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A votre avis, qui est l'Ange d'or ?

* Syliah ( la linève que Bôh déteste )
1
6%
* Siniah ( la linève qui est tombé amoureuse de Dastel )
4
24%
* Marah ( la mère de Saja )
1
6%
* Dastel
2
12%
* Déca
0
Aucun vote
* Bôh
2
12%
* Barbarian
2
12%
* Khargo
1
6%
* le père de Saja
2
12%
* un autre linéf de ce clan ou d'un clan autre
2
12%
 
Nombre total de votes : 17

Messagepar keranne » 20 Jan 2015 20:44

Attention ! Vous allez quitter Gothicat World pour une autre planète, nommée Gaïl. Êtes-vous vraiment prêt à faire le voyage ? Êtes-vous prêts à rencontrer des linéfs, de superbes félins dotés d'ailes ?
Si oui, c'est parti pour le voyage ! Si non, bonne continuation sur Gothicat World ^^


Si jamais vous avez réussi à tout lire et que vous en voulez toujours plus, n’hésitez pas à poster dans les commentaires pour avoir la suite ;)

Visuel des personnages ( à imaginer avec des ailes):

Siniah - à prononcer "ssinnya"
Spoiler: show
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Sajah - à prononcer "saja"
Spoiler: show
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Un immense merci à Epona pour ce magnifique chef d'oeuvre !
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Macho - à prononcer "ma-choo"
Spoiler: show
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Un immense merci à Epona pour ce magnifique chef d'oeuvre !
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Marah - à prononcer "mara"
Spoiler: show
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Dastel - à prononcer "dastel"
Spoiler: show
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Déca - à prononcer "déca"
Spoiler: show
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Bôh - à prononcer "bo"
Spoiler: show
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Barbarian - à prononcer "barbaryan"
Spoiler: show
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Khargo - à prononcer "cargo"
Spoiler: show
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Zina - à prononcer "zina"
Spoiler: show
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Un immense merci à Epona pour ce magnifique chef d'oeuvre !
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Rarisk - à prononcer "rarisque"
Spoiler: show
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Le Kerrydex !
Je suis en deuil, désolé d'avance si j'ai moins de patience ou si je parle plus rudement que d'habitude. Je ne suis pas en colère contre vous, je suis juste triste. J'essaierai de faire attention, mais si ça arrive, merci de votre compréhension.





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keranne
 
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Messagepar keranne » 20 Jan 2015 20:58

L'Histoire :


Prologue :

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« Les Grognards sont de plus en plus aventureux en ce moment. C’est une très mauvaise nouvelle pour nous autres Linéfs. Ils commencent à quitter leurs forêts pour s’avancer dans nos montagnes. C’est la première fois de mémoire de Linéfs que cette situation arrive. Si les Grognards parviennent jusqu’aux hauteurs, où pourrons-nous nous cacher de leurs crocs et de leurs immenses griffes ? Il n’y a même pas une semaine, un Linéf s’est sacrifié pour sauver une portée de lineveaux. Combien de temps encore devrons-nous supporter que nos femmes et nos enfants disparaissent les uns après les autres ?
-Du calme, du calme. Réfléchissons avant de se précipiter gorge offerte. En premier lieu, nous devons comprendre pourquoi ils montent dans les hauteurs, avant de…
-Et quand on aura trouvé la cause, nos femmes et nos enfants seront déjà morts ! Tu t’en fiche bien, toi, tu n’es qu’un célibataire.
-Comment oses-tu ? Ma sœur est morte pour protéger ton oncle, alors que tu n’étais même pas sorti de la tanière. »
Les deux linéf feulèrent, crocs découverts et ailes à demi-déployées en mode d’attaque.
« Arrêtez cela immédiatement ! »
Les deux linéfs replièrent leurs ailes, mais les poils de leur échine étaient toujours hérissés, et on sentait un sombre grognement dans leurs gorges.
« Ce n’est pas le moment de se disputer de façon aussi puérile. En ces temps durs, il nous faut rester soudé. Les autres clans n’attendent qu’un faux-pas de notre part pour nous contrôler. Nous devons faire face, quoiqu’il advienne. Et je refuse que nos chasseurs prennent le risque de s’aventurer seuls dans la forêt tant que les Grognards seront aussi agressifs. Ils seront accompagnés de guerriers. »
Des miaulements et des rugissements de protestation se firent entendre, mais l’immense mâle à la crinière noire les fit taire en déployant ses courtes ailes noires et flammes.
« Ma décision a été prise, cela sera tout. »


Bôh : Premier chapitre

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Bôh s’ébouriffa sa petite crinière quand le groupe de filles passa devant lui, et afficha son sourire le plus charmeur. Puis il chuchota à un de ses amis :
« Ca va, c’est bon ? Je suis assez beau ? »
Dastel soupira, puis lui répondit :
« Oui. De toute façon, tu ne peux qu’être Bôh. » termina-t-il avec un ricanement.
Bôh lui sourit en réponse, puis il regarda les membres de sa bande, et se dit qu’il ne pourrait jamais trouver de meilleurs amis, et un groupe plus soudé. Ils étaient l’élite de leur meute, d’ailleurs Barbarian allait bientôt être lieutenant, c’est ce que tout le monde disait. Le vieux lieutenant avait été blessé par un Grognard, il ne mettrait plus longtemps à être démis de ses fonctions.
Les filles passèrent en pouffant de rire devant lui, tout en jetant quelques regards en coin au groupe d’amis. Quelques-unes le regardèrent avec un grand sourire, mais ce n’était pas celles-là qui l’intéressaient. Lui, c’était de Siniah dont il était tombé amoureux. Siniah, une des seules qui ne le regardait pas, lui ou un de ses amis, avec des soupirs à fendre l’âme.
En effet, Bôh était sans conteste le plus joli Linéf de sa meute avec son pelage immaculé maculé de quelques tâches bleues claires du plus bel effet, mais c’était Barbarian le plus puissant, et qui dépassait tout le monde d’une bonne tête. C’était le neveu du chef, un des plus hauts placés. Il y avait aussi pas mal de regards vers Dastel, qui jouait le rôle du beau Linéf ténébreux, avec son pelage noir rayé d’or, et sa longue mèche rebelle.
Barbarian se leva et s’étira, sortant ses longues griffes noires et feu, et faisant jouer ses muscles pour impressionner le groupe, ce qui provoqua un tonnerre de petits cris du côté des femelles, et fit soupirer Siniah d’énervement.
Bôh en fut légèrement rassuré. Au moins, elle n’en avait pas après Barbarian. Mais pourquoi ne le regardait-elle pas ? Pouvait-elle être intéressée par Dastel ?
Il jeta un coup d’œil en direction du mâle sombre. Celui-ci tournait le dos au spectacle, il semblait presque dégoûté. Il prit soudain une décision, et se leva, s’éloignant. Des petits cris de protestation s’élevèrent à la sortie du beau ténébreux, mais Bôh remarqua que Siniah ne poussa pas de hauts cris.
Un point de moins pour Dastel. Mais… Quel était donc ce regard en coin dans la direction prise par Dastel ? Bôh se fit immédiatement soupçonneux. Allait-elle aller dans sa direction, le rejoindre secrètement ?
Son cœur battit plus rapidement encore quand il vit la belle linève tricolore se lever discrètement


Visuel des personnages. Dans l'ordre : Bôh, Dastel, Barbarian et Siniah
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Saja : Premier chapitre

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Ca y est, c’était leur première sortie ! Saja étendit ses petites ailes de lineveau et bondit vers l’extérieur, s’essayant déjà à voler. Mais ce ne fut qu’un saut normal, elle ne put planer comme elle le désirait. Sa déception fut cependant de courte durée, il y avait tellement de choses à voir, à sentir et à entendre à l’extérieur !
Emerveillée, elle resta quelques instants sur place. Son petit frère, Macho, en profita pour la dépasser et se précipiter dans l’herbe fraiche. A son tour, elle courut après lui, puis lui bondit dessus pour pouvoir toucher l’herbe la première. Mais Macho, comme à son habitude, riposta en lui mordant l’oreille, tout en lui mettant les griffes dans les yeux.
« Aouh ! » s’écria-t-elle. « Je t’ai déjà dit de faire attention avec tes griffes ! »
Son petit frère grogna, caricaturant la voix de sa sœur, mais il stoppa la bagarre qu’il avait commencée.
Saja se secoua, puis repartit à l’aventure, non sans jeter un coup d’œil derrière. Sa petite sœur venait tout juste de sortir de la tanière, comme d’habitude fourrée dans les poils de sa mère. Ses grands yeux marron clairs étaient écarquillés par la peur, comme si elle explorait la tanière d’un Grognard.
Pfff, c’est pas possible d’être aussi trouillarde ! Saja, quant à elle, vit un petit papillon rose et blanc, à quelques mètres de là. Immédiatement, elle se mit en chasse. Accroupie au sol, elle avança en essayant de faire le moins de bruit possible. Mais à chaque pas qu’elle faisait, elle avait l’impression de faire rouler des cailloux et de faire craquer toutes les feuilles du monde. Bien vite, elle renonça et courut après le papillon, qui s’envola. Elle sauta dans les airs, tout en agitant les ailes, et rata le papillon d’un poil.
Mais elle ne s’avouait pas vaincu. Elle continua de courir après le papillon bicolore, sautant par-dessus les paquets d’herbes et les cailloux, tout en gardant le regard braqué sur le papillon… Puis elle freina brusquement, mais ne s’arrêta pas à temps.
Paf ! Elle s’écrasa contre une masse de fourrure blanche. Un peu sonnée, elle se frotta la tête, tandis qu’une voix lui hurlait dans les oreilles.
« Sale boule de poils ! Tu ne pourrais pas faire attention au lieu de galoper n’importe où. »
La petite linéve se sentit rougir, mais elle ne perdit pas la face, regardant le grand linéf blanc droit dans ses yeux bleus clairs.
Celui-ci parût un instant surpris par l’assurance de la boule de poil qui lui faisait face, mais il sourit méchamment quand un autre mâle noir ajouta :
« Oh, un amuse-gueule ! J’adore les lineveaux bien dodus ! »
Saja feula, un peu moins rassurée. Elle savait qu’ils n’allaient pas la manger, mais elle n’aimait pas vraiment le ton qu’ils prenaient.
Heureusement, une voix très familière la protégea :
« Bôh ! Dastel ! Je n’en attendais pas moins de deux jeunes idiots dans votre genre. Saja n’est encore qu’une lineveau, je ne crois pas qu’elle soit un adversaire à votre taille.
Tu me déçois beaucoup, Bôh.
-Mais je… » tenta de se justifier le méchant linéf blanc.
-Tais-toi ! J’en parlerais à tes parents. »
Le visage du dénommé Bôh se renfrogna. Saja profita de son avantage pour lui tirer la langue, avant de partir rejoindre sa mère, la queue haute. Celle-ci soupira, prenant Macho dans la gueule et Zina dans les pattes. Elle déposa à nouveau son petit frère sur le sol, et lécha sa fille aînée.
« Saja, je t’ai déjà dit de faire attention ! Surtout avec ce groupe-là. Je te déconseille d’approcher de la bande de Barbarian, et surtout de Barbarian, m’as-tu compris ?
-Oui, maman, dit-elle en soupirant.
Pourquoi c’était elle qui avait droit à tous les reproches ? Elle n’avait pourtant pas fait de mal !
« Allez, la balade est terminée pour aujourd’hui. Tous dans la tanière !
-Déjà ? s’écria, surprise, Saja. Mais on est sorti pas même cinq minutes !
-C’est largement suffisant pour une première sortie, Saja ! »
La petite linève fit une moue boudeuse, mais elle entra tout de même à l’intérieur, en évitant adroitement le coup de griffe de son frère, qui pour changer, avait encore envie de se bagarrer.
Sa mère s’allongea sur le sol, et Zina commença aussitôt à téter. Saja avait elle aussi faim, mais elle voulait en savoir plus sur ces grands mâles qu’elle avait rencontrés.
-Maman ? demanda-t-elle en posant ses pattes aux bouts blancs sur l’épaule tachetée de sa mère.
C’est qui, Dastel et Bôh ? »
Celle-ci sourit, et lui lécha la tête, emmêlant les poils de sa mèche.
« Bôh est ton cousin, ma chérie. C’était un gentil linéf, avant qu’il ne vienne dans le groupe de Barbarian. Quant à Dastel… Il a toujours eu un méchant fond, je te déconseille fortement de le revoir. Essaye de l’éviter tant que c’est possible, c’est compris ? »
Saja hocha la tête, mais ne put s’empêcher de penser que si le mâle blanc, Bôh, était devenu méchant, alors, il pourrait redevenir gentil. C’est sur cette pensée qu’elle commença à téter, essayant de rester le plus éloigné possible de son bagarreur de frangin.


Visuel des personnages. Dans l'ordre : Marah, Sajah, Zina et Macho
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Un immense merci à Epona pour ce magnifique chef d'oeuvre ! Ouvrez-le en grand, ça vaut la peine ;)
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Bôh : Deuxième chapitre

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« Bôh ? »
La voix, douce et fluette, il aurait pu la reconnaître entre mille. Le cœur de Bôh bondit de joie, mais il ne put s’empêcher de s’exclamer bêtement :
« Siniah ?
-Oui, c’est moi. »
La belle linève s’avança, offrant à son regard son pelage beige constellée d’ocelles rouge et blanches ; son œil entouré de blanc tout comme son oreille…
Bôh la contempla sans rien dire, tandis qu’elle baissait les yeux, intimidée et rougissante.
« Je… J’ai quelque chose que je voudrais te confier. »
Etais-ce une façon de lui dire qu’elle l’aimait ? Le cœur de Bôh bondit follement dans sa poitrine, si fort qu’il avait peur qu’elle ne l’entende.
« J’aime quelqu’un en secret, mais je ne sais pas s’il m’aime. »
Oui, c’était cela ! Elle allait lui avouer qu’elle l’aimait, ils étaient faits l’un pour l’autre !
Siniah leva brusquement la tête, et lâcha d’un trait, regardant droit dans les yeux de Bôh.
« J’aime Dastel. »
Tous les espoirs de Bôh s’effondrèrent, et il baissa la tête, pour qu’elle ne voie pas ses larmes. Dastel ? Mais pourquoi lui ? Pourquoi cet avorton noirâtre ?
La haine et la rancœur de Bôh durent se lire sur son visage, car la pauvre Siniah recula d’un pas.
« Tu… tu m’aimes ? » demanda-t-elle de sa voix si douce.
Bôh releva la tête, la regardant de ses yeux ruisselants de larmes :
« Oui, je t’aime, et tu viens de m’annoncer que tu en aimes un autre. Pire encore, que tu aimes Dastel, mon meilleur ami ! »
Siniah recula encore, effrayée, puis elle s’envola d’un coup, laissant Bôh seul avec ses sentiments.

Bôh tournait en rond, non loin des Trois Pierres, un endroit que la plupart considéraient comme maudit. Bôh n’y croyait absolument pas, et cela l’arrangeait bien que l’endroit soit pensé maudit, car comme cela personne ne viendrait le déranger.
Il fulminait contre Siniah et Dastel. Qu’avait fait Dastel pour que Siniah tombe sous son charme ? Siniah était à lui, pour lui, pas pour ce crétin de Dastel. Mais ce crétin de Dastel était aussi son meilleur ami, et à la réflexion, il était incapable de lui en vouloir… Mais il ne pouvait pas non plus récriminer contre sa belle, contre la si gentille et si douce Siniah. Mais ça ne l’empêchait pas d’être en colère. Mais contre qui alors ? Contre qui ou quoi être en colère ?
Des bribes de voix l’interrompirent dans son monologue. Il tendit l’oreille, et décida d’aller voire qui c’était. C’était toujours mieux que de fulminer tout seul.
A sa grande stupéfaction, il découvrit cette sale peste de Syliah en compagnie de… du Der ? Quel besoin avait-elle de parler au linéf le plus bas dans la hiérarchie du clan ?
Il avança dans leur direction, ne cachant pas sa présence et le profond dégoût qu’ils lui inspiraient. A son arrivée, les deux félins se turent.
Syliah lui jeta un regard froid, qui accentua la hargne qu’il portait en lui. Les paroles venimeuses sortirent d’elles-mêmes, il n’eut même pas besoin de réfléchir :
« Comment oses-tu traîner avec ce déchet ? Et encore plus lui parler ! Ne crains-tu pas de devenir aussi délirante que lui ? En tout cas, une chose est sûre, tu me répugnes ! Je ne savais pas que tu pouvais tomber si bas…
-Ce déchet, lui au moins, à un cœur ! rétorqua-t-elle brusquement avant de s’éloigner. D’un petit mouvement de sa queue souple, elle fit signe à Khargo de l’accompagner. Le linéf fou tira la langue à Bôh, avant de la suivre.
L’attitude puérile de Khargo ne fit que renforcer son propre sentiment d’enfant gâté. Il se mit à réfléchir à son trait, et fit surpris de trouver qu’elle avait raison. En insultant Khargo, il avait été choqué de son regard blessé, qui avait bientôt disparu. Khargo semblait avoir un cœur. Alors que lui, qu’avait-il dans le cœur ? Tout ce qu’il avait été capable de faire, c’était de les insulter alors qu’ils ne le méritaient probablement pas, et de la façon la plus gamine qu’il soit. Il aurait bien voulu essayer de se faire pardonner, mais il n’avait aucune idée de comment le faire. Et de toute façon, aurait-il la force de revenir vers elle s’excuser ? Probablement pas.
Il pensa à nouveau à Dastel et Siniah, et son cœur se serra. Il savait ce qui lui restait à faire. Il soupira, puis se mit en quête de son meilleur ami.


