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Quelle fanfiction préférez-vous ? Et dans celle-ci, quel personnage ?

Les aventures de Snowdreamer:
11
23%
*Dreamer
2
4%
*Snowstorm
0
Aucun vote
*Snowdreamer
8
17%
*Snow
3
6%
Les Crocs du Soleil:
9
19%
*Sinahi
5
11%
*Ehari
5
11%
*Aharon
4
9%
 
Nombre total de votes : 47

Messagepar keranne » 04 Mars 2013 21:10

Attention ! Si je n'ai pas au moins trois réponses pour me dire de continuer ou bien tout simplement un petit message pour dire que c'est bien ou que vous avez bien aimé, vous risquez de ne pas avoir le prochain chapitre... C'est à vous de choisir si vous voulez que je continue ou pas ;)

Donc voilà, j'ai décidé de regroupé mes fanfictions. La première est celle de Bella Sara, que certains d'entre vous connaissent déjà. La deuxième se situe dans le même univers que Le Royaume de Ga'hoole et que Le Royaume des Loups, que vous connaissez peut-être. ( et si vous ne connaissez pas, foncez, c'est un régal ! )
Je vous explique donc le principe: Chaque premier mardi du mois, je vous offre une nouvelle partie de l'une ou de l'autre de mes fanfiction, au hasard et selon mon inspiration.

Pourquoi le mardi ? Parce que ce jour-là, je n'ai cours que l'après-midi, et que comme je suis une grosse flemmarde, cela me forcera à ne pas faire de grasse-mat' jusqu'à 11 heures ^^

Pourquoi une fois par mois ? Parce que je suis étudiante, j'ai pas mal de boulôt, et plein de trucs à écrire ( j'ai prévu d'écrire une série de bouquin, ces fanfictions, ainsi qu'une autre sur Le Seigneur des Anneaux, en plus de quelques nouvelles s'ajoutant à ma série de livres et quelques autres extras. J'écris aussi sur un forum rpg, donc bon... ) Mais si je vois que vous êtes vraiment enthousiasmés, peut-être que je me forcerais à écrire un peu plus qu'une fois par mois ;)

*Un sondage a été mis en place, pour savoir quelle fanfiction et quels personnages vous préférez. Donc vous votez d'abord pour une des fanfictions, et ensuite pour un des personnages de cette fanfiction; Merci beaucoup pour vos votes, ils m'aideront à savoir quel fanfiction je dois privilégier ;)


Fanfiction de Bella Sara: Les aventures de Snow

J'ai toujours beaucoup aimé Bella Sara, et malgré le fait que j'ai 18 ans et que j'ai donné toutes mes cartes à mes petits cousins... bah je reste fan x)
Donc, j'ai décidé de vous faire découvrir une fanfiction que j'avais commencé et dont j'ai perdu totalement le texte. Je vais donc le réécrire entièrement ici, et vous pourrez le voir se former petit à petit ^^

Introduction



L'histoire est donc celle de la famille de Snowdreamer, et celle de sa soeur, Snow. Leurs parents, Dreamer et Snowstorm, vivent pour l'instant tout au nord du territoire du troupeau Panthéon, dans la partie neigeuse.
http://images2.wikia.nocookie.net/__cb2 ... ra-map.jpg

Les personnages de Bella Sara:
Dreamer: http://r14.imgfast.net/users/1415/14/07 ... eame12.jpg
"Laisse tes rêves te montrer le chemin"
Snowdreamer : http://www.modelequus.com/joomla/images ... reamer.jpg
"Aie le courage d'aller là où t'emmène tes rêves"

Les personnages inventés:
Snowstorm
"Le courage te permet d'atteindre des sommets"
Snow
"La neige te redonnera du courage"

Dreamer et Snowstorm, en amoureux:
Spoiler: show
Image


Snowdreamer et Snow jouant ensemble:
Spoiler: show
Image




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Le Kerrydex !
Je suis en deuil, désolé d'avance si j'ai moins de patience ou si je parle plus rudement que d'habitude. Je ne suis pas en colère contre vous, je suis juste triste. J'essaierai de faire attention, mais si ça arrive, merci de votre compréhension.





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Messagepar keranne » 04 Mars 2013 21:10

L'histoire: Les aventures de Snow

Un peu de musique pour mettre de l'ambiance -> ://youtu.be/e5bTveeJhJI

La jument hennit de douleur alors que son époux la soutenait vaillamment, essayant de la réconforter avec les pouvoirs de sa corne. Le bel étalon ne pouvait pas grand-chose, sinon lui donner l'illusion qu'elle n'était pas très fatiguée.
Heureusement, très bientôt, leur enfant naquit. Dreamer, le beau mâle à la crinière de nuage, se pencha sur leur nouveau-né. C'était une petite fille, qui avait la même crinière que la sienne. Sa corne toucha celle de la petite licorne et Dreamer se mit à rêver. En quelques instants, il eut un aperçu de la vie de sa fille : elle aurait de nombreux enfants qui feront sa fierté, mais elle devra aussi affronter de grands dangers et trouver l'amour de sa vie. Le nom de sa fille lui vint automatiquement sur les lèvres. "Snowdreamer" murmura-t-il. Comme s'il l'avait appelée, la petite pouliche ouvrit les yeux et regarda son père de ses grands yeux noirs. Puis elle se tourna vers sa mère, qui lui sourit avec tendresse, avant de lui remettre en place une mèche de sa longue crinière, qu'elle avait héritée de ses parents. A son tour, Snowdreamer tira une mèche de sa mère; la petite pouliche semblait fascinée par les fleurs rouges qui ornaient la crinière et les pattes de sa mère.
Snowstorm donna un petit coup de tête à sa fille pour avoir son attention, puis elle se leva. La petite Snowdreamer comprit tout de suite ce qu'elle avait à faire. Mais entre comment arriver à se mettre sur pattes et se lever, il y avait un abyme. La petite pouliche commença par les pattes arrières, qu'elle écarta un peu trop, puis essaya de se lever sur ses pattes avant... et patatras ! Elle était de nouveau par terre. Mais elle ne se découragea pas pour autant. Apprenant de ses erreurs, elle leva de nouveau les pattes arrières, mais en les rapprochant un peu mieux, puis mit un sabot antérieur en avant. Elle resta quelques instants ainsi, les membres flageolants sur ses trois pattes. Ses parents la regardaient avec fierté, Snowstorm lovée contre son époux Dreamer.
La petite pouliche fit un nouvel effort, leva la dernière patte, se mit debout... Elle voulut faire un pas mais elle n'avait pas fait attention au fait que ses petits sabots marchaient sur ses longs paturons de neige, et elle s'écroula avec un hennissement surpris.
Secouant sa petite tête aux longs crins et les emmêlant de nouveau, elle réessaya. Deux pattes, trois pattes, la quatrième... Elle fut de nouveau debout. Regardant ses jambes avec prudence, la petite fit un nouveau pas, en prenant soin de ne pas marcher sur ses longs poils. Snowstorm l'attendait patiemment, et hennit doucement pour l'encourager:
"Allez Snowdreamer, tu vas y arriver ! Rejoins-moi !"
La pouliche lui répondit par un hennissement de jeune poulain, et bondit dans sa direction. Elle se réceptionna de justesse, fit un autre pas, portée par son élan, et tomba de nouveau sous les yeux amusés de sa mère. La belle licorne aux ailes de neige pencha la tête vers la petite pouliche, et la lécha.
"Allez, recommences, tu ne dois jamais rester sur un échec."
Snowdremaer soupira, mais se mit encore une fois debout, puis elle fit un pas prudent, et un autre encore. "Ca y est, maman, je marche !
-Bravo ma puce !" lui répondit immédiatement son père, le sourire jusqu'aux oreilles.
La petite pouliche sourit aux anges, ravie.

