je comprends... dis-je, me sentant coupable. D'accord, d'accord, je me dépêche !》
Je rentrai dans la voiture, Solen déjà au volant. Nous démarrons et partons rapidement.
Après une dizaine de minute, nous avions déjà quitté Infermo, continuant à rouler rapidement vers Elonia.
Je voyais au loin l'horizon des caractéristiques nuages roses d'Elonia, ainsi que ses arcs-en-ciels. Je commençais à appréhender le moment où il faudrait que je soumette la raison de ma venue à la princesse Névéïa... Elle n'avait rien demandé mais tel était le destin des princesses, si cruel soit-il. On disait qu'elle était tellement malheureuse qu'elle s'était enfermée en haut d'une tour, et que jour et nuit elle pleurait de chagrin.
Nous arrivâmes au pied du palais d'Elonia sans que je m'en aperçoive, plongé dans mes pensées que j'étais. Malgré moi impressionné par la splendeur et la grâce qui ressortait de leur palais (le nôtre, à Sandisia, est tout de même plus grandiose et plus beau, n'est-il pas ? ...), nous pénétrâmes à l'intérieur du palais sous les regards scrutateurs des soldats qui se tenaient aux portes. Un domestique nous aborda. Solen lui dit le motif qui nous amenait, et il nous mena à une grande salle, au bout de laquelle un coussin brodé d'or qui avait été posé sur une chaise, en or elle aussi.
Une Minoushatte qui contemplait son magnifique jardin se retourna avec un air hautain, les considèra avec mépris et leur fit finalement un petit signe de tête pour qu'ils viennent à elle.
《- Princesse Névéïa, je me présente : je suis Dolmen, du clan des Astromanciens de Sandisia. J'ai été chargé par sa Majesté Sérénissime le Roi Noah Ier de vous ramener à Sandisia afin que vous épousiez le Prince Royal.
Elle haussa les sourcils à ces derniers mots.
- Je ne suis pas encore prête, répondit-elle. On m'avait laissé deux mois, ça n'en fait qu'un.
- Sa Majesté le Roi vous mande au Royal Patt'lais des Minoushas au plus vite. Vous n'avez pas à discuter, princesse, j'en suis navré.
- Bien, soupira-t-elle. J'arrive dans une demie-heure, le temps de tout préparer. 》
Elle partit sans un regard en arrière hors de la pièce.
La demie-heure passée, la princesse descendit et vint les voir pour leur demander s'ils étaient également prêts à partir. Nous hochâmes la tête d'un commun accord et partîmes accompagnés de Névéïa vers la voiture pour entamer notre long retour vers Sandisia.
Le trajet fut long, personne ne prononçant un mot et le temps étant capricieux : pluie diluvienne à Elonia et chaleur étouffante à Infermo.
Tandis que je dévisageait la princesse, je remarquai qu'elle portait de sublimes voiles. Je me sentis soudain ridicule à côté d'elle, ne possédant qu'une simple boussole.
Après des heures de route sans pauses, nous arrivâmes enfin à votre destination finale et je me sentis revivre.
《- Aah, soupirai-je. Quel bonheur de revenir à Sandisia !
- Un peu trop sèche à mon goût, cette contrée, dit Névéïa d'un ton sec. Aucune eau, pas un signe de vie, rien, nada. Elonia est un bien meilleur lieu de vie, trancha-t-elle d'un air supérieur.》
Je la regardai avec mépris, assez outré qu'elle ait osé dire ça alors qu'elle se trouvait en ma compagnie. La rumeur comme quoi elle était triste à en pleurer tous les jours était évidemment fausse, à en juger par son air constamment supérieur et jamais triste.
Je repartis furieusement, Solen courant pour me rattraper.
Après quelques minutes de trajet insupportable car Névéïa n'arrêtait pas de critiquer Sandisia, nous arrivâmes au Royal Patt'lais des Minoushas. Je poussai un long soupir de soulagement. J'allais enfin être tranquille.
Je la plantai avec un domestique qui la conduirait à la salle du trône, là où se tenaient le Roi et la Reine.