Visuel de Khargo :
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Bôh : Troisième chapitre
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Bôh se dirigeait vers la réserve de nourriture, en quête de quelque chose à manger, quand une boule de poil vint s’arrêter devant lui. C’était encore cette petite peste dont il n’arrivait pas à se souvenir le nom. Un truc qui terminait par A, et qui commençait peut-être par un R, ou alors un S ?
« Pourquoi t’es méchant ? »
La question le prit de court. Les gamins avaient de ces façons de questionner les adultes ! Celle-là était vraiment mal éduquée. Mais il lui répondit tout de même, par politesse. Même lui pouvait être poli avec un gamin, malgré ce que les autres pouvaient dire.
« Je ne suis pas méchant.
-Alors si t’es pas méchant, pourquoi tu te comportes comme un méchant ?
- Je ne…
-Tout le monde dit que tu es méchant, autour de moi. Il y a bien une raison, non ? »
Son impertinence alluma une lueur d’amusement dans ses yeux bleus pâles. Il hérissa légèrement ses poils et sortit ses griffes, en lui disant :
« Ah ouais ? Tu veux savoir pourquoi on dit que je suis méchant ? »
Bôh n’eut que le temps de sentir venir le gloussement de rire de la petite, avant qu’un linéf se pose au-dessus d’elle, ailes déployées en position de défense. Surpris, Bôh recula d’un pas, rentrant les griffes.
« Ne menace plus jamais cet enfant, ou il t’en coûtera, jeune impertinent ! »
Le linéf au pelage quasi-immaculé feula de colère, mais il s’éloigna, et s’envola.


Sajah : Deuxième chapitre
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Saja sortie de la tanière la queue dressée, Macho sur ses talons et Zina les suivant timidement. A peine la jeune linève fit-elle quelques pas dehors, qu’elle étendit ses ailes et se mit à courir, essayant de voler. Marah sourit, mais lui dit :
« Saja, tu sais très bien que tu es encore trop jeune pour voler !
- M’en fiche ! Je veux être la plus jeune linève de toute l’Histoire des linèfs à savoir voler ! »
Marah éclata de rire, ce qui fit presque sursauter Zina. Macho soupira en voyant le sursaut de sa jeune sœur, et lui donna un coup de patte dans les côtes, murmurant : « Sale chochote ! »
Marah ne sembla pas entendre, mais elle regarda son fils d’un mauvais œil qui suffit à le faire s’excuser auprès de sa sœur. Saja en avait profité pour s’éloigner un peu. Elle remarqua un buisson qui bougeait et s’approcha, curieuse. Qu’est-ce qui pouvait bien y avoir derrière ? Elle le regarda, commençant à imaginer : un petit écureuil, ou bien un oiseau ? A moins que ce ne soit un jeune d’antilope savoureux. Ou non, un gigantesque Grognard, prêt à ne faire qu’une bouchée d’elle !
A cette idée, ses poils se hérissèrent, et elle recula d’un pas. C’est à ce moment que la créature surgit du buisson…
Saja poussa un cri de frayeur, mais apparemment, ce fut l’étrange linéf qui eut encore plus peur d’elle, car lui aussi poussa un cri de frayeur, et se cacha les yeux et les oreilles derrière ses pattes, tremblant de peur. Saja éclata de rire en voyant ce linéf qui devait bien faire trois fois sa taille trembler ainsi. Il avait une apparence décidément bizarre, semblant grand sur patte, avec un pelage violet étincelant orné de rayures jaunes qui faisaient mal aux yeux. Avec des couleurs aussi criardes, il devait être un bien piètre chasseur ! Saja lui tourna autour, l’examinant sous toutes ses coutures, et remarqua rapidement sa queue originale, dotée de longues plumes jaune et violettes. Intriguée, elle en toucha une, et le linéf sursauta, avant de se remettre à trembler de tous ses membres. C’est seulement alors qu’elle remarqua ce qui aurait dû lui sauter aux yeux. Ce linéf n’avait pas d’ailes ! Ou du moins, elles étaient si atrophiées qu’elles disparaissaient sous ses poils.
« Tu dois être Khargo, le Der. » murmura-t-elle pour elle-même.
Puis, pris d’une inspiration subite, elle sauta sur place, déployant ses ailes en criant « Bouh ! »
L’étrange linéf hurla de frayeur, puis s’enfuit à toutes pattes, hurlant à tue-tête :
« Au secours ! Khargo est attaqué par une boule de poil ! Sauvez Khargo, par pitié ! »
En éclatant de rire, elle se lança à sa poursuite. Khargo, dans sa fuite éperdue, se dirigea droit vers Marah et ses deux frères et sœurs.
Quand il se rendit compte qu’il courrait vers d’autres lineveaux, il freina immédiatement, créant un nuage de poussière, et s’exclama :
« Ah ! D’autres boules de poils ! Au secours ! »
Il voulut s’enfuir de l’autre côté, mais Saja était déjà là, lui coupant toute retraite, et lui bondit dessus, le faisant tomber. Posée sur son ventre, elle se mit à le mordiller, pendant que le linéf se débattait, hurlant à tue-tête :
« Au secours ! Aidez-moi ! Khargo se fait tuer par une boule de poils ! »
Macho, avec un éclat de rire, sauta sur le linéf fou, lui plantant ses crocs dans la cuisse. Même la timide et peureuse Zina s’y mit, attrapant la queue du Der et s’y cramponnant, pendant que Khargo continuait ses hurlements.
«Au secours ! Je vais mourir ! Des boules de poils m’agressent ! Je me meurs !»
Malgré le poids des lineveaux, il se leva, et faisant une parfaite caricature du linéf mourant, il vacilla sur ses pattes, poussant des grognements surréalistes et tirant exagérément la langue, avant de s’effondrer dans un dernier râle à mourir de rire. Quand il se fut enfin couché et eut poussé son dernier souffle, les trois lineveaux lui sautèrent dessus en riant, et la petite Zina cria joyeusement : « On a vaincu le monstre ! »
Avec un sourire plein de tendresse, Marah s’approcha des trois enfants et commença à leur distribuer coups de langue et de museau, les dirigeant vers la tanière. Saja protesta énergiquement, tandis que Zina semblait sur le point de pleurer, murmurant qu’elle voulait rester avec son « trophée-doudou » Mais finalement, ils durent repartir, et, de mauvais cœur, Saja se détourna de cet étrange linéf. Quand sa mère eut bien vérifié qu’ils étaient en chemin vers la tanière, elle se retourna. Saja, curieuse, se retourna elle aussi, pour voir ce que Marah faisait.
Celle-ci léchouilla la joue du Der en lui disant « merci » Khargo se redressa sur ses quatre pattes, et s’exclama, semblant outragé :
« Merci ? Merci ! Elle me dit merci du fait que Khargo a failli mourir, harcelé par des boules de poils ! Et Khargo serait mort s’il n’avait pas été assez intelligent pour faire le mort ! Et elle dit merci à Khargo, alors qu’elle n’a rien fait pour le sauver ! »
Le linéf fou se détourna brusquement, la tête haute et l’air outré, déployant sa queue de plume pour mieux marquer son mépris. Il jeta un coup d’œil derrière lui, pour une raison quelconque, et vit Saja qui l’observait. Avec un cri de frayeur, il s’écria : « Elle me regarde ! La boule de poils me regarde ! » et il s’enfuit de toute la force de ses pattes. Saja éclata une nouvelle fois de rire, avant de rentrer dans la tanière. Il y avait décidément des linéfs étranges, dans la Meute, mais ce Khargo était le plus étrange de tous !


Bôh : Quatrième chapitre
Spoiler: show
Bôh se posa juste devant Dastel, qui était en train de dévorer à pleine dents une cuisse d’antilope, suscitant des commentaires émerveillés de deux linèves à proximité, qui se remirent à chuchoter de plus belle à l’arrivée du beau linef immaculé.
« Je dois te parler, Dastel. Et en privé, pas devant ces pintades gloussantes. » termina-t-il en faisant un geste de l’aile vers les deux femelles. L’une d’elle faillit s’évanouir d’avoir été montré de l’aile par Bôh. Le linéf blanc roula des yeux en soupirant. Dastel eut un de ces sourires en coin ironique dont il avait le secret.
« Suis-moi, tombeur de ces dames. »
Bôh secoua la tête, mais un sourire lui vint aux lèvres. Comment pourrait-il un jour lui en vouloir ?
Les deux linéfs s’envolèrent, et trouvèrent un coin tranquille pour parler calmement, une petite grotte sombre cachée par la végétation.
Ecartant les lianes et les branchages d’une longue aile fine et noire, Dastel lui fit signe d’entrer, faisant semblant de s’incliner. « Mon beau Prince, je vous en prie, passez le premier dans votre royal palace! »
Bôh éclata de rire et entra. L’endroit était sombre, humide et répugnant, mais au moins personne ne devrait les déranger. Le linéf blanc prit une profonde inspiration, ne sachant pas comment dire ce qu’il avait dire.
« On dirait que tu as un os de Grognard coincé dans le gésier !
- J’ai moi aussi cette impression. » répondit Bôh en faisant la grimace. « Alors voilà ce qui se passe : Siniah est venue me voir…
- Génial ! Tu attendais ce moment depuis un bon bout de temps, hein ? Eh bien, qu’est-ce que je te disais, c’est enfin arrivé ! »
Il se mit à rire, mais Bôh avait presque l’impression que son rire était forcé. Bah, sûrement dû au fait que c’était lui-même qui était gêné.
« En fait, elle est venue me voir parce que… elle voulait que je te dises qu’elle t’aime.
- Quoi ??! » s’écria Dastel, déployant largement ses ailes sous le coup de la surprise, qu’il cogna contre les parois trop petites de la grotte. Avec un juron, il les replia.
« Ah bah, ça, pour une surprise ! Si je m’y attendais… »
Bôh poussa un soupir de désespoir, et s’allongea à même le sol, trop désespéré pour songer à protéger son pelage de l’humidité et de la terre. Il posa la tête sur ses pattes avant.
Dastel secoua la tête, semblant aussi désespéré que lui-même.
« On est dans une sacrée poisse, tous les deux.
- Tu l’as dit, Das’ ! »
Les deux mâles soupirèrent de concert.



Sajah : Troisième chapitre
Spoiler: show
Saja entrouvrit un œil. Marah, sa mère, était endormie. Elle tourna légèrement la tête. Macho dormait encore, et Zina… Zina tétait. Si elle sortait maintenant, personne ne sera au courant, non ? Zina n’en parlerait pas, et de toute façon, et les autres étaient endormis… Tout doucement, elle se leva, et Macho bougeant dans son sommeil, s’immobilisa, le cœur battant. Mais Zina continua à téter, et Macho à dormir. Elle laissa échapper un petit soupir de soulagement, puis continua sa démarche silencieuse jusqu’à ce qu’elle atteigne l’extérieur. Alors, elle poussa un petit cri de joie, et courut à toute allure, étendant ses ailes. Avec un nouveau cri de joie, elle sauta et battit des ailes. L’espace d’un instant, elle vola. Stupéfaite, elle se réceptionna mal et tomba lourdement dans la poussière. Ce qui n’atténua nullement son enthousiasme. Elle secoua la tête, n’en croyant pas ses yeux et ses vibrisses. Cela avait été tellement beau, tellement soudain, tellement…
Sans attendre, elle se mit à nouveau à courir, et sauta à nouveau, battant vigoureusement des ailes, et réussit à se stabiliser quelques instants avant de retomber à nouveau au sol. Une troisième fois, elle retenta l’expérience, et réussit à planer sur quelques mètres. Folle de joie et impatiente d’expérimenter un véritable vol, sans réfléchir, elle s’avança au bord d’une falaise, regardant dans le vide. Elle en était capable, non ? Elle avait déjà réussi à le faire sur terre, alors elle pouvait le faire dans le vide, non ?
Elle s’élança dans le vide, battant vigoureusement des ailes. Ce fut merveilleux. Sentir le vent contre ses vibrisses, faire vibrer chaque poil de son corps, l’air contre ses larges ailes…
Elle s’arrêta un instant de battre des ailes… et tomba en chute libre. Avec un cri d’épouvante, elle battit à nouveau des ailes, de toute sa force. Elle réussit à se maintenir sur place, mais ne s’éleva pas pour autant dans les airs. Elle hurla :
« A l’aide, au secours ! » mais personne ne répondit. Tout en s’efforçant de continuer à battre des ailes pour ne pas tomber, elle observa les alentours. Personne. Il n’y avait personne. Elle s’était bien trop éloignée des clairières. Pire encore, elle était du côté des Trois pierres, là où les linéfs n’allaient jamais.
« Au secours ! » hurla-t-elle de toute la force de ses poumons. Ne lui répondit que le silence et le bruit du vent, qui lui chatouillait les vibrisses. Les larmes lui vinrent aux yeux. Elle s’épuisait trop rapidement, et pour rien. Elle replia les ailes, et tomba en chute libre. Les arbres de la forêt se rapprochèrent à toute allure d’elle, engloutissant son champ de vision, allant bientôt l’engloutir elle-même… Elle déploya à nouveau ses ailes, hurlant : « Noonnn ! »
Non, ce n’était pas pour elle l’heure de mourir ! A nouveau, elle battit des ailes. Elle avait mal dans tous les muscles de ses ailes, jusqu’aux plumes des rémiges, mais elle refusait d’abandonner tant qu’elle n’aura pas tout essayé, tant que ses ailes auront encore la force de battre.
Doucement, elle s’efforça d’aller en avant, de battre des ailes vers l’avant. Cela ne servit à rien, à part la faire chuter de quelques mètres, lui faisant perdre son équilibre, et la rapprochant des arbres, et de la mort cruelle qui l’y attendait. Un pli barra son front. Il fallait qu’elle le fasse ! Cette fois-ci, ce ne fut pas ses ailes qu’elle pencha vers l’avant, mais son corps. Et cela marchait ! Ou du moins, elle eut l’impression de progresser vers l’avant, mais seulement millimètres par millimètres.
C’était déjà mieux que rien. Ses ailes se mirent à la lancer plus que jamais, au point qu’elle redouta d’avoir une crampe. Ce serait la fin de tout !
Elle continua d’avancer, centimètres par centimètres, jusqu’à ce qu’elle soit réellement à bout de forces. Ca y est, elle n’en pouvait vraiment plus. C’était la fin. Les yeux plein de larmes, elle murmura : « Désolé, Maman. Je t’aime, toi et même cet idiot de Macho, et même Zina ! »
Elle lâcha prise. Elle se sentit tomber et ferma ses yeux larmoyants. C’était la fin. Et soudain, tout s’arrêta. La sensation du chute disparut. Au contraire, elle se sentait monter, monter… Elle rouvrit les yeux et poussa un cri de stupeur. Elle était en train de voler, droit sur les Trois Pierres ! Pourtant, ses ailes étaient trop fatiguées pour bouger. Elle regarda à droite et à gauche d’elle. Des ailes immenses, qui semblaient couvrir le ciel tout entier, s’agitaient au-dessus d’elle. Et de chaque côté d’elle, elle sentait des pattes puissantes la tenir fermement. Un ange, elle avait été sauvée par un ange.
Elle regarda les ailes battre de haut en bas, sans aucun effort. Elles étaient jaunes. Non, pas exactement jaunes, mais plutôt comme si elles étaient couvertes d’or. Un ange d’or, c’était un ange d’or qui la sauvait ! En quelques minutes, l’ange la ramena sur la terre ferme, puis s’éclipsa aussitôt, sans un mot. Elle se tourna aussitôt pour voire son pelage, savoir qui il était… Mais il avait bondit de la falaise. Elle se précipita, se penchant dangereusement, mais il semblait avoir déjà disparu. Elle eut un soupir de désappointement, et regarda autour d’elle. A quelques mètres de là, une linève la regardait fixement, semblant ne pas en croire ses yeux.
Saja s’écria, surexcitée :
« Toi aussi, tu l’as vue ?! C’est l’ange d’or ! Il m’a sauvée la vie ! »
La linève bleue clair au pelage constellé de tâches bleues plus claires encore hocha doucement la tête.
« Oui, je l’ai vue. C’est un véritable ange… »
Elle aussi semblait ne pas en revenir de ce qu’elle avait vue.