Un an plus tard:
"Maman, dépêches-toi ! On est bientôt arrivés !" cria Snowdreamer du haut de la butte où elle était juchée. La petite licorne avait bien grandie, mais elle était encore loin d'atteindre sa taille adulte. Ses grandes jambes fines donnaient l'impression qu'elle était juchée sur des échasses, mais loin de la rendre ridicule, cela lui donnait de la grâce, la grâce d'un cygne. Les sourcils froncés sur ses grands yeux noirs, elle retenait à grand peine son impatience. Pourquoi sa mère était-elle si lente ? Et Papa restait toujours à ses côtés, comme si elle était en sucre. Mais c'était maman, la créature la plus forte au monde, juste après Papa ! Elle marchait d'un pas plus lent que jamais, et elle mangeait tellement en ce moment que son ventre était gros à éclater !
Là où ils devaient aller, l'herbe était tendre et d'un vert comme elle n'en avait jamais vu, cela donnait l'eau à la bouche rien que d'y penser ! Et Maman allait continuer à manger et à grossir...
"Snowdreamer !"
Ca, c'était Papa qui l'apellait. A toute vitesse, elle dévala la pente et le rejoignit, virant avec élégance pour s'arrêter juste en face de ses parents.
"Qu'y-a-t-il, papa ?
-Il faut qu'on parle, ma chérie.
-Oui, je suis bien d'accord. Car c'est pas une bonne idée d'aller là où l'herbe est super-bonne. parce que maman elle va encore se goinfrer, et après, son ventre sera tellement gros qu'elle va éclater !"
Dreamer la regarda d'un air à la fois surpris et amusée, les oreilles frémissantes.
"C'est justement de ça que je veux te parler, Snow'. Maman est enceinte, tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur.
-Quoi !? C'est lui qui est dans le ventre de maman et l'empêche de courir correctement ? Bah moi, quand je serais grande, je n'aurais pas de bébés poulains qui m'empêcheront de courir partout et de m'amuser.
-Oh, n'en soit pas aussi sûre, ma petite Snowdreamer !" lui répondit Dreamer d'un air mystérieux, un sourire sur les lèvres.
"Pourquoi tu dis ça ? Et qu'est-ce que tu en sais ?
-Je suppose que tu est assez grande pour savoir à présent que chaque cheval possède de grands pouvoirs, toi y compris." fit-il en la touchant du bout de sa corne pour confirmer ses dires.
En effet, Snowdreamer sentit, alors qu'il la touchait, une chaleur se répandre là où son père touchait sa robe immaculée.
"Mon pouvoir, dit-il de sa voix chaude et rassurante, est de rêver de l'avenir. Et j'ai vu le tien, ma chérie.
- Ah bon ? Et moi, ça sera quoi mon pouvoir ? Est-ce que je l'ai déjà ?
-Non, pas encore, mais tu ne devrais pas tarder à découvrir le tien. Et ne sois pas trop impatiente, Snowdreamer, tu risquerais d'être déçue."
Le beau mâle à la crinière de nuage et au pelage bleu grisé lui fit un clin d’œil, le sourire aux lèvres.
Snowstorm les avait enfin rattraper, de sa démarche rendue lourde et pataude. La petite licorne se détourna de son père, et trotta vers sa mère, avant de poser sa petite tête cornue sur le ventre de sa mère.
"Quand est-ce qu'il viendra, maman ?"
Les oreilles collées sur les flancs gonflés de sa mère, elle ferma les yeux pour mieux écouter. Oui, elle entendait un tout petit bruit, le tout petit bruit d'un tout petit cœur en train de battre. Et il était beaucoup trop petit pour que ce soit celui de sa mère.
"Dans quelques semaines, ma chérie." dit-elle en lui léchant la joue, puis elle lui remit une de ses éternelles mèches rebelles en place.
Comme son père et sa mère, Snowdreamer possédait une abondante crinière blanche, légèrement bouclée, qui s’emmêlait au moindre de ses mouvements. Mais Snowdreamer était tout aussi coquette que sa mère, et sa chevelure rebelle était le plus souvent bien ordonnée et coiffée, artistement mêlée de fleurs, de baies et de perles.




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Le Kerrydex !
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Messagepar keranne » 04 Mars 2013 21:11

Alors maintenant, voici ma deuxième fanfiction: celle sur les Royaumes.
Cette histoire s'appelle Les Crocs du Soleil, je compte en faire une véritable histoire que je transmettrais à l'auteur elle-même, Kathryn Lasky. Mais ce sera dans très longtemps, et je ne sais pas trop comment ça va se faire, étant donné que je suis très nulle en anglais, et je ne suis pas vraiment sûre qu'elle parle le français...
Précision: Je ne compte pas faire de dessins pour cette fanfiction, étant donné que je ne sais pas encore dessiné les félins suffisamment pour que ce soit potable. Mais si quelqu'un se propose, je serais ravie qu'il dessine pour moi, en échange de quoi je lui donnerais sans doute des spoilers et les chapitres en avant-premières ;)
Enfin, bon, voilà le Prologue, et l'histoire suivra dans le prochain message.

Image
Dessin par puccazaza !


Prologue : Un Drame


Les rugissements se faisaient de plus en plus proches. Les lionceaux, terrorisés, se serraient les uns contre les autres. Leurs poils étaient ébouriffés, leurs yeux écarquillés. Certains pleuraient même en silence. Les plus jeunes avaient à peine trois semaines, et la portée la plus âgée avait tout juste un an.
Au loin, les rugissements devinrent véritablement furieux. Une lionne efflanquée bondit sur ses pattes.
« Semara, non ! » voulut la retenir une autre lionne.
« Je ne peux pas rester ici les pattes croisées, alors que notre époux se fait massacrer par ces deux frères ; je vais aller l’aider, le convaincre qu’il vaut mieux qu’il s’enfuit en ayant la vie sauve, plutôt que de mourir inutilement. »
Les lionceaux regardèrent la grande lionne maigre bondirent hors de leur retraite.
« Il est temps. » murmura une des lionnes à celles qui restaient. Elles hochèrent la tête, les yeux pleins de larmes.
« Les enfants ! » Une magnifique lionne au pelage d’or se détacha du groupe de lionnes.
Tous les regards se tournèrent vers elle, les plus petits s’arrêtèrent de pleurer en la contemplant sa robe d’or et de soleil.
« Il est temps de se séparer. Courrez, aux quatre coins de la savane. Partez, sauvez votre vie pendant qu’il en est encore temps ! Allez ! » dit-elle en poussant les lionceaux les plus proches d’elle vers l’extérieur, vers le froid et l’inconnu.
Ce fut une cacophonie de murmures et de protestations. Un lionceau assez gras pour son bas âge cria : « Non, Maman je veux rester avec toi. Viens avec nous ! »
Son petit rugissement de protestation fut suivi par un grognement dépréciatif d’un minuscule mâle sombre, qui montrait ainsi le ridicule de sa requête.
La mère du lionceau gras le lécha entre les deux oreilles et lui répondit :
« Non, mon chéri, je ne peux pas. Il faut que vous partiez sans plus attendre. »
Les rugissements du combat, au loin, se rapprochaient de plus en plus. On entendait distinctement les cris de rage de deux lions, et ceux, désespérés, d’une femelle à l’agonie. Les lionceaux se dispersèrent enfin, les plus âgés soutenant les plus faibles, tous ayant la peur au ventre, tandis que les lionnes se mettaient à pleurer ouvertement au fur et à mesure que les lionceaux partaient.




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Le Kerrydex !
Je suis en deuil, désolé d'avance si j'ai moins de patience ou si je parle plus rudement que d'habitude. Je ne suis pas en colère contre vous, je suis juste triste. J'essaierai de faire attention, mais si ça arrive, merci de votre compréhension.