J'étais dans ma chambre, tranquillement installé sur un tabouret de velours, quand on frappa à la porte.
《- Oui, entrez ! criai-je. 》
À ma grande surprise, la princesse Névéïa entra et s'installa sans gêne à côté de moi, sur l'un de mes autres tabourets. Je la considérai avec animosité, lui faisant bien comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue ici.
《- Je... Je voudrais te parler, m'annonça-t-elle timidement.
- Tiens, ce n'est pas ton genre de venir demander quelque chose, et surtout de cette façon, répondis-je, sarcastique.》
Elle poussa un long soupir, puis pris une grande inspiration.
《- Je viens m'excuser pour tout ce que j'ai fait ou dit de malhonnête ou vexant à ton égard. Tu comprends, il faut toujours que je sois à la hauteur des attentes de tout le monde, de cet espoir que le peuple place en moi, que je sois la perfection incarnée; alors que c'est très dur pour moi d'être irréprpchable et j'essaye de cacher mon malaise en me faisant passer comme étant très sûre de moi, qui ne doute pas de ses choix ni de ce que pensent les autres. J'essaye d'être forte au quotidien. C'est pour cela que je suis désagréable parfois... Je te prie de m'excuser, débita Névéïa d'un trait.》
Une seule et unique larme coula le long de sa joue. Elle l'essuya avec tristesse.《- Ne t'inquiète pas, c'est le cas. Tu es très forte, la rassurai-je avec douceur mais quelque peu surpris de cette confidence. Tout le monde t'admire, y compris moi. Et je t'excuse pour tout ce que tu as fait.
- Ah... ah oui ? demanda-t-elle en reniflant avec une triste mine. Et je te remercie de me pardonner aussi facilement, tu es vaiment quelqu'un de bien, ajouta-t-elle avec entrain.
- Mais oui, si je te le dis. Cette fois c'est moi qui te remercie du compliment, ça me touche ! ... J'ai une question à te poser, si tu me le permets.
- Oui oui, vas-y, ça rattrapera un peu ce que j'ai fait... Je te promets de répondre avec honnêteté, me promit-elle, la patte sur le coeur.
- Alors... es-tu réellement heureuse de te marier avec le Prince ?
- Euh... Je... non, avoua-t-elle en murmurant. Mais je suis obligée, alors je dois m'en contenter.
- Oh, quel malheur de ne pouvoir être avec quelqu'un de son choix, soupirai-je, compatissant.》
La nuit commençait à tomber, et nous ne bougeâmes pas jusqu'au petit matin, occupés à nous faire des confidences; mais épuisée, Névéïa finit par s'endormir sur mon épaule.
Au fil des jours, Névéïa et moi avions appris à nous connaître, et un lien s'était tissé, devenu solide avec le temps.
J'étais devenu son plus intime confident, et son meilleur ami. Nous nous disions tout, nous nous soutenions, pour le meilleur et pour le pire. Solen était aussi devenu notre ami à tous les deux. D'ailleurs, son fils avait réussi son examen grâce à son père qui l'avait bien aidé.
Malgré tous nos efforts pour que Névéïa ne se marie pas avec le Prince, elle en fut tout de même obligée, si bien qu'elle vida toutes les larmes de son corps sur mon épaule tant elle était malheureuse durant de longues heures, où je lui caressai la tête d'un geste rassurant, assis à ses côtés.
Cette amitié nous avait fait pousser des ailes, nous étions maintenant épanouis et possédions une paire d'ailes blanches comme la neige pour Névéïa et noires comme la nuit pour moi.
Névéïa n'était donc pas si exaspérante et si hautaine qu'elle le laissait porter à croire. Il fallait qu'on veuille se donner la peine de la connaître et de lui faire confiance.
Les étoiles, comme toujours, m'avaient porté un message qui s'était révélé véridique. Elles sont les plus fiables de ce monde, honnêtes ; même si elles n'appartiennent pas à la Terre mais à un monde sûrement idyllique, qui aujourd'hui est devenu le nôtre à tous les deux.