Inter-chapitre : Rarisk, le chef de clan
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« J’ai besoin de toi. Je veux que tu sois mes yeux et mes oreilles. »
Le linéf aux ailes d’or hocha la tête.
« Je veux que tu surveilles pour moi Bôh.
-Quoi ? Mais ce n’est qu’un…
-Abruti doublé d’un narcissique, je sais. Mais il y a tout de même chez lui… quelque chose… Je crois qu’il peut devenir meilleur qu’il est. Après tout, sa famille n’était pas si mauvaise, auparavant. Quant à moi, tu sais très bien que je dois essayer de réguler mon neveu, Barbarian.
Et pour Dastel… Je lui ais réserver une petite surprise qui devrait le faire rentrer rapidement dans les rangs !
Ce trio est notre relève. Chacun d’eux est beaucoup plus que ce qu’il croit être. La Force, le Courage, l’Intelligence... Mais elles sont mal exploitées. A nous de les réemployer correctement.
-Vous n’avez personne d’autre de confiance pour…
-Non, Ange d’or. »
Le deuxième linéf grimaça, comme s’il n’aimait pas ce surnom.
Le chef sourit, amusé.
« C’est pourtant ainsi que t’ont renommés ceux de ton propre clan, suite à ton exploit d’hier. » Mon son museau ne fut bientôt plus éclairé par son sourire. Son air devient de nouveau grave.
« Il n’y a que toi en qui j’ai réellement confiance. Il suffit de voir les rejetons des grandes familles pour comprendre ce qu’elles sont devenues. Barbarian, Bôh, Dastel et ses deux frères et sœurs, Inar et Zaril. Les trois familles les plus influentes du clan sont à présent corrompues jusqu’à la moelle. Les seuls en qui je pourrais encore avoir confiance sont Taran et Marah, mais Marah doit s’occuper de ses enfants, et Taran a la lourde charge de veiller sur sa famille en plus de son petit frère malade. Je ne peux pas leur demander en plus de surveiller Dastel. De toute façon, la famille de Dastel a toujours été ainsi : arrogante, beaucoup trop sûre d’elle…
-Et ambitieuse. Oh oui, je ne le sais que trop bien. Mais nous avons quand même de l’espoir. Saja…
-Saja vient tout juste de sortir de sa tanière. Et tout ce qu’elle a trouvée de mieux à faire, c’est de se frotter à Bôh et Dastel – Llassah Merci, Barbarian n’était pas là ! –
Et deux jours plus tard, elle s’est mise en tête qu’elle pouvait voler – A peine sortie de sa tanière ! – cette petite…
-Est encore jeune, mais tu ne l’a pas vue essayer de voler. Ses ailes sont larges et incroyablement puissantes, c’est la linève la plus douée que je n’ai jamais vue en vol ! Et son courage est sans faille. Son cœur est pur et intact, c’est un des meilleurs éléments que nous ayons.
-Mais elle est trop jeune. » Son ton était définitif, sans appel. « Elle est jeune, naïve et impulsive. Il faudra attendre qu’elle acquière un peu de sagesse avant de pouvoir en faire quoi que ce soit.
Allez, va à présent ! Sois mes yeux, mes oreilles et mes ailes ! »
L’ange d’or s’inclina, puis s’envola, s’éloignant grâce à ses immenses ailes qui semblaient pouvoir recouvrir le ciel lui-même.

Visuel de Rarisk :
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Déca : Premier chapitre
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Déca se demandait de quoi avait l'air ce jeune dur à cuir qui devait se présenter devant elle. Rarisk lui avait seulement dit qu'il s'agissait d'un certain Dastel, fils de Nazur, aussi beau qu'un démon et à l'âme toute aussi noire. Rarisk lui avait encore fait une scène pour qu'elle accepte de s'occuper ce jeune énergumène. Ça l'amusait bien de voire le Grand Rarisk s'incliner devant elle, pauvre petite créature rachitique à demi-aveugle.
Ce Dastel était-il aussi horrible que tout le monde le disait ?
Si oui, cela allait être amusant à voire... Elle allait se faire un plaisir de ramener cet idiot à sa place.
Un froissement d'aile qu'on referme, puis un bruit de patte de velours lui vint à l'oreille droite, qu'elle orienta pour mieux entendre.
Ce n'était certainement pas ce vieux bouc de Richer, ni un des autres radoteurs qui la faisait crever d'ennui. Non, la démarche était plus légère, plus douce, mais pas celle d'une femelle pour autant. Celle d'un jeune mâle fier de lui et qui essayait de se rendre gracieux. Parfait, un petit paon à rabaisser.
Le bruit de pas s'arrêta, et elle entendit un soupir de mépris qui se voulait discret, mais qui résonnait comme le souffle d'une tempête à ses oreilles exercées. Elle en remua les vibrisses d'amusement.
" Approche-toi, que je puisse voire ta petite face de paon.
-Ma face de paon ? " répéta-t-il, légèrement surpris. Il poussa un grognement, et répondit :
« Si ça peut faire plaisir à Madame.
- Peuh ! Je t'apprendrais à respecter un peu plus tes aînés, blanc-bec.
-Et moi à ne pas sous-estimer la puissance de la jeunesse, mère-grand. »
Dastel se rapprocha d'elle, et leurs regards se croisèrent. Dastel était aussi beau qu’il prétendait être et que tout le monde disait, avec un pelage d’un noir profond traversées de rayures d’un jaune d’or, le museau à demi caché par une gigantesque mèche qui mettait son œil vert clair en valeur. Déca avait du mal à garder son sérieux face au mépris affiché par le jeune linéf, et qu’elle sentait feint. L'air indigné de Dastel céda bientôt la place à un fou rire, et ils commencèrent à pouffer de rire comme des gamins.
"Ainsi, c'est toi le morveux qu'on a forcé à s'occuper de la vieille chouette que je suis.
-Le morveux est véritablement honoré de servir une vieille chouette tel que vous." répondit-il avec un sourire ironique et méprisant qui déforma ses belles lèvres noires.
Déca éclata de rire, de ce rire qu'elle haïssait, déformé lui aussi par l'âge et son affaiblissement progressif. A chaque fois qu'elle riait ainsi, les gens qui ne la connaissaient pas...
" Je suis désolé, je ne voulais pas... Que faut-il que je fasse ?"
Déca s'arrêta brusquement de rire et répondit d'un bloc :
"Rien du tout, je vais très bien. Eh bien sûr que tu le voulais. Je t'ordonne de rester tel que tu es. Cela faisait des années que quelqu'un ne m'avait pas fait rire ainsi."
Le jeunôt leva un sourcil interloqué, puis ce petit sourire cynique lui revint, et il eut un bref éclat de rire, avant de retrouver son formalisme apparent.
"Que faut-il que je fasse pour vos désirs, honorable vieille chouette ? "fit-il en s'inclinant.
Déca se força à ne pas sourire, mais ce fut très dur. Elle allait bien s'amuser durant les semaines à venir.
-Tu oses me parler sur ce ton, le gamin ?" demanda-t-elle, contenant son sourire.
-Ouais, et c'est pas une vieille peau comme toi qui vas me faire changer !
-DASTEL !"
Déca entendit une patte déplacer de l'air, suivie de près par un choc sourd et un grognement de douleur.
"Awouah !" fit douloureusement Dastel. De ses yeux presque aveugle, elle devina qu'il se frottait la tête.
Marah était clairement énervée, et aussi légèrement stressée, pour une raison inconnue.
"C'est d'abord ma fille que tu menaces, et à présent tu insultes ma mère ! Tu n'es qu'un sale petit..."
Marah feula, puis s'envola. Déca l'imaginait parfaitement, furibonde au point qu'elle n'en trouvait plus ses mots. Déca croisa le regard de Dastel, et ils se mirent à nouveau à pouffer de rire de concert, malgré le fait que la joue de Dastel était à présent dotée de trois marques rouges.


Visuel de Déca :
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Saja : Quatrième chapitre
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Saja entrouvrit un œil, plus prudente que jamais. Tout le monde était endormi. Elle se leva, marchant sur les coussinets avec une attention redoublée. Si jamais on la découvrait en train d’essayer de sortir en douce, on allait l’étriper ! Surtout qu’elle était interdite de sortie pendant une bonne semaine, à cause de l’incident avec l’Ange d’or… Elle n’était pas morte, alors où était le problème ?
Un bruit derrière elle la fit se retourner à la vitesse de l’éclair. Mais il n’y avait rien. Zina avait simplement dû se retourner pendant son sommeil. Elle sortit le plus discrètement possible de la tanière, et fut enfin à l’air libre. Là, elle inspira profondément l’air frais de la nuit. Qu’est-ce que ça faisait du bien d’être dehors, sans entrave !
Elle avança de quelques pas et une voix l’interrompit : « Je ne peux pas te laisser y aller toute seule, tu vas encore faire des bêtises, et cette fois-ci, tu vas vraiment te blesser ! »
Saja faillit hurler de frayeur.
« Tu ne… » commença-t-elle en se tournant vers Zina « Tu ne me dénoncera pas à Maman ?
-Bah non, pourquoi ? »
Saja soupira de soulagement.
« Et on va où ? J’espère qu’on ne vas pas aller trop loin, j’ai peur des Grognards, moi… Et puis on pourrait rencontrer un des méchants linéfs qui ont failli te faire du mal, ou pire encore, le Chef… »
A cette idée, le pelage entier de Zina se hérissa, la faisant tripler de volume, tandis que ses oreilles étaient si rabattues sur son crâne qu’on ne les voyait plus. Saja se mit à ronronner. Zina était énervante parce qu’elle avait peur de tout et de n’importe quoi, mais là, Saja ne pouvait s’empêcher de l’admirer. Elle qui était si trouillarde, elle affrontait toutes ses peurs pour essayer de la protéger, elle, Saja !
Saja se frotta contre elle en ronronnant de plus belle et lui murmura un merci on ne peut plus sincère.
« On va voir notre oncle Toram. Je veux le voir avant qu’on ne l’incinère ! Parce que c’est notre oncle, après tout, et que j’ai jamais pu le voir avant, il était trop malade. Et je te promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’on ne rencontre pas le chef ! »
Cela parut rassurer un peu Zina, car ses poils retombèrent légèrement. Elle faisait pourtant toujours le double de son volume habituel.
« Et tu es sûre qu’on ne craint rien à aller voir… un mort ?
- Que veux-tu qu’il nous fasse ? Il est mort après tout, il ne peut plus rien faire ! Et c’est juste pour jeter un coup d’œil, et après on repart directement dans la tanière. »
Zina hocha la tête, et ses poils retombèrent enfin.
Les deux lineveaux se mirent alors à marcher en direction de la Grotte des morts, située sur le plus haut pic de la montagne, pas très loin de leur tanière. De jour, il y avait en permanence un garde pour en surveiller l’entrée, et chasser les corbeaux et les autres charognards volants qui pourraient avoir envie de s’approcher des corps. Mais de nuit, il y avait strictement personne. A un moment donné, les deux lineveaux durent s’arrêter. Un gouffre énorme, d’un peu plus d’un mètre, leur barrait le chemin. Saja n’hésita pas. Elle recula de quelques pas, puis s’élança, bondissant de toute la force de ses pattes et battant énergiquement des ailes. Elle atterrit bien en sûreté à plus de quarante centimètres du gouffre. La petite linève tachetée se retourna, se demandant ce que faisait sa sœur. Celle-ci contemplait le gouffre, puis Saja, avec de grands yeux.
Zina secoua la tête, puis murmura, les larmes aux yeux.
« Mais je peux pas le faire, moi ! J’ai jamais appris à voler, je me suis jamais entraînée… Et puis, mes ailes ne sont pas aussi fortes et larges que les tiennes, et je suis plus petite, et… j’ai peur, Saja ! »
Saja s’approcha du gouffre et sourit gentiment à Zina. L’idée qu’elle puisse avoir peur du gouffre et qu’elle ne soit pas capable de sauter ne l’avait même pas effleurée, mais elle était cependant persuadée que sa petite sœur pouvait le faire.
« Ne t’inquiètes pas, c’est juste un tout petit trou de rien du tout ! Il te suffit de courir, de sauter et de battre tes ailes de toutes forces. Je sais que tu peux y arriver ! Je suis là, et je ne te laisserais jamais tomber, fais-moi confiance. »
Les yeux écarquillés, Zina hocha à nouveau la tête, puis s’avança d’un pas hésitant, contemplant le gouffre qui la séparait de Saja. Elle inspira profondément, recula d’un mètre, puis s’élança, fermant les yeux. Saja n’eut même pas besoin de la rattraper. Au contraire, elle dû reculer précipitamment pour éviter que Zina ne lui rentre dedans. Zina avait atterrit à plus d’un mètre du gouffre.
« Waouh ! » s’exclama le plus âgée « Tu as été extraordinaire ! J’ai jamais vu un saut aussi beau, on aurait dit que tu planais par magie ! C’était génial ! »
Zina rouvrit enfin les yeux, semblant étonnée de la distance qu’elle avait parcourue.
« J’ai… J’ai réussie ?
-Et comment ! Tu as sauté bien plus loin que moi, et avec beaucoup plus de facilité ! »
Zina éclata de rire.
« C’était juste un petit trou de rien du tout ! »
Saja hocha violemment la tête.
« Oui, juste un tout petit trou. Allez viens, je veux voire Toram avant que le soleil ne se lève ! »
Les deux petites linèves se précipitèrent, et arrivèrent en trombe dans la Grotte aux morts. L’enthousiasme de Saja se refroidit bientôt. Il y avait quelque chose dans cet atmosphère, un je ne sais quoi d’intimidant qui lui faisait se hérisser automatiquement les poils, comme si… comme si les esprits des morts l’observaient en ce moment même, avec leurs yeux vides et leurs pattes griffues. Elle regarda du coin de l’œil Zina, qui elle ne semblait pas avoir le même problème qu’elle. Au contraire, elle regardait la grotte avec de grands yeux émerveillés. Saja se gratta l’oreille de la patte arrière, gênée. D’habitude, c’était Zina qui avait peur de tout, et là, c’était elle-même qui avait peur, tandis que Zina ne craignait rien ! C’était complètement absurde ! Saja inspira, puis se mit à marcher plus en avant. Il y avait trois corps installés sur des tables de pierre, sur le ventre, la tête sagement posée sur les pattes avant et les ailes bien repliées. Elle étudia le premier corps et secoua la tête.
Ce n’était surement pas Toram, c’était une vieille linève au pelage blanc et noir.
Elle observa le deuxième corps et eut un sursaut de surprise. L’espace d’un instant, elle avait cru que c’était Macho… Il avait la même teinte de pelage, et quasiment les mêmes tâches. Elle s’approcha de son oncle, et posa les deux pattes avant sur la table basse en pierre, observant le visage familier surplombé d’une lourde et imposante frange noire. Il n’avait vraiment pas l’air mort, seulement endormi.
Saja lui murmura :
« Je suis désolé que tu sois mort, j’aurais vraiment voulu faire ta connaissance. J’aurais aimé pouvoir te connaître un peu mieux, jouer et parler avec toi. Je ne te connais pas, et pourtant, tu me manque déjà. »
La petite linève posa sa patte aux doigts blancs sur celle plus foncée, de son oncle. Il était si froid au toucher ! Par contre, son pelage était incroyablement doux, comme celui de Papa. Une autre patte aux bouts blancs se posa sur celle de Toram. Saja tourna la tête avec stupeur vers Zina, qui lui rendit son regard.
« Moi aussi, j’aurais voulu lui parler. »
Zina allait retirer sa patte quand elle eut un froncement de sourcils. Elle sembla frotter sa patte contre celle de Toram, puis bondit carrément sur la table ne pierre. Saja poussa un glapissement d’effroi.
« Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu vas mettre en colère les esprits des morts !
-Ca n’existe pas, les esprits des morts ! Et puis, on dirait que Toram a été recousu, comme s’il avait des blessures…
- Mais ça n’a pas de sens ! Toram est mort parce qu’il était malade ! »
Zina ne répondit pas, mais toucha leur oncle le long du cou, puis déclara :
« Toram n’est pas mort de maladie, il a été tué. Il a été recousu au niveau du cou, et on a mis des poils par-dessus, pour que sa blessure ne se voie pas. »
Zina sauta à nouveau au sol, et Saja fronça les sourcils, interloquée.
« Il faut qu’on le dise à Maman ! Et surtout à papa ! »
Zina secoua la tête, terrifiée, et ses poils se hérissèrent à nouveau.
« Non, c’est hors de question, c’est beaucoup trop dangereux ! Quelle a été la dernière personne auprès de Toram ? Papa ! C’est impossible qu’il n’ait pas vu ses blessures ! Imagine si c’est Papa le meurtrier ? Et maman, est-ce qu’elle est au courant ? Non, je refuse de leur en parler, s’ils ont fait ça à Toram, qui sait ce qu’ils peuvent faire à nous !
- Ne sois pas ridicule ! Je suis sûre que Maman n’a rien à voir avec ça. Elle nous aime, Zina !
- En tout cas, promets-moi de n’en parler ni à Papa, ni à Maman !
- Okay, je promets de ne pas leur en parler. On y va, maintenant ? »
Zina hocha la tête, toujours aussi peu rassurée, et les deux linèveaux se dirigèrent d’un pas rapide vers la sortie. Saja avait promis de ne pas en parler à ses parents, mais elle ne pouvait pas laisser ce meurtre impuni. Elle savait déjà à qui en parler…