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Messagepar keranne » 04 Mars 2013 21:11

Chapitre 1 : Les trois lionceaux


Spoiler: show
Sénahi galopait de toute la force de ses pattes. Les hurlements et les ricanements des hyènes, derrière lui, lui donnaient des ailes. Ces charognards le dégoutaient, il aurait préféré mourir tué par n’importe quel animal plutôt que ces ignobles hyènes !
Mais malgré tous ses efforts, les hyènes continuaient de se rapprocher, ricanant de plus belle. Sénahi avait mal aux pattes, le souffle court et les herbes jaunies par le dur soleil lui fouettait le museau et le poitrail tandis qu’il les écartait dans sa course. Il sentait ses forces diminuer, sa foulée devenir moins sûre. Il trébucha une fois, mais réussit à reprendre aussitôt son équilibre.
Une odeur lui parvint au museau, et il courut vers elle avec espoir. Il sentait l’odeur d’un autre lion ! Et si… c’était son père ? Il accéléra de nouveau vers l’odeur, ses pattes martelant le sol et les herbes, malgré le fait que ce lion puisse être l’un des adversaires de son père. Mais il préférait être dévoré par l’un de ses semblables, plutôt que par une de ces immondes hyènes à la gueule puante.
Un éclair d’or roux mouvant, devant lui, attira son regard parmi les herbes immobiles. Il courut vers ce rayon d’or, mais son espoir se brisa. Ce n’était ni son père, ni un de ses adversaires. Ce n’était que son frère de portée Ehari, un des plus grands lionceaux de sa portée, mais un lionceau tout de même. Il n’avait aucune chance, tout comme lui, face aux hyènes. Et encore moins que lui, son embonpoint ne lui permettant pas de courir sur une longue distance. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais il cligna des paupières pour les faire partir. Pleurer ne lui servirait à rien, surtout dans une occasion pareille !
Sénahi prit à peine le temps de s’arrêter pour haleter « Des hyènes… Cours ! »
Le jeune lionceau ne regarda pas s’il le suivait, il ne pensait qu’à courir. Courir, courir et encore courir. Galoper, sa vie en dépendait. Mais il trébucha soudainement sur une racine, faillit s’écrouler et se réceptionna de justesse. La rage et le désespoir l’envahir. Il allait mourir ici, à l’aube de son existence ! Il allait mourir, et…
Sénahi pensa pendant une seconde que le temps que les hyènes rattrapent et mangent Ehari, il aurait quelques secondes de plus pour continuer à survivre. Puis le lionceau faillit s’arrêter, terrorisé et dégouté par lui-même. Comment pouvait-il penser une chose aussi affreuse ?
Le jeune lionceau jeta un coup d’œil derrière lui, pour être sûr qu’Ehari le suivait.
Ehari avait toujours été le plus fort de leur portée. Il possédait un beau pelage d’or presque roux, qui était encore tacheté. C’était un lionceau trapu, court sur pattes, mais cela se voyait qu’il avait de la force dans les pattes, il laissait de profondes empreintes en courant. Son visage était d’habitude souriant et confiant, mais aujourd’hui ses traits étaient fermés et durs ; il était déterminé. Ses yeux étaient verts clairs, comme la plupart des lionceaux de sa troupe.
Lui-même, Sénahi, était l’un des rares à avoir les yeux noirs, comme ceux de sa mère. Il se mit alors à penser à lui-même, et à ce qu’il perdrait en étant dévoré.
Sénahi n’aimait pas trop son pelage, il était plutôt classique, jaune or, très voyant. Il avait donc des yeux noirs, un visage assez expressif. Par contre, il aimait bien ses longues griffes blanches, un peu plus grandes que celles de ses frères, ce qui le rendait redoutable dans les bagarres.
Non, il devait arrêter de penser, continuer à courir, à galoper, à…
Le jeune lionceau trébucha une troisième fois sur une autre racine, et cette fois-ci, il tomba.
Les hyènes s’étaient tenues à l’écart, semblant s’amuser de les voir s’exténuer tous seuls. Mais à sa chute, elles se précipitèrent vers lui.
« Par ici ! »
Le cri lui fit redresser la tête, et il regarda avec espoir le grand arbre aux larges branches, à quelques dizaines de mètres, d’où la voix était sortie. Sans réfléchir, il courut de toute la force de ses pattes, pour avoir le maximum de vitesse possible et grimper le plus haut. Des bruits de pas à quelques mètres derrière lui augmentaient sa terreur. Mais il ne voulait certainement pas se retourner. Il ne pourrait supporter de voire la mort en face, de voire ces crocs démesurés se jeter sur lui. Sénahi grimpa à toute vitesse sur l’écorce de l’arbre, ses longues griffes sorties lui permettant de s’agripper aux aspérités de l’écorce et ainsi de monter toujours plus haut. Mais sa vitesse et ses griffes furent à peine suffisante pour lui permettre d’atteindre la première branche du bout des griffes antérieures.
C’est alors qu’une paire de mâchoires et un sourire meurtrier l’attrapèrent par la peau du cou, et il ne put s’empêcher de grogner de douleur quand les crocs lui pénétrèrent légèrement dans la peau. Les mâchoires le soulevèrent de quelques centimètres, mais cela lui permit de prendre appui sur la branche à la fois par les pattes antérieures et les postérieures, et il sauta sur son issue de secours, les poils hérissés. Il n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps. Sénahi eut juste le temps de se retourner pour voir Ehari planter ses griffes là où il les avait mises, quelques instants plus tôt. A son tour, il mordit le lionceau dans le cou et l’aida à se hisser difficilement sur la branche.
Une hyène sauta et mordit dans l’écorce de la branche qui les soutenait. Bien vite, les deux lionceaux passèrent à l’étage supérieur, puis au suivant, aussi haut qu’ils pouvaient se le permettre. Une fois qu’ils se sentirent clairement à l’abri, Sénahi s’arrêta de bouger, incrédule. Ils étaient en vie ! Le pauvre lionceau tremblait de tous ses membres, il n’avait jamais frôlé la mort d’aussi près. A côté de lui, Ehari semblait à peine fatigué. Bêtement, celui-ci s’exclama :
« Saleté de hyènes ! A cause d’elles, j’ai loupée la gerbille que je chassais ! »
Sénahi eut un brusque éclat de rire. Ils avaient faillis être dévorés par des hyènes, et tout ce qu’il trouvait à dire, c’était qu’il avait raté la gerbille qu’il voulait attraper !
Un second éclat de rire nerveux arriva, que Sénahi tenta de réfréner. Les rires et les jacassements des hyènes en contrebas lui hérissait les poils, et le rendait nerveux plus que de raison.
Ehari contempla les charognards quelques instants, puis il se mit à leur tirer la langue, et à faire des cabrioles, pour se moquer d’elles. Sénahi, cette fois-ci, ne put contenir le fou rire nerveux, et éclata de rire pendant plusieurs minutes, relâchant la pression et la peur qui l’avait étouffé alors qu’il galopait pour sauver sa vie. A son tour, Ehari éclata de rire, contaminé par celui du jeune lionceau.
Une fois que chacun eut repris son souffle, ils s’aperçurent que leur sauveur ne les avait pas suivis.
Sénahi ne l’avait vu que quelques instants, mais il avait reconnu la silhouette élancée et minuscule d’Aharon. Il se demanda alors pourquoi il l’avait sauvé. Il n’avait jamais été très proche de ce petit lionceau, mais d’après ce qu’il avait pu voir, il ne s’occupait que de ses propres poils, et s’en fichait comme de sa première léchouille des autres, ce n’était pas le genre à sauver quelqu’un si ça ne lui rapportait pas quelque chose en échange.
« Où est passé Aharon ? » demanda-t-il.
-Aucune idée, répondit le gros lionceau en se grattait le côté du museau d’une de ses grandes pattes. Et je dois te dire que je suis bien content de ne pas l’avoir dans les pattes. On m’a dit que ce n’était rien qu’un frippon et un vaurien. D’ailleurs, l’autre jour, j’avais réussi à attraper la plus grosse gerbille que je n’avais jamais vue, et je l’avais coincée dans un arbre pour m’en régaler pour plus tard. Mais quand je suis revenue pour la récupérer, elle n’y était plus et Aharon se trouvait à proximité. Je suis persuadé que c’est lui qui me l’a piqué !
-Oui, j’en ai entendu parler. Une fois, je me suis battu avec lui, et il m’a vaincu, par traitrise et par tricherie. Il faudra qu’on ouvre l’œil s’il reste dans les parages.
-Tu sens ça ? l’interrompit soudainement Ehari. Il y a de la viande dans le coin, et cette petite course m’a donné de l’appétit. Suis-moi ! »
Sénahi renifla à son tour, et perçut un effluve délicieux de viande franchement abattue. Il semblerait que ce soit de la gazelle, par ailleurs.
Il suivit l’immense lionceau, et il dût s’avouer qu’Ehari était non seulement immense, mais il était incroyablement gros et gras, une vraie masse de graisse ! Comment avait-il fait pour se nourrir autant ? Ce n’était pas étonnant que le chétif Aharon paraisse si minuscule à côté de lui. Il suivit le grand lionceau, et celui-ci le conduisit quelques branches plus bas. En passant, Sénahi cassa une brindille, sans faire exprès, et la regarda tomber au sol, sur la croupe d’une hyène qui ne bougea pas d’un poil, mais le regardait avec de grands yeux affamés, attendant qu’il tombe dans ses croc. Le jeune lionceau à la robe d’or déglutit, et ses poils se hérissèrent tandis qu’il sentait la peur affluer en lui. Il courut et dépassa Ehari, pour qu’il ne puisse pas sentir sa peur et voire ses poils hérissés. Si jamais il ne tombait pas dans les crocs des hyènes, c’était dans les griffes d’Aharon qu’il succomberait…
Quand il écarta quelques feuillages, une agréable odeur de gazelle lui envahit les narines. C’était une gazelle presque entière qui trônait devant lui, prête à être dévorée ! D’ailleurs Aharon s’en occupait bien.
Il entendit Ehari qui s’exclamait derrière eux :
« Waouh ! C’est toi qui l’as tué tout seul ? »
Aharon leva son regard sur la proie qu’il mangeait allégrement, et un morceau de peau pendant de sa gueule, il lança à Ehari le regard plus méprisant que Sénahi n’ait jamais vu.
« Comment veux-tu que je tue cette gazelle, et l’apporte jusqu’ici ? C’est la proie d’une panthère, que j’ai découverte en grimpant ici. »
La peur comprima de plus belle le ventre de Sénahi, l’empêchant de manger.
« Elle vas nous tuer quand elle reviendra ! »
Aharon s’était remis à manger et il secoua la tête en soupirant, puis s’obligea à s’arrêter de mastiquer pour leur donner des explications.
« Ah ouais, et elle revient comment, ta panthère ? En volant sur le dos d’un éléphant rose ? Cervelles de termites ! Les panthères détestent les hyènes autant que nous. Vous pouvez être sûr qu’elle ne reviendra que quand elle sera sûre qu’elles sont toutes parties. Et d’ici là, avec un peu de chance, nous serons loin, très loin. Mangez, au lieu de faire la fine bouche. Nous en aurons besoin pour notre prochain voyage. Du moins, si vous voulez survivre. »
Il eut un sourire que Sénahi jugea malsain, puis continua de manger, l’air de rien. Sénahi tenta de trouver une faille à son raisonnement, mais il n’y en avait pas.
Le lionceau au pelage d’or lui jeta un regard noir, mais se mit à manger, suivis d'Ehari qui regardait le lionceau malingre comme s'il allait le faire tomber de sa branche jusque dans la gueule des hyènes, ce qui lui aurait sûrement fait plaisir.



