8
Elle avait maintenant les deux pieds sur un des livres du chemin, et elle tenait encore fermement la clé dorée entre ses mains. Lucy ne comptait pas rester longtemps là, elle voulait juste être certaine que ce paysage n’était pas une illusion ; et ce n’en était pas une. Sans trop s’éloigner elle fit quelque pas en avant.
Le sentier littéraire était bordé des racines tortueuses de divers arbres, aux couleurs chatoyantes de l’automne. Le sol de la forêt était recouvert d’un épais tapis de feuilles rouges et or, mais aucunes d’entre elles ne s’étaient posées sur le chemin, qui se perdait dans les méandres de ce bois. C’était étrangement silencieux, seul le bruissement des feuilles dans le vent venait perturber ce silence d’or. L’air sentait la mousse et l’humidité, le froid se faisait déjà bien ressentir pour une fin d’après midi d’automne.
Lucy s’apprêtait à revenir sur ses pas, elle ne souhaitait pas s’attarder plus ici. Et puis, elle pourrait toujours revenir une autre fois. Cette forêt était splendide, mais quelque chose titillait l’esprit de la jeune fille. Elle ne saurait en expliquer la raison, mais l’endroit lui paraissait étrange, il semblait cacher quelques secrets que Lucy ne souhaitait pas apprendre tout de suite. Des secrets qu’elles ne devait pas apprendre tout de suite, mais que, malgré tout, elle découvrirait bien assez tôt…
Elle fit volte face, prête à retourner dans sa bibliothèque. Mais elle se pétrifia soudainement. Devant elle, la route s’étendait à perte de vue. Plus aucune trace de la bibliothèque. Elle avait disparue.
Lucy fit de nouveau un tour sur elle-même, très lentement. Elle était stupéfaite. Et terrifiée. Son esprit semblait ne plus fonctionner. Tout son corps était en pause, sous le choc. Derrière elle, devant elle, sur les côtés… La bibliothèque n’était plus là. Elle s’était volatilisée. Plus aucuns doutes n’étaient permis, Lucy n’avait pas pu se perdre, elle n’avait fait que quelques pas...
Elle tomba à genoux, et se prit la tête entre les mains. Elle aurait voulu crier, pleurer, elle aurait voulu être auprès de sa grand-mère à cet instant, elle l’aurait consolée…
Mais aucune larme ne vint. Lucy avait peur. Elle était perdue, jamais la jeune fille ne s’était retrouvée dans une telle situation. Elle était seule, n’avait pratiquement rien sur elle, et la nuit ne tarderait pas à tomber.
Elle ne pouvait pas non plus passer la nuit ici, Noa, déesse de l’automne avait décidé que cet automne serait rude. Et l’hiver s’annonçait plus dur encore.
Lucy restait donc là, à attendre que les larmes lui viennent, ou qu’une idée lui passe par la tête. Et enfin, après de longues minutes, elle se releva.
Elle se mit à marcher, sans trop réfléchir, tout droit sur le chemin, tandis que le soleil déclinait rapidement. Elle n’avait plus aucunes pensées, le chemin semblait interminable. Quand une idée, qui pourrait peut-être l’aider, lui vint à l’esprit.
Elle aurait du y penser plus tôt, mais elle pouvait questionner les arbres !