Saja : Cinquième chapitre
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La petite linève châtain aux points noirs se posta devant le grand linéf blanc, l’air décidée.
« Il faut que je te parle en privé ! » déclara-t-elle, sûre d’elle.
Le linéf bailla crânement, et se retourna, l’ignorant superbement. A côté de lui, le linéf noir qui l’accompagnait en permanence eut un sourire ironique, et Saja remarqua avec horreur que non loin d’eux, il y avait une silhouette bien plus massive, qui se levait… c’était surement Barbarian ! Et Maman avait dit de ne surtout pas s’approcher de Barbarian !
Elle déglutit, puis prit son courage à deux pattes. Elle posa ses pattes sur l’épaule du linéf blanc, puis se mit à le secouer :
« Bôh, il faut absolument que je te parle, c’est hyper important ! »
Le mâle noir, d’un petit coup de patte, l’éloigna du linéf immaculé.
« Il dort, c’est plus important que tout ce que tu aura à lui dire. »
Saja tomba en arrière et roula sur elle-même, s’arrêtant sur les fesses, et la queue sur la tête. Même cela ne la découragea pas. Elle eut tôt fait de se remettre sur pattes et de repartir à la charge.
« Je m’en fiche, je dois lui parler ! C’est une question de vie ou de mort ! »
Elle n’avait pas remarqué que Barbarian s’était approché, et se tenait à présent derrière elle. Aussi, quand il parla, elle poussa un petit cri de frayeur.
« Et cela va bientôt être une question de vie ou de mort que tu t’éclipses rapidement de là. J’ai comme le bout des griffes qui me démange. »
Le pelage de Saja s’hérissa de peur, et elle mit les oreilles en arrière. Poussant un feulement d’avertissement, elle montra les crocs au gigantesque mâle noir et feu. Dastel eut un sourire cynique.
« Mais c’est qu’elle a des crocs ! »
Saja poussa un second feulement, et répondit :
« Oui, j’ai des crocs, et je sais m’en servir ! »
Barbarian eut un sourire cruel.
« Et bien, on va voir ça ! »
Sans prévenir, il lui donna un coup de patte, griffes sorties. Saja n’eut même pas le temps de le mordre. La petite linève poussa un cri de douleur. Sur son épaule, trois marques rouges se mirent à saigner. Barbarian leva la patte, comme pour récidiver, mais Dastel l’en empêcha en déclarant :
« Si tu la frappes plus, tout le monde verra qu’elle a été battue, et on se posera des questions. On va déjà pas mal s’en poser en voyant ces marques. » termina-t-il en montrant les griffures du bout de l’aile.
Barbarian grogna méchamment, mais hocha finalement la tête.
« Vas-t’en, petite, avant que je ne change d’avis… »
Saja, les yeux plein de larmes à cause de la douleur et de sa frayeur, courut à perdre haleine jusqu’à sa tanière. Juste avant d’y entrer, elle nettoya les trois marques sur son épaule, et plaça ses longs poils marron de façon à cacher ses blessures. Puis elle inspira profondément, essuya ses larmes, et entra dans la tanière. Parlez à Bôh à nouveau, c’était hors de question. Si jamais elle retournait les voir… Ses poils se hérissèrent légèrement, et elle se força à les rabaisser. Elle s’allongea tranquillement, comme si tout allait bien, et se mit à téter en réfléchissant. Que pouvait-elle faire à présent ? Une chose est sûre, elle ne pouvait pas laisser le meurtre de son oncle impuni. Déjà, parce que c’était un meurtre, et ensuite, parce que c’était son oncle ! Elle ne pouvait en parler ni à ses parents, ni à Bôh, la seule personne qu’elle connaissait un peu. A Khargo, le Der ? Non, il était trop stupide pour comprendre, et il risquerait de le répéter à tout le monde. Mais à qui, alors ? Il fallait qu’elle prévienne quelqu’un !
L’idée lui vint en un éclair. Mais oui, c’est le premier qu’elle aurait dû prévenir, surtout dans un cas comme celui-là ! C’était à Rarisk qu’il fallait qu’elle parle ! Lui, saurait faire quelque chose, il saurait comment retrouver l’assassin, et lui faire payer ! La seule difficulté, était : comment une lineveteau pouvait-elle parler au Chef de la Meute ?


Rarisk : Deuxième chapitre

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Le vieux chef, exténué par toute une matinée de palabres sans intérêt avec les membres les plus éminents de son clan, se prenait une pause bien méritée en dévorant une cuisse d’élan. Alors qu’il mastiquait bruyamment, il crut entendre un bruit, et tendit l’oreille vers le bruit en question, qui semblait provenir d’un buisson, non loin.
« Pssst ! » fit une voix enfantine, en provenance de ce buisson.
L’air de rien, il continua à dévorer son morceau d’antilope, mais regarda autour de lui. Il était trop bien entouré pour pouvoir s’éloigner et parler seul à seul avec le lineveau, comme il aurait aimé le faire. Au lieu de ça, il agita doucement sa queue en direction du buisson, pour lui faire comprendre qu’il écoutait.
La voix reprit, et Rarisk crut savoir à qui elle appartenait. Cela devait surement être Saja, il n’y avait qu’elle de cet âge qui soit assez aventureuse pour se risquer ainsi. Bien trop aventureuse, d’ailleurs.
« Je dois vous parler absolument. C’est une question de vie ou de mort ! Rendez-vous demain, en début d’après-midi, ici même. Les autres linéfs devraient faire la sieste, ça ne se remarquera pas si l’on discute. »
Au lieu de hocher la tête, Rarisk, hocha lentement la queue. Puis, alors qu’elle allait partir, il étendit ses ailes au-dessus du buisson tout en baillant un grand coup, pour cacher le bruit de sa fuite. Quand il s’étendit à nouveau, il n’y avait plus un bruit en direction du buisson. Le vieux chef sourit pour lui-même, puis termina son morceau de viande en se demandant ce que pouvait bien lui vouloir la petite Saja.


Bôh :Cinquième chapitre

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Cela faisait déjà quelques jours que Bôh évitait Khargo. Oui, il avait honte de ce qu’il lui avait dit, à lui et à Syliah, mais ce n’était pas une raison pour s’excuser ! Au lieu de quoi, à chaque fois qu’il croisait Khargo, il baissait la tête en essayant de ne pas rougir, et changeait de chemin. Pour l’instant, ses amis n’avaient rien remarqué, mais il avait peur que Khargo n’ait vu sa honte à son égard. Et d’ailleurs, comme aurait-il pu ne pas la voir ?
Hier, ils s’étaient quasiment rentrés dedans, alors que Bôh atterrissait de justesse et ne put éviter le Der. Aussitôt, il s’était détourné en rougissant, et il avait cru voire Khargo dont les yeux s’emplissaient d’étonnement à la vue de son rougissement, puis de compréhension suite au fait que Bôh s’était enfui en courant. Mais ça n’était pas le pire, le fait que Khargo, malgré sa déficience mentale, ait remarqué que Bôh s’en voulait de l’avoir insulté alors qu’il ne le méritait surement pas, le plus grave, c’était que depuis cet instant, ce crétin n’arrêtait pas de le suivre, pour une raison connue de lui seul. Bôh s’était envolé déjà plusieurs fois, pour essayer de le semer, mais peine perdue, le dégénéré mental le retrouvait quelques minutes plus tard, malgré tous ces efforts. Et cela durait depuis le début de la matinée.
Bôh se retourna brusquement, exténué, et dit à l’étrange félin qui le suivait comme un lineveau suivait sa mère :
« Arrête de me suivre !
-Qui te dit que Khargo te suit ?
-Tu es juste derrière moi, idiot !
-Et si l’idiot allait dans la même direction que toi ?
-Cela fait depuis ce matin que tu vas dans la même direction que moi, le Der…
- Ah bon ? Hmm… C’est une curieuse coïncidence, non ? » rétorqua-t-il avec un sourire désarmant.
Bôh sentit sa colère vaciller. Il soupira, puis continua son chemin, Khargo sur les pattes. Mais vingt minutes plus tard, Khargo le suivait toujours.
« Bon, maintenant, ça suffit ! Laisse-moi tranquille !
-Pourquoi, tu n’es pas tranquille ? Je ne parle pas pourtant. A moins que tu ne veuilles que je parle ?
-Je t’interdis de me parler !
-D’accord, eh bien je vais chanter alors.
-NON ! »
Mais le pauvre linéf à moitié fou se mit alors à chanter, d’une voix claire et limpide, une voix qu’on ne pouvait qu’admirer. Le ton était juste, et la chanson était envoûtante et magnifique.
« Le Beau refuse que je lui parle
Mais mon cœur déborde,
Tant d’amour enfermé dans mon pauvre cœur !
Pour ce beau Bôh qui fait un malheur !
Il n’y a pas que les filles à la poursuite de la beauté
Car elle s’est en Bôh réincarnée
Et le pauvre Khargo ne peut que l’admirer !
Oh ! Bôh ! Mon beau Bôh !
Tu me fais bobo !
Pourquoi refuses –tu que je t’admire ?
Pourquoi refuses-tu que je t’aimes ? »
Un petit groupe de Linéf s’était regroupé, attirés par la beauté du chant, et commençait à pouffer de rire en observant le couple incongru que faisait Khargo le linéf au pelage sale et crasseux, déclarant son amour à la fourrure immaculée et scintillante de propreté de Bôh, qui rougissait de colère et de gêne.
« D’accord, d’accord ! » murmura précipitamment Bôh à l’oreille du linéf fou avant que celui-ci ne puisse chanter un autre couplet.
« Tu peux rester. »
Khargo, fou de joie, fit un bond en l’air, assez comique, Bôh devait se l’avouer.
« Il m’aime ! Vous avez vu ? Bôh m’aime ! Il m’aime ! »
Le Der se mit alors à danser sur place, agitant ses moignons d’ailes, et secouant ses pattes dans tous les sens. C’était une danse complètement folle, mais cela donnait un fou rire irrésistible de voir ce corps décharné se contorsionner ainsi. Et à chaque fois que les attaches de son corps étaient sur le point de se rompre, le Der criait : « Il m’aime » avant de se trémousser à nouveau dans un sens puis dans l’autre.
Bôh ne put s’empêcher de sourire devant le bonheur et les éclats du Der. Puis ses sourcils se froncèrent en sentant ce sourire involontaire sur ses propres lèvres. N’était-il pas censé être en colère contre Khargo, à l’origine ?
« N’en fait pas trop, hein ? Ça veut juste dire que tu peux m’accompagner, pas que tu peux dire n’importe quoi. Et je t’interdis de chanter sur moi !» grogna-t-il en s’éloigna de la petite foule, qui se dispersait, comprenant que le spectacle se terminait.
« Puis-je parler à nouveau ? demanda Khargo en suivant le beau linéf immaculé.
-Non !
-Puis-je au moins respirer ?
-Non !
-Euh… Mais le pauvre Khargo risque de mourir s’il ne respire pas !
-Ah bon ? Ca serait dommage.. . » fit Bôh, ironique, un sourire cynique au coin de la lèvre. Puis il se reprit :
« Désolé, Dastel commence à déteindre sur moi. C’est bon, je t’autorise à parler et à respirer, mais plus jamais de chanson comme celle-là, d’accord ?
-Elle n’était pas belle, ma chanson ? »
Bôh eut un temps d’arrêt. La chanson était merveilleusement belle, mais c’était le contenu qu’il n’avait pas vraiment aimé.
« Si, mais…
-Alors je pourrais chanter à nouveau !
-Oui, mais pas sur moi !
-Comme le beau Bôh le veut, comme Beau Bôh le veut…
-Et arrête de m’appeler ainsi !
-D’accord Beau Bôh. »
Bôh grogna, mais ne répondit plus rien. Il était inutile d’en rajouter, ce satané linéf était fou à lier, mais il maîtrisait les mots bien mieux que lui. Et il était autant amusant qu’agaçant.




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Le Kerrydex !
Je suis en deuil, désolé d'avance si j'ai moins de patience ou si je parle plus rudement que d'habitude. Je ne suis pas en colère contre vous, je suis juste triste. J'essaierai de faire attention, mais si ça arrive, merci de votre compréhension.





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Messagepar keranne » 20 Jan 2015 21:42

Points culture :


#1 Les Grognards
Spoiler: show
La légende des Grognards :
Au commencement, après que la race des linéfs se soit reproduite et multipliée, l'un de ses descendants décida de devenir le Roi des Linéfs. Pour ce faire, il asservit entièrement sa propre race, et se choisit de multiples compagnes. Llassah, le Créateur, vit cela et en fut mécontent. Il regarda le coeur des linéfs, et put s'apercevoir que la même ambition que le Roi des linéfs régnait dans plusieurs des coeurs de linéfs. Pendant un moment, Llassah pensa à détruire la race de slinéfs, dont l'ambition le dégoûtait. Mais il décida de leur laisser une seconde chance, et de laisser la race de slinéfs vivre. Mais pour les punir de leur égoïsme et de leur ambition, il envoya sur la terre la race des Grognards, qui dévora le Roi des linéfs et permit aux linéfs asservis de retrouver leur liberté.

Description d'un Grognard :
Le Grognard est une créature massive et de nature plutôt pacifique. Il mesure quatre à cinq fois la taille de sa proie naturelle, le linéf. Le Grognard possède trois yeux, situés les au-dessus des autres, sur une tête à l'apparence serpentine. Ses dents démesurées dépassent de sa gueule, lui donnant une allure menaçante. Sa peau est verte, protégée par des écailles ressemblant à celle d'un lézard. Il possède trois paires de "pattes" ( deux à l'avant et une à l'arrière), chacune se découpant, à l'articulation correspondant au genoux, en deux membres au lieu d'un seul chez les mammifères, ce qui lui donne un nombre réel de douze pattes en tout. Tout comme ses dents sont faites pour déchiqueter, ses pattes sont faites pour lacérer, le Grognard étant un prédateur redoutable pour ses proies. A l'inverse, le Grognard est plutôt peureux s'il se sent menacé, et plutôt que de riposter, il aura le réflexe de fuir.

Illustration d'un Grognard :
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#2 La médecine
Spoiler: show
" Avec les griffes que vous aurez convenablement léchées, découpez trois bandes droites dans la racine d'un minalois. Badigeonnez le membre cassé d'huile de foie d'élan,, couvrez-le de feuilles de cèdre, puis faites tenir les feuilles à l'aide des trois bandes de racine de malinois, et d'une branche, dont vous aurez retiré l'écorce auparavant."
paroles de Nadala, guérisseuse du clan Armart

Le statut de guérisseur est l'un des statuts les plus enviés, peu après celui de Gardien de la Sagesse ou Conteur. il y a de un à quatre guérisseurs par clan, en fonction de sa taille. Les guérisseurs font partie de l'assemblée du Clan, au même titre que le Chef ou le Lieutenant.
Tout comme pour le Gardien de la Sagesse et les Conteurs, le savoir des Guérisseurs se transmet seulement à l'oral, de sorte que les Guérisseurs sont choyés et protégés au sein du clan. Si l'un des Guérisseurs venait à mourir, ce serait une perte catastrophique pour le clan tout entier. Pour éviter cela, les guérisseurs ont interdiction de quitter le camp. Ainsi, chaque guérisseur a plusieurs aides, qui lui servent à récupérer les herbes et les ingrédients dont le Guérisseur a besoin pour sa médecine, et qui reçoivent une partie du savoir du Guérisseur en échange. Cependant, ils ne peuvent devenir apprentis. L'apprenti aurait déjà été choisis à l'intronisation du Guérisseur, durant le même rituel, de sorte qu'il y est toujours à la fois un Guérisseur et un apprenti, pour que le savoir de l'un perdure en l'autre.
La plupart des guérisseurs utilisent seulement des onguents et des baumes naturels, mais il arrive, très rarement, qu'un linéf se découvre des pouvoirs de guérison.