Chapitre 2 : Éléphants, droit devant !



Spoiler: show
Les trois lionceaux étaient de nouveau affamés. La carcasse d’antilope, tuée par la panthère, était déjà très loin. Ehari avait à un moment donné trouvé une souris, mais il n’avait pas été assez rapide et la souris s’était enfuie, tandis que le pauvre lionceau balourd s’était attiré les foudres d’Aharon. Sénahi n’avait rien dit, mais il n’en avait pas moins pensé.
Sénahi ne lui avait rien demandé, et pourtant cet idiot amer comme le fiel s’obstinait à les suivre, à sa grande surprise. Bon gré, mal gré, Sénahi s’obligeait à devoir le supporter. Qu’est-ce que ce vaurien tramait ? Il n’en savait rien, mais au moins, s’il était proche, il pouvait le tenir à l’oeil. Peut-être qu’il leur serait utile, si ça se trouve ? Et puis, il ne pouvait décemment pas l’abandonner et le laisser mourir de faim, tout seul dans son coin, même si Sénahi en avait très envie.
Cependant, quand Ehari lui avait demandé pourquoi il tenait tellement à rester avec eux, il avait répondu, mot pour mot :
« Avec un peu de chance, malgré vos cervelles de fourmis, vous trouverez quelque chose à manger. »
De belles paroles, dignes du blanc-bec et du profiteur qu’il était !
Sénahi se demanda encore une fois pourquoi il gardait cet avorton avec lui. Et Ehari, pourquoi restait-il avec lui ? Ehari c’était différent, il le connaissait mieux, il savait qu’il pouvait lui faire confiance, à lui, à son cœur d’or et à sa force.
Alors que le jeune lionceau au pelage d’or ruminait ses pensées, Ehari sortit de son silence boudeur et s’écria :
« Regardez !»
Le cri fit sursauter Sénahi et s’envoler quelques oiseaux.
-Parles plus fort, juste pour être sûr qu’un babouin ou un groupe de coyotes nous entende ! »
Ehari regarda Ahahron d’un air interloqué, ce qui fit soupirer le lionceau sombre de plus belle.
Bon, d’accord, Ehari n’était pas très intelligent et réceptif au cynisme, mais on ne pouvait lui en vouloir !
« Laisse tomber Ehari, ne l’écoute pas, il n’en vaut pas la peine. »
Le museau d’Aharon sembla se renfrogner encore, si c’était possible.
« Qu’est-ce que tu voulais nous montrer ? »
Ehari grimpa sur le vestige d’un tronc d’arbre, et plissa les yeux.
« Regardez, je crois bien qu’il s’agit d’un troupeau d’éléphant, là-bas ! »
Aharon grimpa à son tour, à droite du lionceau massif, et plissa les yeux lui aussi, mais il semblait ne rien voir. Sénahi fit de même, étudiant le paysage, mais ne vit rien, à part un nuage de poussière, et il en fit la remarque aux deux autres.
« Ton nuage de poussière, c’est le troupeau d’éléphant, crétin ! » répondit Aharon.
Rah, quelle langue de vipère, celui-là ! Ce n’était pas parce qu’il était un peu plus intelligent qu’eux deux qu’il devait tout le temps le leur montrer !
Cet idiot devait sûrement être jaloux car il n’avait rien vu du tout, contrairement à lui-même et Ehari.
Les trois petits se dirigèrent vers le troupeau d’éléphant, car de toute façon, ils n’avaient rien de mieux à faire.
« Et peut-être que, sans faire exprès, les éléphants ont écrasés une bestiole qu’on pourrait manger ? » supposa Ehari.
« Ouais, c’est ça, et peut-être qu’un beau jour, ta sale tête pleine de vide se réveillera avec un cerveau… » murmura le lionceau perfide.
Heureusement pour lui, Ehari n’avait rien entendu, mais Sénahi ne put s’empêcher de lui marcher volontairement sur la queue, pour avoir dit autant de mal de son frère. Aharon se retourna, regarda Sénahi et lui feula dessus, mais ne lui sauta pas dessus, comme Sénahi aurait espérer. Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour avoir une occasion d’enfoncer ses griffes dans les côtes faméliques de cette cervelle d’asticot ! Mais Aharon se contenta de s’éloigner légèrement de Sénahi et Ehari, ce qui leur allait parfaitement. Ehari poussa un soupir de soulagement qu’Aharon dût entendre, à voir le tressaillement de ses oreilles.
Sénahi sentit son cœur se serrer, mais pour rien au monde il n’avouerait qu’il avait pitié du lionceau à la langue acérée. Il n’avait qu’à faire attention à ce qu’il disait, et à être plus gentil avec eux !


Ca y est, ils étaient à la hauteur du troupeau. Les trois lionceaux restaient bouche bée en voyant les gigantesques mammifères passer devant eux, totalement indifférents aux petites fourmis qu’ils étaient. Les trois lionceaux désemparés décidèrent finalement de continuer leur route tout droit, dans la direction d’où les éléphants venaient de partir.
Au bout de dix minutes de marche, pendant laquelle les estomacs des petits lions gargouillaient en attente de nourriture, ils trouvèrent un arbre effondré, frappé par la foudre, et décidèrent d’y monter pour observer les alentours. Cette fois-ci, chacun vit à nouveau des éléphants… ou plutôt seulement deux : Une mère et son petit.
Ils avaient apparemment été séparés de leur troupeau. Et celui-ci était à présent assez loin, les deux animaux étaient seuls, c’était une occasion en or pour les lionceaux.
« Qui veut une bonne tranche d’éléphant ? » s’écria aussitôt Ehari.
-Pas moi, si c’est pour me faire écraser par cette éléphante. Comment comptes-tu faire pour les abattre, au fait ? Même si on arrivait à en isoler un, il faudrait trouver un moyen de transpercer leur peau épaisse, en évitant leurs trompes habilles, leurs pieds massifs et leurs défenses aiguisées. » riposta Aharon.
- Monsieur Aharon aurait-il peur ? » demanda ironiquement Sénahi, que l’idée de s’attaquer à ces éléphants n’enchantait pas tellement, au fond.
- Non, pas du tout ! » se défendit précipitamment le petit lionceau sombre. Ses yeux verts lancèrent des éclairs. « Je ne suis pas suicidaire, tout simplement. Mais ça ne résout pas le problème. Comment les tuer ? »
Sénahi haussa les épaules, mais Ehari eut un sourire vengeur. Il se baissa, comme s’il voulait s’incliner devant Aharon, mais au lieu de ça, il prit la une branche entre ses crocs.
Que comptait-il faire ?
Aharon semblait l’avoir compris, car il prit tout de suite un air affolé, et supplia :
« Non, Ehari, ne fais pas ça… »
Un craquement sourd retentit, tandis que la branche sur laquelle était posé Aharon cassa sinistrement.
Celui-ci, par une série de gestes que Sénahi comprit à peine, se trouva juste à côté d’eux, sur une branche solide et saine, l’ensemble des poils hérissés et un feulement de peur dans la gorge, alors que la branche tombait au sol, deux ou trois mètres plus bas.
« Alors toi, Ehari, tu vas regretter ça ! »
La peur d’Aharon avait rendu sa voix juvénile plus grave et plus puissante, et il semblait presque imposant ainsi, les griffes sorties, prêt à s’attaquer au gigantesque Ehari, qui recula d’un pas instinctivement et, pour une fois, sembla vouloir se faire plus petit.
Sénahi réfléchissait. Ce qu’il avait vu des talents de ses frères lui inspirait un plan. Mais il n’arrivait pas à se concentrer avec ces deux-là sur le point de se battre.
Aharon avait coincé Ehari sur une extrémité d’une branche, qui surplombait l’herbe haute de la savane de plusieurs mètres. Sénahi déglutit en pensant à la chute que ferait son frère si jamais…
« Stop ! Arrêtez-ça tout de suite ! On va avoir besoin de tous nos talents pour ne serais-ce que tuer un des éléphants. Si vous vous blessez, on ne pourra jamais récupérer leur viande, et on mourra de faim comme les idiots que nous sommes ! »
Aharon eut un dernier grandement menaçant, puis se décidé à laisser Ehari. Le lionceau à la fourrure d’or put enfin réfléchir tranquillement et le plan lui arriva automatiquement.
« Je sais comment faire pour en avoir un ! Il suffit tout simplement que l’un d’entre nous éloigne la mère pendant que les autres tueront le bébé.
-Moi ! Je vais tuer l’éléphante pendant que vous tuerez le bébé. » proposa étourdiment Ehari.
Sénahi ne sut plus quoi dire, et un silence gêné accueillit ses paroles. Comment lui faire comprendre qu’il était trop gros et lent pour cette tâche, sans pour autant le vexer ? Il se ferait écraser en moins de temps qu’il n’en faut à un lézard pour gober une mouche.
Il fut surpris de voir que pour une fois, ce fut Aharon qui lui sauva la mise. Le minuscule lion sombre secoua la tête, et dit au puissant lion à la mâchoire développée :
« Non, on aura besoin de ta force pour l’éléphanteau. Je ne servirais à rien contre lui, mais je pense être assez rapide et agile pour occuper l’éléphante. »
Sénahi le remercia d’un hochement de tête approbateur, et les trois frères reprirent leur chemin vers les deux immenses animaux, en silence. Aharon semblait perdu dans ses pensées, un pli striait son front, comme d’habitude.
Egal à lui-même, Ehari trottait joyeusement à leurs côtés. Son enthousiasme fit sourire le lionceau.
Sénahi se dit alors qu’ils étaient les trois lionceaux les plus différents au monde, malgré leur parenté.
Aharon, le minuscule lionceau au caractère de cochon et à la langue de vipère, Ehari, le puissant et gigantesque lionceau aussi gentil qu’il était gros, avec son joli pelage roux.
Et enfin, lui-même, Sénahi… Que pouvait-il dire de lui-même ? Il n’aimait pas vraiment son pelage, qu’il trouvait trop voyant, trop visible au soleil. Il n’était ni puissant ni fragile, et il ne lui semblait pas avoir de traits de caractère particulier. Il était banal, sans plus. Sénahi soupira de désappointement.
Un vilain coup de griffe sur l’épaule lui arracha un cri de douleur et de surprise.
Aharon lui feula dessus, prêt à récidiver :
« Tu n’es qu’un défaitiste ! C’est sûr qu’avec quelqu’un comme toi, qui n’es jamais sûr de ce qu’il fait , on ne pourra jamais tuer la moindre proie !
La justesse des propos d’Aharon le surpris de nouveau, au point qu’il en oublia le douloureux coup de griffe. S’il s’avouait vaincu dès à présent, il ne pourrait jamais trouver à manger, et encore moins survivre !