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Messagepar keranne » 20 Jan 2015 21:43

L'HISTOIRE


Saja : Sixième chapitre
Spoiler: show
« Je vais au petit coin ! » lança Saja à sa mère, avant de partir à toute allure.
C’était la deuxième fois qu’elle utilisait cet argument pour rencontrer le chef, Rarisk. Bientôt sa mère allait se rendre compte de la supercherie. Et alors là… Son pelage se hérissa à cette pensée, et elle accéléra encore plus. Il semblait y avoir de l’agitation, de l’autre côté du clan. Cela l’arrangeait bien, ce serait plus facile pour elle de rencontrer le chef et de parler tranquillement avec lui. Bientôt, elle fut en vue de leur point de rendez-vous. Et comme elle s’y attendait, le chef s’y trouvait, seul.
« Eh bien, jeune linève, il semblerait que tu es beaucoup de chance. Je ne sais pas ce qui se passe, mais cela à rameuter la plus grande partie du clan. » déclara-t-il en riant dans ses vibrisses.
Saja commença à expliquer son aventure sans plus attendre. Plus vite elle parlerait, plus vite elle sera débarrassée de son lourd secret. Le Chef écouta avec attention, les oreilles et les vibrisses tournées vers elle. A la fin de son discours, il murmura :
« Ainsi, Toram a été assassiné… »
Il sembla réfléchir quelques instants, puis reposa son regard brun sur la petite linève.
« Il faut que je parle avec ta sœur. C’est elle qui a découvert ses blessures, elle sera plus à même de m’apporter plus d’informations. »
Saja se mit à rougir, gênée soudain.
« Eh bien, c’est-à-dire que… elle a une peur bleue de vous, pour je ne sais quelle raison. Alors vous parler… je crains qu’elle ne refuse tout simplement. »
Une voix s’éleva derrière eux deux, une voix grinçante :
« Eh bien, si elle a peur de ce gros bêta de Rarisk, qu’elle vienne me voir en sa compagnie, et je peux vous garantir qu’elle le regardera d’un tout autre œil ! »
Le chef grimaça en remuant des vibrisses, semblant sur le point de rougir.
« Cette conversation était censé être privée, Déca. »
Le vieille linève se mit à ronronner, amusée.
« Privée ? Alors vous aurez mieux fait d’en parler au beau milieu de la forêt, vous auriez rencontré moins de monde ! »
Rarisk soupira, mais hocha néanmoins la tête.
« Bien. Nous déguiserons ça sous une réunion de famille, puisque tu es leur grand-mère, Déca.
- Ouais, c’est ça, j’aurais été pris d’une subite affection pour ces boules de poils piaillantes qu’on appelle des lineveaux, et qui ont le malheur d’être mes petits-enfants. » déclara-t-elle, sans que Saja puisse deviner si elle pensait réellement ce qu’elle disait, puisqu’elle s’en alla sur le champ.
Rarisk se leva alors, et lui déclara :
« Va vite rejoindre ta mère, avant qu’elle ne remarque ta disparition. Tu sera prévenue lorsque l’on t’appellera pour rejoindre ta grand-mère. Quant à moi, je vais voir ce qui était la cause de tout ce bazar. »
En effet, on entendait les voix de linéfs se rapprocher, certains parlant d’un ton amusé ou allant jusqu’à éclater de rire.
Sans se le refaire dire une nouvelle fois, Saja partie à toute allure.


Déca : Deuxième chapitre
Spoiler: show
La « réunion » de famille avait été finalement transformée en évaluation des capacités des petites pour savoir si elles seraient capables de prendre la relève de Déca en tant que Gardienne de la connaissance et des savoirs. Rien de plus ennuyeux que ce genre d’évaluation, ils pouvaient être surs que personne ne viendrait les écouter. De plus, tout le monde savait que Déca avait un apprenti, mais que celui-ci et elle ne s’entendait guère. Le jeune Yreb n’aimait pas la connaissance, il avait été choisi au sort parmi les jeunes de sa génération, personne n’ayant voulu revendiquer le poste d’apprenti Gardien de la Connaissance. Quant au poste de Gardien des Rituels et des Traditions… Déca regarda de côté, vers son époux Richer. En dehors de P’tit Rarisk et des petites, il était le seul auquel elle pouvait faire confiance sur cette affaire de meurtre. Le Gardien des Rituels et des Tradition, marié à la Gardienne des Connaissances et du Savoir… Cela avait fait bien jaser à l’époque.
Rarisk était entre eux deux, et les deux petites face à eux trois. Zina semblait bel et bien terrifiée, tremblant de tous ses membres. Malgré le fait qu’elle ais doublée de volume, la petite semblait minuscule, il lui semblait qu’elle ne faisait que la moitié de la taille de sa sœur. A vrai dire, elle n’avait jamais vu un lineveau aussi peureux ! Etait-ce réellement sa petite fille, cette espèce de boule de poil tressautante de peur ? Elle était quasiment cachée derrière sa sœur Sajah, les ailes sur la tête ! Sajah se tourna vers la petite Zina, et commença à la lécher avec affection, tentant de la rassurer. Bon, si on voulait que toute cette histoire avance, il fallait à nouveau que ce soit elle qui bouge ses poils, comme d’habitude. Plus jeune, elle aurait surement placée la petite Zina juste devant le p’tit Rarisk, pour qu’elle affronte sa peur en face. Mais elle était plus expérimentée depuis, et elle savait que cela n’aurait rien arrangé, au contraire.
A l’instant où Déca allait agir, Zina murmura, et la vieille linève presque aveugle fut sure qu’elle était seule à l’entendre avec ses oreilles affutées :
« Tu m’avais dit que c’était une réunion de famille, pas qu’il y aurait le Chef ! Tu sais qu’Il me fait horriblement peur !
-J’étais obligée, il faut que l’on rende justice à notre oncle, et le seul moyen, c’est de trouver le coupable. Et pour ça, on a besoin du chef !
- Mais il me fait peur ! »
Aller, à elle de jouer, à présent ! La vieille linève blanche et noire donna un léger coup d’aile au puissant chef, et déclara :
« Peur du P’tit Rarisk ? Pfeuh, je ne vois pas de quoi tu peux bien avoir peur chez lui ! Même moi je suis plus menaçante ! Sais-tu que le P’tit Rarisk avait peur de sauterelles étant petit ? A chaque fois qu’il en voyait une, il courrait se réfugier dans les poils de sa mère. ! »
La petite Zina commença à glousser en regardant Rarisk, qui chuchota à la vieille linève :
« Arrête ça, s’il te plait, je t’en prie ! »
Sans aucune pitié, Déca continua :
« Mais le pire, cela a été lors de sa première partie de chasse !»
Le grand chef à la crinière fournie poussa un grognement de honte et se posa la patte sur la tête, désespéré. La linève noire et blanche continua son récit, faisant la sourde oreille. Malgré la voix éraillée de Déca, Zina semblait parfaitement imaginer la scène, elle avait les yeux brillants, regardant dans le vide comme si elle voyait la scène sous ses yeux.
« Repérant une gazelle, il avait voulu l’attraper… mais il se trouva face à un gigantesque Grognard ! Et à cet instant, n’écoutant que son courage – et sa cervelle atrophiée de mâle bagarreur –« La petite pouffa de rire à cette apostrophe, « il s’engagea dans un combat épique contre le Grognard. Son mentor, qui était en train de lui hurler de s’enfuir, n’en crut pas ses yeux. Rarisk triompha du Grognard en réussissant à le faire tomber d’une falaise… Et là, il remarqua qu’il y avait une sauterelle sur le bout de sa queue. Il poussa un hurlement de terreur tel que tous les oiseaux du voisinage s’envolèrent ! »
Cette fois-ci, Zina éclata réellement de rire, ses poils s’étant entièrement rabattus. Avançant de quelques pas, elle semblait aussi plus grande, à nouveau de la taille de sa sœur.
Rarisk était réellement devenu rouge sous ses poils bruns. Il murmura à l’intention de la Gardienne du Savoir :
« Je croyais que tout le monde avait oublié cette affreuse histoire, depuis le temps…
-Tout le monde sauf ta Gardienne du Savoir préféré, P’tit Rarisk ! C’est un savoir fort précieux que je tiens là…
- Et c’est bien ce qui m’inquiète ! »
Déca s’efforça de ne pas glousser de rire, afin de ne pas effrayer les petites, malgré la tête que faisait le grand et puissant mâle. Il serait dommage de tout gâcher maintenant en lui faisant peur avec son rire, alors qu’elle venait de détruire l’image d’immense linéf monstrueux que s’était forgée toute seule la minuscule Zina !
Elle s’approcha de quelques pas de la petite linève brune et blanche, ornée de tâches de la même couleur que celle de son époux Richer.
« Alors, à présent, tu veux bien nous parler de ce que tu as observé sur le corps de ton oncle ? »
La petite hocha vigoureusement de la tête, et s’approcha de quelques pas des adultes.
« Il avait plein de blessures sur tout le corps, que l’on avait soigneusement cachées en les cousant et les couvrant de poils. De loin, et même de près, cela était très vraisemblant, vu les poils longs que nous avons…
-Dans la famille, oui je confirme. Vous tenez ça de votre grand-père Richer, une insupportable boule de poil ambulante ! J’espère que vous ne perdez pas autant de poils que lui, sinon, votre tanière va bientôt en être remplie…
- Déca !
- Il n’y a que la vérité qui blesse, Richer. »
La petite Zina pouffa à nouveau de rire, complètement détendue à présent.
Rarisk reprit la parole, et cette fois-ci, elle le regarda droit dans les yeux, sans frissonner de peur.
« Je sais qu’il est dur pour une linève de ton âge de parler de ça, mais… les griffures sur son pelage étaient-elles larges ou fines ? A quoi ressemblaient les blessures ? »
Zina fronça sa petite frimousse enfantine, se mettant à réfléchir.
« Elles semblaient très profondes, et très larges, comme si le linéf avait de très grandes pattes avec de puissantes griffes. »
Derrière elle, Sajah se mit déglutir, et s’approcha d’un pas timide. Elle exposa son flanc à sa petite soeur, lui montrant trois marques de griffes qu’elle avait réussi jusque-là à cacher, il semblerait. Vu la taille de cette blessure, Marah aurait tellement hurlé que tout le camp aurait été au courant !
« Est-ce que cela ressemblait à ça ? »
Zina hocha la tête affirmativement.
« Oui, je pense que c’est exactement le même linéf. J’en suis même certaine. »
Rarisk s’avança d’un pas, un grognement sourd dans la gorge à la vue de la blessure infligée à un fragile lineveau. A cette vue, Zina, se recroquevilla à nouveau sur elle-même, mais il s’adressa à Saja cette fois-ci.
« Qui t’as fait ça ? Qui a osé faire ça à Toram et s’attaquer à toi ?
-C’est Barbarian. » répondit la petite linève aventureuse en déglutissant. « Je comptais parler de ça à Bôh, vu qu’en fait il est gentil, mais comme c’est l’ami de Barbarian… Je me suis jeté dans les crocs du Grognard ! » réalisa-t-elle avec un frisson. Surement pour la première fois de sa vie, au vu de ce qu’elle avait déjà entendue de sa petite-fille, ses poils se hérissèrent du danger qu’elle avait encouru. La petite avait failli révéler aux meurtriers, aux responsables, qu’elle était au courant de leur crime. Déca eut un soupir devant cette irresponsabilité. Rarisk pointa les deux oreilles vers Saja, comme si elle avait dit quelque chose qui l’intéressait énormément.
« Pourquoi dis-tu que Bôh est gentil ? »
Sajah hocha les épaules avec l’innocence de la jeunesse.
« Bah même s’il était en colère contre moi, il ne m’a jamais fait de mal, il a même faillit jouer avec moi, avant que Maman n’arrive et ne lui crie dessus. » termina-t-elle dans une moue boudeuse.
« Pour une fois qu’un Grand veux jouer avec moi… »
Richer s’approcha des deux petites, et leur demanda, avec cette gentillesse qui le caractérisait et qui avait fait qu’elle en était tombée amoureuse :
« Vous nous avez été d’une grande aide les filles ! A présent, nous allons discuter entre nous de la manière dont on pourra punir Barbarian pour son crime.
-Mais… » commença Saja.
« Il faut que vous retourniez auprès de vos parents, toutes les deux. Et je ne veux pas entendre de gémissements ! » l’interrompit P’tit Rarisk.
Saja soupira, mais s’en alla, accompagnée de la minuscule Zina.
Les adultes continuèrent à parler entre eux.
« Nous n’avons aucune preuve à amener devant le conseil pour prouver que ce crime a bien eut lieu ! Le corps de Toram a été brulé ce matin, au lever du soleil, comme le veut la tradition… » commença Richer.
« Il faut cependant trouver un moyen de punir Barbarian, je n’accepterais pas que mon propre neveu soit encore en vie alors qu’il a tué quelqu’un de sang froid ! » continua Rarisk.
« On ne peut pour l’instant l’accuser de son crime, mais on peut au moins le sanctionner pour ce qu’il a infligé à Saja. Quel doit être la procédure pour ce cas, Richer ? » demanda Déca
« J’aimerais bien pouvoir dire lynchage public, mais ce n’est pas le cas. Pour une blessure physique infligée à un lineveau, le linéf coupable devra faire des travaux d’intérêt générale, leur durée dépendant de la gravité des blessures. Si le coupable possédait une place importante dans la hiérarchie, il sera rétrogradé. » cita Richer.
« Eh bien, je sais qu’il n’était pas dans la hiérarchie, mais je sais aussi qu’il ne le serais jamais. Il peut s’asseoir sur sa position de bêta, et ce pendant si longtemps que sa queue imprimera une marque dans le sol ! Car je sais qui je vais prendre comme bêta, à présent, et même mon idiot de neveu ne pourra récriminer contre ce choix ! » termina-t-il avec un sourire malicieux.
« Et quel sera cet heureux élu ? » demanda Déca, un sourcil levé.
Rarisk se contenta de sourire, sans prononcer un mot.


Bôh : Sixième chapitre
Spoiler: show
Le rugissement assourdissant fit se réveiller Bôh en sursaut. En deux trois mouvements de patte, il lissa son pelage d’un blanc presque immaculé, puis se précipita en dehors de sa tanière, rejoignant la foule de linéfs qui s’assemblait sur la Grand-Place. Un rugissement pareil signifiait que le chef avait un message important à annoncer à l’ensemble du clan. Il eut juste le temps de s’asseoir lorsque Rarisk entonna de sa voix sourde et grave :
« Je vous ai rassemblés aujourd’hui pour deux raisons. En premier lieu, je demande à Saja, fille de Marah, de venir à mes côtés. »
Les linéfs autour de Bôh se mirent à chuchoter entre eux, étonnés. Cela faisait bien longtemps qu’un lineveau n’avait été appelé par le Chef lui-même.
La petite Saja grimpa difficilement aux côtés du puissant linéf trapu, mais elle y arriva tout de même. Face aux regards de la foule, elle semblait bien moins assurée que les quelques fois où il avait pu la voir. Tant mieux, cette gamine était tout bonnement insupportable ! Et dire que c’était sa cousine…
« Saja, qu’as-tu fait il y a trois jours, l’après-midi ?
- Je voulais poser une question à Bôh, mais celui-ci faisait la sieste. Alors, j’ai été acceuilli par Dastel… et Barbarian. »
Bôh déglutit, paniqué. Il aurait dû immédiatement répondre à la petite peste, au lieu de faire la sourde oreille ! Maintenant, ils allaient tous être punis, et par sa faute !
« Et Barbarian m’a griffé, sans aucune raison ! »
Des grommèlements s’élevèrent autour de Bôh, qui se força à rester droit et stoïque, au lieu de battre de la queue, les oreilles en arrière, comme il mourrait d’envie de le faire.
« Il doit être puni ! » s’écria une femelle, non loin de lui, ce qui le fit tressaillir.
Le chef reprit la parole, appelant une autre personne :
« Brinor, veuillez venir par ici. »
Le meilleur guérisseur du clan s’approcha du chef, à l’écoute.
« Veuillez certifier que ces blessures sont réelles, et non pas de simples égratignures. »
Pendant cinq à dix minutes, tous durent patienter, le temps que Brinor étudie avec attention les trois grandes marques que Bôh pouvait voire, de là où il était. Le verdict allait tomber, et il ne serait certainement pas favorable, vu la façon dont Barbarian avait griffé la petite. Même Bôh en avait été sidéré, mais il avait préféré ne rien dire. Après tout, c’était de sa faute, c’était lui qui avait été la cause de tout ça.
Enfin, Brinor s’éloigna de Saja, et déclara son jugement d’une voix forte qui porta loin.
« La blessure est profonde, cette jeune linève la gardera probablement toute sa vie. Et elle a été infligée délibérément dans l’intention de faire mal. »
Bôh ne put s’empêcher de baisser les oreilles, honteux. S’il n’avait pas été un stupide feignant…
Rarisk reprit la parole, et le silence se fit pour que tous l’écoute.
« Selon le gardien des Rituels et des Traditions, la sentence est de deux mois de travaux d’intérêt général. Pendant deux mois, Barbarian sera au service de tous, et sera obligé de répondre à la moindre requête, venant de n’importe qui. »
Une jeune linève murmura à son amie en pouffant de rire : « Barbarian va être obligé de nettoyer les saletés de Khargo et d’obéir au moindre de ses mots ! »
Bôh se remit à souffler. Apparemment, ni Dastel ni lui étaient inclus dans la sanction, seulement Barbarian. Celui lui fit mal à son amour-propre, mais il était obligé de s’avouer qu’il était heureux de ne pas avoir été sanctionné en même temps que Barbarian. Rarisk reprit la parole, au grand désarroi de Bôh, qui craignait qu’il continue envers lui et Dastel.
« Quant à Saja, elle sera consigné dans sa tanière jusqu’à nouvel ordre. »
Bôh put entendre d’ici les miaulements de protestation de la petite, et eut presque pitié pour elle. Après tout, c’était elle qui s’était reçue un coup de griffe, et elle était punie en supplément. La justice était parfois étrange. Une fois qu’elle eut rejoints sa mère et les autres bambins de sa portée, Rarisk s’avança à nouveau. Tiens, ce n’était donc pas terminé ?
« J’ai une autre nouvelle à vous annoncer. Suite à la défection de notre Bêta, qui n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions, nous avons besoin d’un nouveau Bêta. J’ai décidé, après mûre réflexion, de prendre Bôh comme second. »
Le jeune linéf n’en croyait pas ses vibrisses. Est-ce qu’on parlait réellement de lui ? Ce n’était pas possible, tout le monde savait que c’était Barbarian qui serait le prochain Bêta ! Pourquoi lui ?
Et pourtant, un cercle s’était déjà formé autour de lui, et les linéfs lui laissait le passage d’eux-mêmes pour qu’il puisse atteindre le léger surplomb sur lequel se tenait le Chef Rarisk. Il s’avança comme dans un rêve. Le temps semblait suspendu, tous les regards posés sur lui. Chaque pas vers le Chef était un effort surlinevien, mais en même temps, il ne pouvait s’empêcher de marcher vers lui, comme si ses pattes le portaient tout seul. Au bout d’un temps infiniment long, ou alors infiniment court, il n’aurait su le dire, il arriva finalement aux côtés du Chef. De là, il pouvait voire tous les visages qui le regardait. Et il vit Barbarian s’éloigner, colérique, en poussant les linéfs de l’épaule, suivis de grondement de colère ou de douleur, parfois les deux à la fois. Il vit Dastel le regarder, avec des yeux étonnés mais remplis de bonheur à la fois, et à ses côtés, Siniah, des étincelles dans les yeux alors que son regard était posé sur lui, Bôh. Un nouveau courage lui vint d’un coup, qui disparut aussitôt lorsque Rarisk reprit la parole.
« En quoi es-tu capable de devenir Bêta, Bôh, fils de Blou ?
-Je ne suis pas capable de devenir Bêta. C’est de ma faute si Saja a été blessée. Ce n’est pas Barbarian qu’il faut punir, c’est moi. Si je n’avais pas fait l’imbécile en refusant d’écouter Saja, en feignant de dormir, elle n’aurait pas été blessé. Je n’ai pas à être Bêta, c’est un honneur que je ne mérite pas. »
Les mots étaient sortis tous seuls de sa gueule, en un flot continu, sans même qu’il le veuille, et il en fut l’un des premiers surpris.
« Tu m’apporteras donc ta sincérité, ton honneur et ta véracité. C’est ainsi que tu me seconderas, Bôh, fils de Blou. Avec sincérité, honneur et véracité. »
Les battements d’ailes et les rugissements furent nombreux pour accueillir le nouveau Bêta, bien plus que ce qu’il aurait pensé. A sa grande surprise, ils semblaient réels, comme si les linéfs présents avaient appréciés son refus de devenir Bêta, et l’honoraient pour cela. Il croisa le regard de Rarisk : celui-ci ronronnait.
« Tu le mérite. » lui dit-il entre les bruits d’ailes et les rugissements sourds. Il n’avait encore jamais entendu Rarisk ronronner de toute sa vie !