Les trois lionceaux s’approchèrent prudemment de l’éléphante, qui agita ses grandes oreilles et souffla bruyamment par le nez. Ses yeux semblaient injectés de sang, on voyait bien qu’elle était mal en point. Son petit n’était pas mieux, il restait dans la même position, sans bouger d’un poil, poussant de temps à autre de petits barrissements plaintifs.
Sénahi jeta un regard autour de lui, et glissa à Aharon : « Tu vois le ravin, là-bas ? Si tu pouvais faire en sorte que l’éléphante y tombe…
-Ca nous enlèverait deux épines de la patte : elle mourrait du premier coup et les charognards s’attaqueraient à son cadavre, et non à celui du petit, et donc à nous. Je te rappelle que je ne suis pas complètement débile, comme vous deux, rugisseurs de pacotille. »
Sénahi recula d’un pas, étonné de se faire rembarré alors qu’il voulait simplement l’aider, puis il comprit en partie. Aharon ne l’avouerait sans doute pour rien au monde, mais il était terrorisé par le fait de devoir attirer l’éléphante. Le jeune lionceau regarda un moment l’éléphante, et dût avouer qu’elle était réellement terrifiante. Une seule de ses pattes aurait pu écraser Ehari, le plus grand d’eux trois en un seul coup. Mais le pire de tout, c’était sa longue trompe, préhensible, qui se déplaçait aussi rapidement qu’un serpent. Si jamais elle attrapait l’un d’entre eux avec, elle risquerait de le fracasser contre le sol ou un arbre, aussi facilement qu’ils pouvaient briser une brindille. Et c’était sans compter ses défenses aiguisées, des armes redoutables. Sénahi comprenait aisément la peur d’Aharon et ses mots méchants. D’ailleurs, à y regarder de plus près, son poil était entièrement hérissé, ses oreilles totalement rabattues et on sentait dans sa voix un début de grognement craintif. Sénahi lui donna un coup de langue entre les oreilles, comme il aurait pu le faire pour consoler un de ses nombreux frères après un cauchemar.
« Je suis sûr que tu y arriveras. Tu es le plus intelligent, le plus agile et le plus rapide d’entre nous trois. »
Aharon hocha la tête, hésitant. On aurait dit qu’il ne savait pas très bien comment réagir. Sénahi ne prit pas le temps de réfléchir plus longtemps, il poussa le frêle lionceau du bout du museau.
« Vas-y, je suis persuadé que tu peux le faire ! »
Il s’obligea à ne pas penser qu’il envoyait son demi-frère au massacre. Un aussi frêle lionceau contre une éléphante adulte, rendue presque folle par la maladie ? Il ne donnait pas cher de sa peau. Pourtant, à chaque pas que le petit lionceau faisait, il semblait reprendre confiance en lui. Bientôt, il se plaça devant l’éléphante, et lança un rugissem… enfin, plutôt un miaulement de défi. L’éléphante répondit en mugissant, puis fonça droit vers le minuscule lionceau. Sénahi les contourna prestement, suivit de près par Ehari, et se dirigea vers l’éléphanteau, qui semblait avoir à peine bouger. Il les regarda avec indifférence. Le cœur de Sénahi se serra en voyant l’air triste et maladif du petit éléphant. Mais c’était soit l’éléphant, soit lui et ses deux jeunes frères. Il fallait qu’il le fasse. Aharon avait fait un miracle en occupant la mère si longtemps, c’était à présent à lui de remplir sa part du contrat. Le jeune lionceau n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps. Le jeune animal avait déjà été renversé par éhari, qui le retenait par terre de toute sa force. L’éléphanteau poussait des petits cris de surprise, comme s’il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Sénahi prit le temps de jeter un coup d’œil en arrière, pour voir où en était rendu Aharon. Le petit lionceau au pelage sombre sautait dans le vide, suivi par l’éléphante.
Non ! Qu’avait-il fait ? Il s’était tué pour eux !
« Aharon ! » cria-t-il, en courant de toutes ses forces vers le ravin. Il se pencha dans le vide, et vit l’éléphante pousser un beuglement de surprise, puis d’épouvante, avant de s’écraser au sol. Où était Aharon ? Avait-il été écrasé par la masse de l’animal ?
« Aharon ! » appela de nouveau le jeune lionceau, toute trace d’espoir disparue. Il s’assit tristement, dos au ravin, et une larme coula le long de sa joue. A cause de lui, Aharon était mort. Il n’aurait jamais dû accepter que le maigre lionceau prenne en charge une tâche aussi dure et compliquée ! C’était de sa faute s’il avait disparu à tout jamais.


Chapitre 3 : Steak d'éléphant



Spoiler: show
« Sénahi ? Qu’est ce qui t’arrives, cervelle de termite ? Pourquoi tu laisses Ehari s’occuper de notre gibier tout seul ? »
Sénahi sursauta, et tourna sur lui-même. Aharon était face à lui, sain et sauf. La stupeur laissa Sénahi au premier abord sans voix, et il resta quelque temps sur place sans rien dire.
« T’as perdu ta langue de vipère, ou quoi ? On dirait que tu as vu un fantôme !
-Mais je croyais que… je t’ai vu sauter dans le vide et puis…
-T’a la cervelle encore plus ramollie que d’habitude ! Je n’allais pas sauter dans le vide, comme une taupe aveugle. J’avais bien repéré mon endroit, il me fallait juste un recoin où me réfugier pendant que cette éléphante tombait. Je n’allais quand même pas me sacrifier pour deux pattes molles comme vous. »
La mauvaise humeur habituelle d’Aharon faisait une fois de plus surface, mais Sénahi crut voir une lueur de contentement. Bah, ça devait tout simplement dire qu’il était content de lui-même, content de l’avoir fait presque mourir de peur !
Sénahi essuya ses yeux pleins de larmes, rageur. Il ne devrait pas s’inquiéter pour une larve comme cet Aharon ! S’il mourrait, ce serait une bonne chose pour tout le monde.
A grands pas colériques, il s’approcha de l’éléphanteau. Il était déjà mort et éhari mordait à pleines dents dedans. Sénahi fut impressionné. Il avait tué cet éléphant tout seul, comme aurait pu le faire leur père. Sénahi et Aharon ensemble n’aurait pas pu réussir cet exploit ! Il vit aussi la stupéfaction dans les yeux d’Aharon, mais celui-ci fronça de nouveau le front, comme à son habitude, et commença à manger sa part. Cet idiot n’était même pas capable d’avoir la reconnaissance du ventre ! Jamais un sourire, ni un merci. Sénahi feula après Aharon.
« Malpoli ! Tu devrais remercier et féliciter éhari, il a tué notre proie tout seul ! »
Aharon, surpris, redressa la tête et regarda Sénahi, puis éhari. Finalement il lança au lionceau rondouillard : « Merci, gros tas de graisse ! » puis se coupa une grosse part pour aller la manger seul, dans son coin.
Ehari feula à son tour, et se leva, lâchant la patte qu’il mangeait.
« Qu’est-ce que tu as dit, le minus ?
- Tu veux vraiment que je me répète ? T’aurais dû mieux écouter, car je ne te remercierais pas une nouvelle fois, sale boule de poil pleine de muscles ! »
Ehari fut quelques instants offusqué, puis répondit au frêle lionceau :
« Sale vermine !
-Mal embouché !
-Idiot du troupeau !
-Paresseux de première !
-Demi-portion !
-Ah, ça tu vas le regretter, boule de graisse ! »
Le tout petit lionceau feula, se ramassa sur lui-même et bondit sur Ehari, toutes griffes dehors. Mais au lieu de l’attaquer comme Sénahi le pensait, Aharon l’effleura de ses griffes, puis il les rentra et se mit à chatouiller le gros lionceau, qui éclata de rire. Ehari essaya de se débattre, mais le frêle lionceau était trop habile pour lui. Il évitait avec adresse les coups maladroits d’éhari et se déplaçait à la vitesse de l’éclair autour du lionceau, comme une lionne harcelant un zèbre. Son visage était froid et implacable, comme s’il comptait tuer Ehari, mais rapidement, un petit sourire éclaira son museau.
Finalement, peut-être qu’Aharon n’était pas aussi méchant qu’il le pensait. Après quelques minutes de fou rire d’Ehari et d’excuses de sa part, le frêle lionceau s’arrêta. Hésitant, il faillit s’asseoir de nouveau à leurs côtés, mais il s’éloigna finalement et reprit son morceau de viande, légèrement à l’écart. Sénahi regarda quelques instants Aharon. Sous le poids de son regard, celui-ci releva les yeux, le vit, et lui lança un regard méchant, puis détourna la tête. Sénahi fronça les sourcils, et resta où il était, au lieu de venir le rejoindre comme il en avait l’intention.



Chapitre 4 : Aharon l'insaisissable


Spoiler: show
Aharon était vraiment insaisissable ! Avec Ehari, il n’y avait aucun problème, il savait qu’il pouvait compter sur lui en toutes occasions. Il était franc et sincère. Avec Aharon, il ne savait jamais si ce dernier allait lui sauter dessus ou le remercier. Il fit quelques pas vers le petit lionceau, ne sachant pas trop comment s’y prendre.
« Pourquoi tu es méchant comme ça ?
-Je ne suis pas méchant, je me comporte comme vous le méritez.
-Mais… on n’est pas méchant avec toi, nous !
-Si ! Enfin, plus éhari à présent, mais toi, oui. »
Aharon se détourna de nouveau et lui tourna le dos. Sénahi était ulcéré. Malgré tous les efforts qu’il faisait, c’était lui qui était méchant ! Quelle mauvaise langue ! Quel … Sénahi ne trouvait pas de mots pour décrire son comportement. Personne ne pouvait être si injuste. Mais il décida d’aller jusqu’au bout.
« Et qu’est-ce que je t’ai fait, moi ?
-Réfléchis un peu, cervelle de termite, et tu comprendras peut-être, avec ton petit crâne de mulot, pourquoi j’ai de bonnes raisons d’être fâché contre toi.
-Que… Quoi ? Et nous, on n’est pas fâché de ton détestable comportement ? Tu n’as pas arrêté de nous insulter depuis qu’on est ensemble, et c’est à moi de m’excuser ? Tu rêves !
-Je me comporte exactement comme vous. Sauf que vous, vous ne le dites pas à voix haute. Vous êtes fourbes, et je vois bien tes regards en coins méprisants et insultants. Tu ne me supportes pas et tu ne prends même pas la peine de comprendre pourquoi tu me haie ainsi. Ça t’arrange bien que je reste avec vous, tu profites de mon intelligence, sans faire quoi que ce soit en retour. La preuve, tu me demandes de remercier Ehari, mais pour moi, nada, aucun compliment ! J’ai fait la partie la plus dure et dangereuse, j’aurais pu me faire tuer cent fois, mais c’est éhari qu’on doit remercier, et pendant qu’on travaillait, tous les deux, toi, tu n’as rien fait ! »
Des larmes brillaient dans ses yeux. Et il le regardait comme s’il voulait le tuer. Sénahi recula d’un pas, prudent. Si Aharon voulait l’attaquer, il trouverait un adversaire à sa taille ! Sénahi sortit ses griffes, au cas où. Mais finalement, le petit lionceau s’enfuit en courant à plusieurs mètres de là, et s’allongea dans son coin, tremblant.
Le connaissant, il devait trembler de rage ! Il était assez intelligent pour comprendre qu’il ne pourrait jamais le battre en duel. Il n’y avait pas pire ennemi que cet insupportable garnement, amer et plein de fiel. Il l’avait recueilli alors qu’il aurait pu rester tranquillement avec Ehari, sans cette insupportable boule de poil autoritaire !
Dans le silence qui suivit, Sénahi put entendre les sanglots de ce détestable lionceau. La pitié envahit son cœur brusquement, puis il se reprit. Il lui fallait se durcir un peu, s’il voulait résister à cet idiot d’Aharon !
Entre temps, Ehari s’était levé, et rapproché d’eux deux. Il jeta à son tour un regard de reproche à Sénahi, et s’allongea aux côtés d’Aharon. Le lionceau put entendre ses paroles de là où il était.
« Je suis désolé. En fait, tu n’es pas si méchant que ça. Et encore merci pour l’éléphante. Aucun d’entre nous n’aurait pu faire ce que tu as fait, c’est fantastique. »
Sénahi ne savait que faire. Devait-il s’excuser ? Mais c’était Aharon qui avait commencé à être méchant avec eux ! C’était à lui de s’excuser, pas à eux ! Ehari était trop gentil, il avait toujours été trop gentil ! Aharon avait réussi à le retourner contre lui-même. Il avait piqué son meilleur ami !
Un éclat de rire interrompit ses pensées. C’était Aharon qui riait, après un petit coup de patte affectueux d’Ehari. Il redressa la tête, et regarda Sénahi de ses grands yeux verts sombres, à la fois tristes et compréhensifs.
« C’est à ton tour, Sénahi. »
Le lionceau ne pouvait supporter ce regard transparent et limpide, il grimaça. Comment pouvait-il… ? Il avait été si méchant et horrible avec eux, et à présent, il se faisait tout gentil, tout sucre et miel. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de l’admirer.
« J’ai du mal à croire que c’est moi qui dit ça, mais… je dois avouer que tu as assuré tout à l’heure. Bravo. »
Puis il partit de son côté, de mauvaise humeur. Il lui avait cédé, il l’avait félicité, alors qu’il ne le méritait même pas. Quel idiot il faisait ! Et dire qu’il n’y avait pas si longtemps, il s’était inquiété pour sa vie. Désormais, ce serait la guerre entre eux deux. Pour la peine, il allait les espionner, pour savoir ce qu’ils comptaient comploter contre lui. Aharon allait surement farcir la tête d’éhari de mensonges pour le retourner contre lui. Silencieux comme une ombre, il se rapprocha des deux petits félins, faisant attention à ce qu’ils ne puissent pas sentir son odeur, et écouta leur conversation.
« Je n’aurai jamais cru ça possible de Sénahi ! Lui qui est si gentil d’habitude… Ca ne lui ressemble pas de faire la tête comme ça, d’un coup. Et puis, j’avoue aussi que tu avais raison tout à l’heure. Il n’a rien fait du tout, alors qu’on a tous les deux risqué notre vie. Je suis vraiment désolé, je n’aurais jamais dû dire tant de méchantes choses sur toi. Au fond, t’es un gentil pépère !
- Hey, je ne suis pas un gentil pépère ! Grosse patate chaude, va ! »
Le lionceau, si sombre d’ordinaire, eut un sourire radieux, que Sénahi ne lui avait jamais connu.
Aharon se refit distant et sérieux, avec ce petit air triste qui était sa caractéristique.
« S’il te plait, n’en veux pas à Sénahi. Je suis sûr qu’il va revenir s’excuser, un jour ou l’autre. Ce n’est pas une mauvaise graine, c’est juste qu’il a une mauvaise opinion de moi. Il va comprendre son erreur. J’espère.» rajouta-t-il plus bas.
Sénahi n’écouta pas plus. Il était éberlué. Ce pouvait-il vraiment qu’Aharon… ? Non, ce n’était pas possible, il savait qu’il était à proximité, il disait tout ça parce qu’il savait qu’il était là, tout proche. Dès qu’il partirait…
Un changement le fit regarder Aharon. Il semblait… respirer l’air, comme s’il sentait quelque chose. Sénahi avait pourtant fait attention, il savait qu’il ne pouvait pas le sentir, d’ici. Le petit lionceau recula un peu, pour éviter que, malgré tout, Aharon ne le repère.



Chapitre 5 : Vautours !


Spoiler: show
Le frêle lionceau cria d’un coup : « Vautours ! »
Sénahi eut juste le temps de reculer d’un bond avant que les serres ne puisse le transpercer. Il feula, et envoya un coup de patte, toutes griffes sorties, au puissant oiseau de proie, qui s’envola à nouveau. Ne sachant que faire ni où se mettre à l’abri, Sénahi suivit malgré lui Aharon et Ehari. Que faire d’autre ? Peut-être qu’Aharon aurait de nouveau une de ses idées géniales qui lui sauverait la vie. Il se dirigea droit sur le gibier. Sénahi ne savait pas vraiment ce que son ennemi disait, mais en tout cas, il parlait à Ehari. Puis il courut droit devant lui. Il allait attirer les vautours sur lui-même ! Il était complètement fou ou quoi ? Bah, tant pis pour cet avorton !
Sénahi alla rejoindre Ehari près du gibier. Celui-ci lui lança immédiatement : « Aide-moi à protéger la viande de ces saletés de vautours, s’il te plait. »
Sénahi obéit sans réfléchir. Il sauta sur un des vautours, lui plantant les dents dans une patte, avant de retomber sur le sol. Un autre vautour s’était posé à proximité. Sénahi lui sauta dessus, et mordit son aile. Le gigantesque oiseau poussa un cri de douleur et s’envola, non sans lui avoir donné un violent coup d’aile au passage, qui l’envoyer bouler au loin. Un cri de vautour, plus puissant que les autres, attira son attention. Le lionceau leva la tête et eut le temps de voir les vautours s’enfuirent. Sénahi se releva et sauta de joie. « Youhouh ! On les a eus ! »
Ehari le regarda sévèrement. « Non, on ne les a pas eu. C’est Aharon qui les attirés.
-Attirés ? Comment ça ? »
Les oreilles de Sénahi se rabaissèrent quand il vit son pire ennemi arriver de nouveau. Le minuscule lionceau avait l’air fier de lui. A croire que c’était les seuls sentiments qu’il connaissait. Soit il était fier de lui, soit il était en colère contre eux.
« C’est pourtant simple. Il a suffi de me faire suivre par un des vautours, jusqu’au ravin. Je me suis glissé dans une crevasse, et là, le rapace, en me cherchant, a découvert le cadavre de l’éléphante. Il a appelé ses autres copains et le tour était joué. Bon, maintenant, il faut se dépêcher de manger, avant que d’autres charognards n’arrivent. »
Sénahi grogna mais ne dit rien. D’accord, Aharon était très intelligent. Mais ce n’était pas une raison pour qu’il lui lèche les pieds, ni pour qu’Aharon lui donne des ordres.