Déca : Troisième chapitre
Spoiler: show
Déca remua des vibrisses en observant le jeune Khargo. Celui-ci, qui était enrhumé, venait d’éternuer, et une importante quantité de morve s’était échappée de son museau. Sous les yeux des anciens, il s’amusait à présent à jouer avec la morve, ce qui faisait pousser des cris d’horreur aux maudits imbéciles qui servaient de compatriotes à la vielle linève noire et blanche.
Mais au bout d’un moment, ce jeu sembla le lasser, et il s’interrompit, s’essuyant finalement le nez. Puis il tourna sur lui-même en aplanissant le sol, et se coucha là, en plein milieu du chemin.
Déca ne put s’empêcher de remuer à nouveau des vibrisses, amusée. Ce jeune linéf était décidément un sacré phénomène. L’oreille exercée de Déca surprit la conversation de deux vieilles linèves.
« Quel dommage ! Un si beau linéf !
- Si seulement ce petit Khargo n’avait pas sombré dans la folie, il serait devenu surement un brave soldat.
- Quel malheur ! Et regardez-le à présent, une bouche inutile pour le clan.
- Pauvre petit ! Il est vraiment à plaindre !»
Déca poussa un léger grognement, en rajoutant dans ses vibrisses :
« Bande de vieilles carnes stupides ! Ce petit a une vie de rêve, ça ne sert à rien de le plaindre ! »
Khargo se releva soudain, et se rapprocha des vieilles commères, en se roulant dans la poussière, comme s’il souffrait le martyr. Il s’exclama alors, presque théâtralement :
« Oh oui, oh oui, pauvre, pauvre Khargo ! Pauvre Khargo qui est condamné au farniente pendant toute la journée, qui n’est pas obligé de chasser pour recevoir une part de viande ! Pauvre Khargo qui est en sécurité dans le camp, pendant que d’autres risquent leur vie à tout instant ! Oh oui, le pauvre Khargo n’a vraiment pas de chance ! Oh oui, il est très malheureux le pauvre Khargo. »
Alors que les vieilles radoteuses se taisaient en rougissant, il se releva, et s’éloigna en chantonnant, comme pour lui-même, avec un grand sourire aux lèvres : « Pauvre ! Pauvre Khargo ! »
Quant à Déca, elle se mit à rire en voyant la tête que faisaient les abruties.
Un bruit d’ailes se refermant lui fit dresser l’oreille. Immédiatement, elle reconnut la démarche, et se mit à ronronner. Un minuscule ronronnement, certes, mais un ronronnement tout de même.
Richer aussi se mit à ronronner à son approche, mais bien plus fortement.
« Eh bien, qu’est-ce que tu as encore été faire pour que tu me laisses toute seules avec cette bande de vieilles pies ?
- Oh, tu sais bien, le bla-bla habituel.
- Ca veut dire que tu as encore été reniflé les poils de quelque linève assez stupide pour tomber dans tes pattes, c’est ça ?
- Mais non, tu le sais bien, ma chérie…
- Ne m’appelle pas comme ça ! Sale commère courreuse de fourrures. » rajouta-t-elle plus bas.
« Bon, qu’est-ce que tu as comme mauvaises nouvelles à m’annoncer ?
- Je n’ai pas de mauvaise nouvelles, mais seulement une question. »
Alors que Richer n’avait pas réagi aux paroles acides de la vieille linève acariâtre, il semblait soudain hésiter, et devenir gêné. Déca sentit cette gêne, car elle tourna les oreilles vers lui concentrant toute son attention sur son époux.
« Eh bien, qu’y a-t-il ? Accouche !
- C’est que… Je me demandais… La punition de Dastel est terminée, non ? Alors pourquoi est-il encore dans tes pattes ? N’en as-tu pas marre de ce jeune sot ?
- Ce petit est tout sauf sot. » rétorqua-t-elle d’une voix si froide que Richer ne put s’empêcher de faire un pas en arrière. Autant les critiques et les quasi-insultes, il savait qu’il n’en avait rien à craindre, sa femme s’exprimait comme cela, et cela ne l’empêchait pas de l’aimer. Par contre, ce ton froid… ça ne lui ressemblait pas.
« Je compte faire du jeune Dastel mon apprenti, aussi désagréable cela soit-il pour lui comme pour moi.
- Un apprenti ? Mais… Mais… »
- Mais… Mais… Mais quoi ? » dit-elle, se moquant ouvertement du bégayement de son époux.
« Mais et ton autre apprenti ?
- Celui-là ? Cela fait près d’un an que je ne l’ais pas vu, et il se pavane comme un abruti en déclarant à tous qu’il sera bientôt le prochain gardien de la Sagesse ! Tant que je serais en vie, il sera encore loin de devenir le prochain gardien, et je ne compte pas mourir de sitôt !
- Mais, tout de même… C’est Dastel, enfin !
- Et alors ? Oui, c’est un petit coq prétentieux, mais il a de réelles capacités. Malgré ses défauts, c’est un jeune linéf travailleur, avec une mémoire impressionnante. De plus, j’estime qu’un gardien de la Sagesse se doit d’avoir un caractère bien trempé, et ce petit-là a le caractère qu’il faut.
- Mais…
- Ah non, ça suffit ! Dastel sera le prochain gardien de la Sagesse, point barre. »
Richer soupira en secouant la tête, la queue battante, mais malgré sa colère, il ne put s’empêcher d’avoir un sourire aux lèvres. Il reconnaissait bien là sa Déca, plus têtue qu’une mule ! Elle ne changerait pas d’avis, malgré tout ce qu’il pourrait bien lui dire. Il se détourna de sa femme, déploya ses ailes, et s’envola.


Interchapitre :
Spoiler: show
« Dites, pensez-vous que Bôh et Khargo… ?
- Bôh serait donc assez stupide pour se mettre en couple avec un autre mâle, et pire que tout, avec le Der ?
- Assez stupide pour sortir avec le Der, d’accord, mais il n’est pas encore interdit d’être avec un autre mâle, j’espère ? » répondit de façon agressive une jeune femelle.
« Non, bien sûr ! » ajouta précipitamment le vieux mâle en rougissant.
« En tout cas, je n’en attendais pas moins de ce jeune idiot de profiter de ce pauvre Der. »
L’arrivée de ce dernier prit tout le monde au dépourvu. En effet, le Der sortit de nulle part, courant vers eux avec un glapissement de joie.
Là où les linéfs pavassaient, le sol, foulé au point que l’herbe ne parvenait pas à pousser, était sec et se transformait facilement en poussière.
La course de Khargo soulevait un tas de poussière impressionnant. Mais ce n’était rien comparé au dérapage, contrôlé ou non, qu’il fit à leur approche. En quelques secondes, Khargo se trouvait au beau milieu du groupe de linéfs, qui reculaient précipitamment et toussaient à en perdre haleine devant cette avalanche de poussière. Alors qu’ils s’éloignaient avec des jurons, Khargo resta dans la poussière, et commença à s’y rouler avec délice. Il sembla alors se parler à lui-même, mais ses paroles répondaient étonnement bien aux questions que les commères venaient juste de se poser.
« Khargo aime Bôh, il aime à la folie Bôh ! Khargo voudrait tout le temps être avec Bôh… pour toujours ! Mais Bôh n’aime pas Khargo comme Khargo l’aime, Bôh préfère les linèves. Et que vaut le pauvre Khargo en comparaison des belles linèves qui entourent Bôh ? Khargo ne pourra malheureusement jamais être avec le beau Bôh… »
Le Der s’arrêta de se rouler dans la poussière, et le vent se chargea de faire disparaître le nuage de poussière que le Der avait formé. Le linéf sans aile se releva légèrement, et voyant les linéfs qui le regardaient, surpris que son discours rejoignent celui qu’ils venaient juste d’avoir avant, Khargo demanda :
« Auriez-vous des conseils pour que Khargo soit avec Bôh ? »
Constatant l’absence de réaction, le linéf à moitié fou pencha la tête légèrement sur le côté en souriant, pensant peut-être devenir plus mignon ainsi, alors que cela était tout le contraire, un filet de bave commençant à sourdre de sa gueule entrouverte.
Une jeune linève éclata de rire, et commença à partir. Les autres ne tardèrent pas à se disperser eux aussi, et le Der se retrouva tout seul, regardant autour de lui d’un air étonné.


Deuxième partie

Bôh : 1er chapitre
Spoiler: show
Tout était passé si vite en deux mois ! Tant de choses avaient changés, des certitudes qu’il avait autrefois étaient parties en miettes et d’autres s’étaient imposées à lui sans qu’il ne s’en rende compte. Au départ, il avait cru que la responsabilité de bêta serait un poids de plus sur ses ailes. Il s’était avéré que c’était le contraire. C’était de nouveaux muscles qui étaient venus se greffés à ses ailes, le rendant plus fort et plus puissant que jamais. Lorsque les gens qui nous entoure ont des attentes particulières à notre égard, songea Bôh en mâchonnant un os d’antilope, on fait tout ce que l’on peut pour être à la mesure de ces attentes. Quitte à trouver des ressources insoupçonnées en soi. Bôh ne s’était pas particulièrement trouvé courageux, leadeur-né ou le plus à même de créer un plan en urgence pour régler une situation compliquée. Et pourtant, tout cela, il l’avait fait récemment, et plutôt admirablement bien, se félicita-t-il.
Les premiers temps avaient été plutôt durs, pourtant. Organiser les patrouilles pour empêcher les Grognards d’atteindre leurs différents campements, faire des duos de chasse qui fonctionneraient correctement, tout cela il n’avait pu le mettre en place qu’à l’aide de Norisk, l’ancien bêta, qui était à présent logé chez les Anciens. Régler les litiges avait déjà été plus facile. Vu le mauvais caractère de son ami Barbarian, disons qu’il avait été habitué à régler des situations compliquées. Par contre, gérer des situations de crise, comme lorsque….
« Bôh ! Bôh ! »
Il se leva en deux temps trois mouvements, se léchant le pelage en même temps qu’il sortait de sa tanière. Ses cinq minutes de répit avaient été de courte durée.
« Un Guetteur a repéré un Grognard, sur le ravin sud menant au campement des Faiseurs de Feu.
-Encore ! » tonna Bôh, avant de s’envoler sur place, en une bourrasque de vent qui ébouriffa le pelage de son interlocuteur.
Les situations de crises de ce genre s’étaient multipliées, selon Norisk. Cinq fois, en deux mois. Six à présent. Mais il était rodé, maintenant, pas comme la première fois où le Grognard avait failli s’échappé et avait blessé durement un Guerrier. Il s’était bien rattrapé, depuis lors.
Il survola le camp principal, hélant au passage les Guerriers qui pourraient l’aider.
« Warry, par ici ! »
Un imposant mâle sombre s’éleva à sa suite.
« Sadric, Ynul, Falet, Dalj ! Avec moi ! »
Ce fut au tour de deux jeunes mâles fins, une femelle et un autre mâle de forte carrure de s’envoler vers lui. Ils formèrent un escadron en triangle, Bôh formant la pointe, et hurlant ses instructions au vent, qui se chargeait de les transmettre aux autres linéfs, par le biais de la bourrasque qui s’élevait des longues ailes blanches du Bêta.
« Un Grognard, sur le ravin Sud des Faiseurs de Feu. Comme d’habitude, Warry et Dalj sur les flancs, pour l’empêcher de s’enfuir. Ynul et Falet, vous l’occupez par les airs. Sadric, c’est ton jour de gloire. A toi de l’abattre et de le faire tomber. Je serais là en renfort si jamais cela dérape. »
Bôh se risqua à jeter un coup d’œil de chaque côté pour voir si chacun avait bien compris ses instructions. Seul Sadric ne semblait pas complètement confiant. Pour les autres, ils hochèrent la tête, résolu. Falet, pour sa part, la seule femelle du groupe, lui fit un sourire resplendissant. Bôh grogna intérieurement. Ça, par contre, depuis qu’il était bêta, cela avait encore empiré. Les linèves s’intéressaient encore plus à lui qu’auparavant.
Il fut le premier à arriver sur le Grognard, les ailes commençant à se crisper légèrement par l’effort. Il les détendit en faisant un plongeon en piqué sur le Grognard, les ramenant le long de son corps. Même ses pattes étaient le long de son corps, pour lui permettre d’aller plus rapidement encore. Au dernier moment, juste avant l’impact, il déploya ses ailes au maximum pour impressionner le monstre et le gifla, toutes griffes sorties. Cela ne fit pas grand-chose au Grognard, mais eut le mérite d’attirer son attention. Mais en un battement d’aile, Bôh était déjà hors d’atteinte.
Ce Grognard était un beau spécimen. Cinq fois la taille d’un linéf de taille moyenne, avec une peau recouverte d’écaille en un maillage suffisamment serré pour que la plupart des coups de griffes des linéfs ne les préoccupe pas. Sur sa longue tête serpentine, trois yeux, les uns au-dessus des autres. Et une gueule immense, armée de crocs démesurés, plus tranchants encore que les propres crocs des linéfs. Et pour rajouter à ce portrait monstrueux, il possédait deux paires d’antérieurs, chacun se terminant par deux excroissances pourvues de griffes tranchantes, capables de trancher aisément la tête d’un linéf. Cela lui faisait en tout huit pattes avant, huit pattes à éviter si l’on ne voulait pas terminer en deux morceaux.
Comme Bôh l’avait prévu, le temps que le Grognard se dresse sur ses antérieurs pour essayer de l’atteindre avec une de ses huit pattes avant, Warry et Dalj se positionnèrent de chaque côté de son flanc, poussant pour le forcer à reculer, vers le vide. Ils étaient juste derrière ses huit paires de pattes, de telle sorte qu’il lui était impossible de les atteindre. Pendant ce temps, Falet et Ynul, avec leurs fines ailes adaptées aux manœuvres habiles dans l’air l’occupait, évitant comme ils le pouvaient ses huit pattes aux griffes dangereusement acérées. De temps à autre, le Grognard tentait de mordre ou de griffer les deux lourds linéfs sur ses flancs. Bôh et Sadric s’occupaient alors alternativement de piquer vers sa tête, tentant de lui crever les yeux pour maintenir son attention ailleurs.
Lors de l’un de ces assauts, le Grognard se dressa de toute sa hauteur, sur ses pattes arrière, fouettant l’air de ses huit pattes. Ce ne fut que grâce à ses réflexes et ses longues ailes que Bôh fut sauvé. Dans un réflexe instinctif, il battit des ailes de toute sa force. Seule sa queue fut touchée par une des griffes du monstre.
« Sadric, à toi ! » hurla-t-il. A présent que le monstre était sur ses antérieurs, il suffisait d’une petite poussée pour qu’il tombe en arrière. Il le regarda du coin de l’œil et sut qu’il n’allait pas le faire. Il était perché sur le bord de la falaise, les poils entièrement hérissés, un + feulement apeuré dans la gorge. Il n’avait que quelques secondes pour réagir. Il rabattit ses ailes et piqua sur le Grognard, qui était sur le point de retomber sur ses pattes avant. Il atterrit sur le sommet du crâne du monstre, et s’accrocha de ses pattes avant aux épaules du Grognard, tout en poussant de toutes ses forces sur ses pattes arrières, pour faire tomber le Grognard en arrière. Il n’eut même pas le temps de demander à Ynul ou Falet de l’aider. Il ouvrit la gueule au moment où les deux autres linéfs se posaient à côté de lui, faisant de même. Le Grognard poussa un hurlement affolé, un bruit sourd qui les secoua tous les trois, mais ils tinrent bon, s’accrochant désespérément aux écailles comme ils le pouvaient. Le Grognard tenta de se cabra pour retomber sur ses pattes avant, mais leur poids était trop important. Et d’après le grondement d’effort que Bôh entendit, Warry ou Dalj devaient pousser pour l’emmener vers le vide. Avec un dernier hurlement à réveiller les morts, le Grognard tomba en arrière. Falet et Ynul s’envolèrent immédiatement. Bôh prit soin de rabattre ses ailes, tombant malgré lui avec le Grognard. S’il essayait de s’envoler en même temps que les autres, ses ailes les gêneraient tous les deux, et il ne ferait que les empêcher de s’enfuir. En faisait ça… Il serait le seul à mourir pensa-t-il sombrement. Il entendit le rugissement affolé de Sadric s’élever tandis qu’il tombait vers le sol avec le Grognard. Il s’écarta prestement du monstre, mais resta les quatre pattes en l’air. Il voulut se retourner pour que ses ailes puissent le porter, mais le sol avançait à une vitesse folle vers lui, il était trop proche… Une ombre passa sous lui, le tapant rudement dans les ailes et le faisant se retourner plus vite qu’il n’aurait pu le faire lui-même. Il étendit ses longues ailes blanches et elles arrêtèrent d’elles-mêmes instantanément sa chute. Sadric lui fit un petit sourire timide, battant des ailes pour rester à sa hauteur.
« Je suis désolé de ne pas avoir eu le courage de…
-Tu as eu le courage de sauver une vie, et cela compte bien plus pour le clan. » le coupa Bôh avec un sourire sincère.
Ca aussi, c’était quelque chose qu’il avait découvert de naturel, en lui. Redonner le moral aux troupes. Les deux inéfs s’élevèrent dans les cieux, sous les cris de joie et les hourras de leurs compagnons.


Zina : 1er chapitre
Spoiler: show
Alors que Zina tétait tranquillement, enfin débarrassée de Macho à qui Marah faisait la toilette, elle jeta par hasard un regard en direction de Saja, qui agitait à nouveau ses ailes, essayant comme tout le temps de s’envoler. Et en effet, une fois qu’elle bondissait du sol, elle parvenait à rester quelques instants en l’air, faisant du sur-place, mais cela n’allait jamais plus loin. Mais ce n’était pas les actions de Saja qui l’interloquèrent, ce fut plutôt son expression. Est-ce que… Est-ce que Saja était en train de pleurer ? Sa grande sœur, celle qui l’avait toujours protégée, défendue et rassurée, était-elle réellement en train de pleurer ?
Zina s’arrêta de téter, se lécha les babines, puis trottina en direction de sa sœur au pelage plus foncé. Elle se posta juste en face d’elle, la regardant droit dans les yeux.
« Dis, pourquoi tu pleures ? »
Saja se posa immédiatement, mais nia aussitôt.
« Je ne pleures pas !
-Si, tu pleures ! Il y a des larmes sur tes joues ! Si tu pleures, et bien… je… »
Les yeux de Zina s’emplirent de larmes à son tour. Que pourrait-elle faire pour empêcher sa sœur de pleurer, elle qui était si forte et si courageuse ? Quelle que soit la chose qui lui fasse de la peine, comment elle-même qui était si faible et si peureuse pourrait l’en en débarrasser ?
« Oh, Zina ! » fit Saja, apparemment attendrie. Elle essuya ses larmes, puis s’approcha d’elle pour frotter sa tête contre la sienne en ronronnant.
« Ne t’en fais pas, je ne suis pas triste. Je suis juste en colère. »
Zina s’éloigna d’un pas, étonnée, contemplant sa sœur de ses yeux châtaigne, les mêmes que sa sœur Saja.
« En colère ? Mais pourquoi ?
-En colère contre Rarisk le chef. C’est moi qui ai été blessée, mais c’est moi qui suis punie et privée de sortie ! C’est totalement injuste !
- Mais enfin Saja, il ne voulait pas te punir ! »
Ses paroles furent presque recouvertes par le hurlement de protestation de Macho, ce qui la força à s’arrêter de parler.
« Maman ! Tu es en train de me détacher les ailes !
-Macho, tes ailes sont solides, comme celles de ton père. Elles ne vont pas se détacher aussi facilement, et surtout pas à cause de quelques coups de langue. Et si tu ne tâchais pas tes ailes, je ne serais pas obliger de les laver. »
Zina reprit la parole, expliquant :
« Rarisk voulait te protéger ! Après la punition qu’a reçue Barbarian, il ne va avoir qu’une envie : se venger de toi ! Mais tant que tu es dans ta tanière, tu ne crains rien, tu es protégée, il ne peut rien t’arriver. »
Saja écarquilla les yeux, comme si ce qu’elle venait de dire était une révélation pour elle.
« Ainsi, Rarisk ne voulait pas me punir, il voulait seulement me protéger ? »
Zina hocha la tête affirmativement, et enchaina :
« Alors, s’il te plait, arrête de pleurer Saja… »
La plus foncée des deux hocha la tête, et essuya ses larmes avec un reniflement.
« Mais quand est-ce que je pourrais me remettre à voler, moi ?
-Ne t’en fais pas, je suis sure qu’on va trouver une solution pour que tu t’entraines. » lui répondit Zina avec un sourire timide. Saja se mit ronronner tellement fort que Zina faillit sursauter. Mais comprenant que ce n’était pas une affreuse bestiole qui était rentrée dans la tanière pour la dévorer, elle fit un pas vers sa sœur et se mit elle aussi à ronronner.
« Saja, c’est à ton tour ! »
Macho interrompit leur entretien en se dirigeant finalement vers les deux linevettes, la mine déconfite comme s’il venait de livrer une dure bataille et qu’il avait finalement perdu. Ses ailes étaient légèrement écartées, surement à la façon de ces délicieux oiseaux de mer dont Marah lui parlait de temps en temps.
« Erk, c’est dégoutant ! » s’exclama-t-il en s’asseyant à côté de ses deux sœurs, « J’ai les ailes pleines de bave, c’est affreux ! Ca va mettre des heures pour sécher ! »
Zina s’approcha de lui et lui léchouilla le museau avec un ronronnement compatissant tandis que Saja pouffait de rire devant sa mine abattue. Alors que Macho s’était mis à feuler devant les gloussements de sa sœur aînée, sur le point de lui bondir dessus, les ailes écartées en position de combat, leur mère prit Saja entre ses crocs, mettant fin prématurément au combat. Zina contempla les ailes de son frangin, réfléchissant. Comme leur mère l’avait indiqué, oui, c’était vrai que les ailes de son frère étaient lourdes, solides et puissantes, bien accrochée à son corps. Elle se doutait que quelqu’un ait des ailes plus puissantes, à part peut-être le chef Rarisk. A vrai dire, c’était quasiment l’inverse de ses propres ailes. Elle en profita pour les déployer et les aérer en battant un peu des ailes, envoyant sans le faire exprès un nuage de poussière en la direction de sa mère. Marah releva la tête et poussa un léger grognement.
« Zina, voyons, fais attention ! Je suis en train de faire la toilette de ta sœur, ne va pas déjà tout ruiner !
-Désolé Maman, je n’ai pas fait exprès ! »
Marah retourna à la toilette de Saja, et Zina en revint à ses réflexions. Ses ailes étaient pareilles à celles de sa mère et de sa grand-mère, immenses, mais fines et très fragiles. Certainement pas des ailes de futur guerrier comme celle de son frère. Quant à Saja… Elle tourna la tête vers sa sœur, en repliant ses immenses ailes. Celle-ci levait la tête vers le haut pour permettre à sa mère de lui nettoyer la gorge. Puis elle déploya ses ailes pour que Marah puisse les nettoyer. Zina eut un sourire. Les ailes de Saja étaient le parfait mélange entre celles de Macho et les siennes. Elles avaient la base de Macho, sa puissance, ses muscles, et la solide constitution de ses larges os, mais elles étaient aussi larges et grandes que les siennes, pouvant la porter sur de bien plus grandes distances sans effort. Aucun doute qu’elle ne devienne une grande virevolteuse, entre la puissance de ses ailes et la dextérité ainsi que l’agilité que lui apportaient des ailes aussi grandes.
Et ce fut à son tour de faire sa toilette. Elle s’approcha sagement de sa mère pour que celle-ci s’occupe d’elle. Sa mère la prit délicatement entre ses crocs, et la posa entre ses pattes, avant de se mettre à la lécher vigoureusement. Mais à la différence de son frère et de sa sœur, entre deux coups de langue, elle se mit à lui demander :
« Zina ! Ta grand-mère… m’a parlé de toi…elle a dit… des choses… intéressantes… Il semblerait… que tu sois… plutôt douée… ou plutôt… ais des… connaissances innées… sur la façon… dont fonctionne… le corps… des linéfs…. Elle a ainsi… suggérée… que tu…. Passes un peu… de temps… chez le… guérisseur… Brinor…. Qu’en penses-tu ? » termina-t-elle en arrêtant de la lécher, la contemplant avec amour. Zina se mit à trembler de tout son corps.
« Aller… Dehors ? Dans une autre tanière ?
-Oui, je pense que ça te ferais le plus grand bien. Ainsi, tu pourra commencer à sortir un peu de cette tanière qui va commencer à être trop petite pour vous. Par pitié, ne parles pas de ça à ta sœur, sinon elle risque de faire des bonds partout en apprenant que vous allez commencer à passer beaucoup plus de temps dans le camp. » termina-t-elle en remuant des vibrisses, amusée. Zina hocha la tête avec de grands yeux, puis s’éloigna, la boule au ventre.


Dastel : 1er chapitre
Spoiler: show
Dastel se posa non loin de la tanière des Vieux, cherchant du regard la vieille chouette. A peine fit-il quelques pas que la silhouette qu’il cherchait du regard apparut, sortant de l‘ombre.
« Je pourrais reconnaître cette démarche de paon entre toutes. Et sachant que tu n’as pas de parents parmi ces vioques qui me servent de congénères, tu ne peux en avoir qu’après moi. Alors, que me veux-tu, jeune blanc-bec ? »
Il ne se rendit compte qu’à cet instant que les sarcasmes et la franchise paradoxale de la vieille linève lui avaient incroyablement manqué, depuis que sa sanction était terminée. Bon, c’est vrai qu’il s’était arrangé pour que la sanction dure un poil plus longtemps…
Il ne put s’empêcher de ronronner doucement, ce à quoi elle rétorqua :
« Arrête de ronronner ainsi, sinon je risque de faire des choses qui feront croire aux autres idiots de la tanière que je suis véritablement devenue complètement gaga.
-Oh, quel drame cela serait !
-Allez, cesse de faire de l’esprit, morveux, et crache le morceau, avant que je ne fonde au soleil ! »
Parce que vous êtes en sucre ? faillit-il ajouter, mais il se retint. A son âge, il n’était pas bon de rester aussi longtemps au soleil, surtout qu’aujourd’hui, le soleil tapait particulièrement fort.
Ses yeux arrêtèrent de pétiller avec malice, et ses ailes s’abaissèrent, tandis que sa queue fouettait l’air avec gène.
« J’ai un conseil à vous demander…
-Ne serais-pas un conseil marital ? »
Dastel eut un instant d’arrêt, le souffle coupé. Était-elle au courant, ou… ?
« Mon cher petit Dastel, tu sembles oublier que j’ai un mari qui est une insupportable commère. Ainsi que des congénères qui adorent répandre des rumeurs. Or, il n’y a pas mal de jeunes linèves – et pas mal de linèves plus âgées – qui sont jalouses d’une certaine Siniah, qui semble avoir la faveur de deux mâles particulièrement prisés dont, d’ailleurs, les deux familles respectives se battent pour que leur rejeton puisse avoir cette petite entre leurs griffes. Mais tous savent, qu’au fond, c’est l’Amour qui triomphera, comme toujours ! » termina la linève bicolore avec un sourire pétillant de malice.
Dastel fit la grimace en feulant doucement, déployant légèrement ses ailes sous le coup de l’embarras.
« Encore ces stupides bécasses… » fit-il dans un murmure qu’il était quasiment sûr que Déca entendrait, avec son ouïe fine. Il lui vint brusquement à l’esprit que ces imbéciles jalouses, si elles se mettaient réellement en colère à cause de son favoritisme, pouvaient faire du mal à sa chère Siniah.
« Ont-elles déjà menacées Siniah ou… ? »
Déca éclata de rire, de ce rire affreux qui lui avait fait si peur la première fois. Il se détendit immédiatement, reposant les ailes le long de son corps, ses poils se déshérissant naturellement.
« Non, absolument pas, Siniah est une linève bien trop adorable pour qu’on puisse lui en vouloir bien longtemps. »
Dastel hocha la tête, approuvant. Il voyait encore son doux sourire, ses merveilleux yeux roses clairs, la blancheur du bas de son museau… Les yeux dans le vague, il aurait pu rester comme cela encore quelques minutes, si Déca ne l’avait pas interrompu dans sa rêverie.
« Raah, ces bougres d’amoureux ! T’as pas fini de penser à l’élue de ton coeur, oui ? »
Il secoua brusquement la tête, revenant à la réalité alors qu’elle donnait un léger coup de sa longue aile cassante.
« Aoutch ! » exagérera-t-il, « quelle force !
-C’est ça ! Cesse de te moquer, jeune énergumène, et dis-moi plutôt ce qui se passe avec la jeune Siniah.
-Eh bien…Si votre meilleur ami et vous étiez amoureux de la même personne, et que celle-ci n’était amoureuse que de vous, que feriez-vous ?
- C’est simple, profites-en, va avec ta jolie Siniah ! Mieux vaut un seul malheureux que trois, c’est évident, non ?
-Oui, c’est vrai que vu comme ça… Mais il n’empêche que Bôh m’en voudra à jamais !
- Ce sont les joies de l’Amour, mon cher lineveau ! Bien, maintenant que tu as eu ton conseil, j’ai une faveur à te demander. »
Le vieille linève s’avança de quelques pas vers Dastel, jusqu’à coller quasiment son museau sous le sien. Comme lors de leur première rencontre, elle devait essayer de le voir comme il était, et non pas comme une tâche sombre dans son champ de vision.
« Deviens mon apprenti ! »
Dastel recula d’un pas sous le coup de la stupeur, mais Déca s’avança d’un pas pour rester à sa hauteur.
« Mais… je… Vous…
-Ecoutes-moi bien, Dastel. A ton âge, on m’a proposé d’être une Invisible. »
Dastel leva un sourcil, surpris.
« Et vous avez décidés de passer le reste de vos jours avec le poste tellement envieux de Gardienne de la connaissance et de la sagesse, au lieu de de s’ennuyer à apprendre la magie et à devenir une Invisble ? »
Elle remua des vibrisses, amusée de son ironie, mais garda une voix froide pour lui répondre :
« Jeune impertinent ! Ecoutes au lieu de te moquer ! On m’a donc proposé de devenir une Invisible. Mais le fait est que j’avais déjà commencé mon apprentissage de Gardienne. Je ne te le cache pas, j’ai longtemps hésité. Puis j’ai décidé de prendre une décision non pas par rapport à ce que je voulais moi, mais par rapport à ce dont avait besoin le Clan. Et il y avait déjà un autre Invisible dans le camp, mais le Gardien était aussi âgé que moi à présent. Personne ne m’aurait fait de reproche si j’étais devenue Invisible. Mais j’aurais eu sur ma conscience la perte de toutes les connaissances et des savoirs de notre peuple. Je n’aurai pas pu vivre avec cela sur la conscience. Le pourras-tu, jeune Dastel ? »
Le beau Linéf noir soupira, déchiré. Il voudrais faire plaisir à son amie, mais d’un autre côté… Apprendre le savoir de tout leur peuple ? En serait-il a moins capable ? Avait-il suffisamment de mémoire pour cela ? Et tout le monde savait que bien que ce poste soit très honorifique et rapporte beaucoup d’honneur à sa famille, cela était un des métiers les plus ennuyeux du monde. Mais en effet, il ne pourrait avoir la perte du savoir de leur peuple sur les ailes. Il n’en serait plus jamais capable de voler. Il ferma les yeux en baissant la tête, mais tenta tout de même une dernière fois :
« Et Yreb, votre apprenti ? Que va-t-il devenir ?
-Chasseur, probablement. De toute façon, ni lui ni moi avions envie qu’il ne devienne Gardien. Il sera fort heureux de savoir qu’il est détaché de cette tâche. »
Dastel remua des vibrisses, amusé. Au moins, il n’entendrai plus cet idiot prétentieux d’Yreb clamer haut et fort qu’en tant que futur Gardien de la Sagesse et de la Connaissance, on lui devait le respect absolu !
« Bien, vous avez raison. Je dois m’incliner devant la Sagesse. » termina-t-il en alignant les gestes avec les paroles. Il baissa la tête et les reins, les ailes déployées quasiment au sol, ce qui fit pouffer de rire Déca.
« Très bien, mon jeune idiot d’apprenti. A parti de maintenant, je vais te demander un exercice très simple, la base pour devenir un Gardien de la Connaissance. Tu vas devoir t’exercer à sortir tes griffes une par une.
« Pardon ? » demanda le jeune mâle aux rayures d’or, interloqué.
« Tu m’as parfaitement entendu, jeune blanc-bec. Alors vas-t-en, je ne veux plus te voir avant que tu ne saches parfaitement faire cet exercice. Allez, oust, du balai ! »
Dastel recula de quelques pas, étonné, puis releva le bas de ses ailes. Bah, si c’est tout ce qu’elle exigeait de lui pour l’instant, un stupide petit exercice, il s’y plierait, il n’y avait aucun problème !