Chapitre 6 : En danger de mort


Spoiler: show
Trois jours après, les lionceaux étaient très loin des restes de l’éléphanteau, mais ils n’avaient rien trouvé à se mettre sous la dent depuis, à part trois ou quatre gerboises, et la vipère qui avait failli mordre Ehari. Leur ventre gargouillait péniblement.
« J’ai faim ! » se plaignit une fois de plus Ehari.
« Oh, la ferme ! » répondirent ensemble Aharon et Sénahi. Le jeune lionceau au pelage d’or jeta un coup d’œil à Aharon, puis détourna la tête. Il était toujours en colère contre ce fourbe d’Aharon, et la faim n’arrangeait pas son humeur. Et puis, il n’osait se l’avouer, mais il était rongé de culpabilité. Pour deux choses complétement contradictoires. Il s’en voulait de ne pas avoir aidé à tuer l’éléphanteau, d’avoir laissé son frère le tuer tout seul. Et de l’autre côté, il était horrifié par le fait qu’ils avaient enlevés deux vies d’un seul coup. Il entendait encore le mugissement de peur de l’éléphante, et les barrissements désespérés du petit éléphant alors qu’éhari, sans aucune pitié, le tuait. Comment pouvaient-ils être aussi cruels ?
Mais ses réflexions furent balayées par une odeur, une affreuse odeur de charogne qui lui donnait presque envie tant il avait faim.
« Vous sentez ça, les gars ? » s’écria Ehari.
Sénahi hocha la tête, suivit par Aharon. Sans réfléchir, Ehari s’élança vers la direction de l’odeur. Sénahi fut un peu plus circonspect, mais Aharon l’incita à y aller en disant :
« Attends, on devrais peut-être être un peu plus prudent… »
Sénahi se précipita à la suite d’Ehari, juste pour rabattre le caquet de ce prétentieux d’Aharon. Celui-ci soupira, puis se lança à leur poursuite, à la grande satisfaction de Sénahi. Ah, il ne faisait plus son fier à présent ! Il était obligé de suivre, comme tout le monde !
Mais la satisfaction de Sénahi fut de courte durée. Alors que celui-ci regardait Aharon, pour voir s’il suivait toujours, Ehari s’arrêta d’un coup, si brusquement qu’il dût s’asseoir sur les fesses. Sénahi n’eut pas le temps de freiner et lui rentra dedans. De justesse, Aharon s’arrêta à temps pour découvrir le spectacle qui avait horrifié le jeune lionceau blond-roux.
Même lui put voire les hyènes s’arrêter de manger la carcasse, se mettre à renifler, et tourner leur large tête au museau trop pointu vers eux.
« Courrez ! » hurla Sénahi, et tout le monde le suivit, sans discussion.
Sénahi lança un bref regard derrière lui, et s’aperçut avec horreur qu’une dizaine de hyènes accourraient vers eux. Apparemment, elles n’avaient pas dû trouver suffisamment à manger sur la charogne, car elles semblaient maigres, maigres au point qu’Aharon semblait obèse comparé à leur côtes saillantes et leurs pattes aussi fines que des brindilles desséchées.
Ce fut ce fait qui leur sauva la vie. Les hyènes étaient faibles et mourantes, alors qu’eux avaient la faim au ventre, mais ils étaient en bonne santé et au sommet de leur forme, en plus du fait que la peur leur donnait des ailes.
Ehari fut le premier, encore une fois, à voire ce vers quoi ils courraient :
« Des éléphants ! » cria-t-il, le souffle coupé.
« Hyènes… oseront pas… affronter… » entendit Sénahi derrière lui.
Sa mauvaise humeur oubliée pour un moment, le lionceau au pelage d’or hocha la tête et fonça vers le troupeau d’éléphants.
Les hyènes se rapprochaient à chaque seconde, mais Sénahi sentaient qu’ils y arriveraient. Ils ne pouvaient pas mourir bêtement, comme ça ! Ils avaient déjà réussis à échapper aux hyènes une première fois, ils y échapperaient une seconde fois !
Et, en effet, les trois lionceaux eurent le temps de se glisser entre les pattes gigantesques des mastodontes, juste avant que les hyènes se confrontent aux défenses et aux trompes de leurs alliés imprévus.
Cachés au cœur du troupeau, les lionceaux reprirent leur souffle. Ils eurent le temps d’entendre un hurlement de douleur d’une des hyènes, bien vite recouverts par les glapissements des autres et leur fuite vers l’inconnu. Sénahi fut le premier appâté par l’odeur de chair fraîche. Prudemment, il sortit sa tête du troupeau d’éléphant qui s’était arrêté ici, à manger l’écorce de quelques accacias qui avaient poussés là. Juste devant lui, à ses pieds, le cadavre de deux hyènes pourrait lui servir de repas, s’il oserait en manger la chair infecte qui sentait la charogne.
Ehari, lui, n’hésita pas. Il se précipita sur une des hyènes, ne les voyant qu’en tant que viande propre à être engloutie, et il s’en fit un repas. Sénahi s’ approcha, légèrement écœuré, mais se força néanmoins à en prendre une bouchée. Etonnamment, la viande était très bonne, bien meilleure que ce à quoi il s’attendait. Rapidement, il en engouffra de larges bouchées, ne pensant plus qu’à la faim qui le dévorait et qu’il devait à tout prix rassasier.
Une fois le ventre bien rempli, les trois lionceaux se regroupèrent pour savoir ce qu’ils allaient faire ensuite. Aharon proposa de rester avec les éléphants, en argant qu’ils seraient leur meilleure défense possible. Ehari fut tout de suite d’accord avec lui, et Sénahi dû s’incliner face à eux deux, malgré ses réticences.
Ainsi, les trois lionceaux se dirigèrent de nouveau vers le troupeau d’éléphant, décidant de se cacher en son sein jusqu’à ce qu’ils trouvent de quoi manger à nouveau.




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Messagepar puccazaza » 04 Mars 2013 22:08

C'est très chouette !
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Messagepar keranne » 04 Mars 2013 22:16

Merci puccazaza ! Tu peux dès à présent voter dans le sondage ;)




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Messagepar puccazaza » 04 Mars 2013 22:20

à voté :mrgreen:
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Messagepar keranne » 04 Mars 2013 22:22

Bon, je suis obligée de voter pour voir ta réponse, donc je prévins que c'est Aharon mon personnage préféré, et que j'ai une préférence pour les Crocs du Soleil plus que pour Les aventures de Snow :lol:

édit: Ah, Sinahi, Sinahi ! :mrgreen:




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Messagepar puccazaza » 04 Mars 2013 23:57

j'aime le détail des longues griffes :lol:
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Messagepar keranne » 05 Mars 2013 00:30

^^ Il faut bien que notre petit pépère ait un avantage ! :lol:




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