Siniah : 1er chapitre
Spoiler: show
Siniah volait. Il n’y avait personne dans les cieux, que ses propres pensées et le battement de ses ailes puissantes. Plus qu’elle-même… et les deux linéfs qu’elle avait en tête. En soupirant, elle arrêta de battre des ailes, prenant un courant ascendant qui la dirigeait droit vers la forêt en dessous… et entre deux montagnes. Avec agilité, elle passa entre deux pics, se contentant de réorienter ses ailes pour les éviter.
Bôh et Dastel. Dastel et Bôh. Au départ, c’était de Dastel dont elle était follement amoureuse. En lui, elle avait eu l’impression de remarquer un linéf attentionné et attentif aux autres, malgré ses belles paroles et son cynisme. Malgré tout ce que les autres linéfs disaient autour de lui, elle y croyait sincèrement. Elle l’avait déjà vu réconforté un lineveau apeuré avec lequel sa parenté était très éloigné, et cela lui était arrivé de nombreuses fois d’aider d’autres personnes dans le besoin, notamment soutenir d’une épaule forte des Anciens ayant du mal à marcher. Mais ça, personne ne semblait s’en rappeler, à part elle. Tous ne se souvenaient que de ses paroles méchantes et de son humour douteux. Elle, savait aller au-delà de ça. Elle, elle savait découvrir le véritable cœur des gens. Et puis, depuis quelques temps, c’était Bôh qui lui avait attiré l’œil. Lorsqu’elle lui avait annoncée qu’elle aimait Dastel à sa place, son regard choqué, son horreur… cela avait failli lui briser le cœur. Elle avait pensé immédiatement qu’elle venait de briser l’amitié entre Dastel et Bôh. Mais contrairement à ce qu’elle avait pensé, leur amitié n’avait fait que de se renforcer. Bôh avait bien transmis son message, et Dastel et elle s’étaient rapprochés légèrement. Elle voyait bien que de son côté, Dastel était lui aussi amoureux, mais… Mais il faisait comme si elle était seulement une amie proche pour lui, et rien de plus. Et cela lui faisait mal, terriblement mal. Pourquoi n’osait-il pas être lui-même ? Pourquoi n’osait-il pas réellement l’aimer, être cette personne pleine de bonté et de cœur qu’elle sentait qu’il était malgré lui ? Il continuait de se comporter comme un bon à rien, suivant les mauvaises personnes, alors qu’il était tellement mieux que ça !
Tandis qu’à l’inverse, Bôh… Le voire traiter le Der comme une véritable personne, voire comme un ami, l’émouvait. Il y avait tellement peu de personnes à s’occuper de Khargo comme il méritait qu’on s’occupe de lui, à le considérer comme une personne réelle, et non pas un bouffon visant à amuser la galerie, ou pire encore, un défouloir ambulant, comme le faisait cet idiot de Barbarian. Et lui, elle était sure qu’il l’aimait, au moins. Et puis… elle devait s’avouer malgré elle que cela était très tentant d’être en couple avec le Bêta.
Sa décision était donc prise. En espérant que ce soit la bonne, ne pût-elle s’empêcher de penser avec un pincement au cœur. Elle amorça sa descente avec habilité. En tant que chasseur, les plongées en piqué, cela la connaissait. Ses grandes ailes pelucheuses la freinèrent avec une efficacité déconcertante. Elle atterrit dans une des plus petites clairières du clan, non loin de la tanière des Anciens… quasiment nez à nez avec Dastel !
Elle fit un léger bond en arrière, de stupeur. Que faisait-il ici ?
« Siniah ! » s’exclama-t-il d’une voix ravie, les yeux pétillants. « Je voulais justement te voir. J’ai quelque chose à te confier… Cela fait très longtemps que j’aurais dû te le dire, mais… »
Il baissa le seul œil d’un vert pur que l’on pouvait voire, puis releva la tête, plongeant le regard de cet unique œil dans ses yeux roses.
« Je t’aime, Siniah. Je t’aime, si désespérément que j’ai peur de détruire la seule amitié qui compte réellement pour moi. »
Siniah se mit à sourire, son cœur se serrant. Sa décision était prise, elle ne pouvait plus revenir là-dessus.
« Je suis désolé, mon beau Dastel. Tu as pris trop de temps à me le confier, il est à présent trop tard. J’ai longtemps hésité entre toi et Bôh, mais c’est à présent Bôh qui est l’élu de mon cœur. »
Siniah le lécha doucement sur la joue, en partie pour ne pas voir le désespoir, l’amertume et la colère s’allumer dans son œil si pur. Elle se détourna, et s’envola à nouveau, à la recherche du linéf immaculé élu depuis peu Bêta.




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Messagepar keranne » 01 Fév 2015 10:58

Zina : 2ème chapitre
Spoiler: show
Marah avait emmenée Zina, comme elle l’avait promis, dans une autre tanière. Celle du guérisseur. Oh, bien sûr, il n’était pas aussi impressionnant que le chef Rarisk, mais sa tanière devait fourmiller de choses horribles et inconnues. Plein de plantes étranges qui lui donneraient le frisson, et d’autres… choses, que son imagination n’arrivait pas à définir, plus terribles encore. Qui sait si certaines d’entre elles n’étaient pas dangereuses ? Qui sait si une affreuse bestiole n’allait pas sortir de la tanière et lui bondir dessus ?
« Reste ici en attendant Brinor, Zina. Sois sage, le guérisseur ne devrait pas tarder à arriver. Entre temps tu auras la compagnie de ses trois apprentis. Sois polie et gentille avec eux, mais sur ce point-là, je te fais confiance. » termina-t-elle en lui léchant le haut de la tête.
Puis sa mère ouvrit les ailes, s’envola et l’abandonna là, à son triste sort. Zina était terrifiée. Elle était seule, perdue dans un environnement hostile. Quelle serait l’abominable être qui allait l’attaquer ?
Une masse poilue la renversa, et elle hurla de toute la force de ses poumons.
Des rires éclatèrent, et elle se releva, les larmes aux yeux, morte de peur et de honte.
Trois lineveaux se tenaient face à elle, riant aux éclats, se moquant ouvertement de sa peur. Trois frères, sans aucun doute, vu leur ressemblance physique évidente. Leur pelage a tous était beige, mais l’un d’entre eux avait des rayures noires, l’autres des ocelles roux et le dernier des tâches jaunes. Tous les trois étaient bien plus grands qu’elle, et plus âgés. Elle fronça les sourcils, énervée. De quel droit ils osaient ainsi se moquer d’elle ! N’étaient-ils pas au courant qu’il y avait des choses monstrueuses dans le monde extérieur ? Des serpents et des araignées qui pouvaient vous tuer d’une simple blessure, et pire encore, des Grognards qui vous dévorait ! Si eux aussi ils pouvaient comprendre à quel point cela faisait peur de voire quelque chose d’inconnu pour la première fois, qui semble réellement menaçant et…
Les autres lineveaux s’interrompirent brusquement de rire, et ouvrirent de grands yeux en regardant derrière elle. Ah non, ils n’allaient pas recommencer à se moquer d’elle comme ça ! Volontairement, elle ne se retournera pas. Ils eurent beau continuer à faire les imbéciles, leur pelage se hérissant et tremblant de tous leurs membres, elle ne rentrerait pas dans leur jeu. Hors de question ! Au final, ils s’en allèrent en hurlant de peur, et elle finit par regarder derrière elle. Là, ils allaient un peu trop loin pour que ce ne soit qu’un jeu destiné à être méchant envers elle. Mais derrière elle, il n’y avait rien. Enfin, rien à part le Der Khargo, qui avait un air aussi surpris qu’elle. Mais à l’instant où elle posa ses yeux sur lui, il se recroquevilla sur lui-même, posant les pattes sur les yeux, et murmurant comme pour lui-même :
« Khargo ne voit pas la boule de poil, donc la boule de poil ne doit pas voire Khargo. C’est logique, non ? Si Khargo ne voit pas la boule de poil, elle ne doit pas voire Khargo… »
Zina éclata de rire devant cette logique étrange et absurde, mais une voix retentissante l’interrompit :
« Zina, peux-tu m’expliquer cette histoire de monstre ? »
Zina se retourna en sursaut, les ailes déployées, comme prête à s’envoler. Mais elle constata que ce n’était que Brinor, le guérisseur. C’était seulement la deuxième fois qu’elle le voyait, mais elle fit aussitôt le lien avec les trois lineveaux qui l’accompagnaient.
Brinor était surement leur grand-père, c’était marquant… et assez amusant. Ils avaient le même poil court, et la même base de pelage beige. Brinor était rayé au niveau de la tête, de la base des pattes et de la queue, puis ocellé sur le corps, et enfin tacheté sur les parties basses, c’est-à-dire le poitrail, le ventre, l’intérieur des pattes, ainsi que le bas du museau.
« Je ne sais pas. Je suppose qu’ils ont dû avoir peur du Der, qui a dû leur faire une étrange grimace... ou je ne sais pas. »
Derrière elle, Khargo se mit à faire des bruits assez étranges, presque inquiétants. Elle se retourna, et le vit faire une grimace véritablement monstrueuse, au pont que cela lui tordait le visage d’une manière vraiment horrible. Oui, c’était surement ça qui avait dû se produire.
« Graouh.. Le méchant Khargo est un monstre mangeur de boules de poils… Graouh, il va tous les manger ! » fit-il en bondissant sur la petite Zina… et se mettant à lui chatouiller le ventre.
Elle éclata de rire, suppliant qu’il arrête ; mais ce e fut pas ses suppliques entremêlées de larmes de rire qui firent s’arrêter Khargo, mais la voix de Brinor.
« Khargo, c’est bon, ça suffit. Laisse donc ces lineveaux tranquilles, ils doivent à présent travailler avec moi. »
Aussitôt, le Der s’arrêta et recula de plusieurs pas, rampant presque sur le ventre.
« Bien maître Brinor, bien ! Khargo ne plus toucher aux boules de poils de maître Brinor. Khargo ne plus faire peur aux boules de poils, bien, bien ! » termina-t-il en continuant de ramper dans la poussière. Une fois qu’il lui sembla s’être suffisamment reculé, il se releva, ne bougeant pendant plusieurs secondes. Puis une sorte de spasme sembla lui venir, il sauta sur place, et se mit à s’éloigner en trottinant, chantant pour lui-même de sa belle voix limpide, des paroles que Zina ne sut entendre de là où elle était. Elle se tourna à nouveau vers Brinor et les trois autres lineveaux. Ceux-ci s’éloignaient déjà en direction de la tanière du guérisseur. Zina courut pour les rejoindre, faisant de petits mouvements d’ailes pour aller plus vite. Pour rien au monde elle ne voulait rester seule, même au beau milieu du camp. Mais quelque chose la stoppa dans son élan.
Toutes griffes sorties, elle s’arrêta net devant la tanière, les yeux exorbités. D’ici, elle pouvait enfin voire l’intérieur de la tanière, et c’était horrible ! Des dizaines et des dizaines de pots contenants… Du feu de dragon ? Des yeux de basilic ? De la corne de licorne ? trônaient dans l’Antre, n’attendant qu’un faux pas de sa part pour déverser leur contenu hautement toxique.
Brinor remarqua son arrêt et se retourna, retournant sur ses pas pour lui faire une léchouille sur le crâne qui lui ébouriffa les poils de la mèche.
« Qu’est-ce qu’il y a, petite Zina ?
-Il y a.. Il y a plein de trucs bizarres là-dedans… Je veux pas y aller ! J’ai peur de ce qu’il y a dans les pots ! Si jamais c’était du feu de dragon ou de la poussière de fée et que quelqu’un en reversait… »
Elle se mise à hoqueter, à la limite de la crise d’angoisse.
Mais Brinor ne fit que rire, ce qui, étonnamment, rassura la jeune linève tâchetée. Elle rentra les griffes, se remettant à respirer normalement. Le guérisseur alla chercher un pot, sous les yeux de ses trois petits-fils, qui n’osèrent dire un mot. Il l’ouvrit et la déversa devant elle. Elle fit un pas de recul, par réflexe, mais se rapprocha en constatant que ce n’était que des petites boules rondes probablement d’origine végétale. Elle les renfila avec prudence tandis qu’il lui expliquait :
« Ce sont des graines de pavot. Dosées avec soin, elles peuvent atténuer la douleur de n’importe qui. Mais si jamais tu en manges trop, cela peut avoir de très graves conséquences. » termina-t-il avec un léger grognement dans la voix.
Zina hocha la tête, les oreilles pointées vers le Guérisseur, attentive au-delà du raisonnable. Il alla chercher un autre pot et commença le premier cours ainsi, expliquant les propriétés de chaque plantes et leurs attributions. Une fois qu’il eut étalé une dizaine de pots, il demanda à Zina de les remettre dans leur pot, ce qu’elle fit sans aucune crainte. Le vieux guérisseur en sourit dans ses vibrisses, sans que la petite linève peureuse ne le remarque.




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Messagepar Rostanga » 04 Fév 2015 12:05

Du temps... donne-moi du temps !
Je veux du teeemps !

*se calme*
En fait au départ j'avais peur vu le nombre de protagonistes, mais pour l'instant (je n'ai lu que 3 chapitres), ça va à peu près. Je vais quand même certainement devoir me faire un petit brouillon de hiérarchie+généalogie pour y voir un tantinet plus clair...

En tout cas j'adore... Les traits d'humour, le caractère si bien retranscrit de chacun... C'est super ! ^^
Et ce ne sont pas le quelques fautes qui vont me choquer par rapport à tout ça.
Des clics svp ? Merci.
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Messagepar keranne » 04 Fév 2015 21:12

il y a beaucoup de protagonistes, mais je les mets à petite dose, donc je crois que ça passe ^^ Merci beaucoup pour ton avis, c'est génial de savoir qu'au moins une personne lis ! * fais un câlin *

Des fautes ? Arrg, j'ai encore laissé des fautes ! Va falloir que je relises tout ça ^^'




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Messagepar Wolf759 » 05 Fév 2015 21:08

J'ai essayé de tout lire d'une traite... En vain... Je lis pas assez vite ^^.
J'adore! Juste génial, continue comme sa! Je me suis arrêté a un peu pret la moitier du chapitre 9, mais j'adore ^^.
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Messagepar keranne » 06 Fév 2015 07:06

C'est pas grave wolf, quant tu lis un livre, tu es obligé de faire des pauses, tu ne peux pas lire tout d'une traite. ^^
J'ai trois ou quatre chapitres en plus, voulez-vous que je les poste tout de suite, ou bien un par un ?




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Messagepar Gedwey » 06 Fév 2015 08:02

*enleve son anneau*

Chalut!j'ai commencé la lecture,et c'est vachement sympa!
C'est très agréable à lire,et l'histoire est intéréssante!

Sur ce,je vais continuer a lire!
*remet l'anneau*
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