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Préférez-vous Elanore ou Ronnin ?

Elanore, elle est trop belle !
6
30%
Ronnin, il est trop fort !
6
30%
Aucun des deux, ils sont nuls.
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Aucun vote
Je les aimes bien, mais je préfère un autre personnage. ( merci de dire qui et pourquoi )
1
5%
Je n'ai pas d'avis.
7
35%
 
Nombre total de votes : 20

Message par keranne » 25 Oct 2012 17:49

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Voici l'histoire d'Elanore. Entre chaque partie, n'hésitez pas à aller voir ce qui se passe avec Ronnin ;)

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http://youtu.be/LKRINV5paFY
Spoiler: show
Partie 1: Un songe plein d'espoir au sein d'une vie vide de sens

Elanore était en train de lire. Elle adorait ça, les grandes histoires de chevalier, de Princesse, de brigands et de dragons. Elle aurait tant aimé pouvoir vivre une aventure comme celle de ses livres, une grande et magnifique histoire d'amour.
Un nouveau cahot la secoua, et cette fois-ci, elle pesta haut et fort:
"Vous ne pouvez pas faire attention ! J'ai l'impression de me prendre tous les cahots de la route, et pire que tout, ça m'empêche de lire !"
Le petit Stoufix qui dirigeait l’attelage de la voiture dans laquelle était la Minoushas se retourna et lui dit:
"Excusez-moi, ma petite Madame, mais votre père a dit qu'il vous fallait une simple voiture pour aller plus rapidement et ne pas attirer l'attention. Une dame de votre rang donnerais une grande rançon à quiconque la kidnapperais, et cette région est réputée pour ses brigands de tous poils et de toutes écailles... Donc quelques cahots en échange de la vie sauve, je ne trouve pas ça cher payé. "
Quel ignare ! Elanore redressa le menton et le regarda de haut. Gêné, le petit Stoufix se détourna et reprit les rênes de ses chevaux.
La minousha aux perles soupira et se roula en boule, s'ennuyant à mourir. Un nouveau cahot manqua de l'envoyer au sol. Cette fois-ci s'en était trop ! Elle irait faire le voyage à pattes, elle n'en pouvait plus de cette stupide voiture ! Elle tira le rideau la séparant de son conducteur avec la patte, le déchirant sans faire exprès avec ses griffes. Mais la scène qui apparut lui coupa le souffle et elle ravala ses paroles venimeuses dans sa gorge.
Quatre Gothicat vêtus de noir avaient encerclés sa voiture. Des bandits ! Et ils étaient venus rien que pour elle ! Il y avait un Lunaris à l'aspect inquiétant, un stoufix qui lui faisait penser à un crapaud, un gigantesque Flammiris et un Minousha sombre, avec un immense chapeau orné de plumes.
Ce Minousha, dès qu'il la vit, galopa vers elle. La pauvre Minousha voulut s'enfuir, mais il la rattrapa et la ramena de force vers eux. Elanore ne cessa de se débattre, mais il était puissant et elle dû y renoncer. Elle s'aperçut que son valet stoufix, l'air défait, était entouré par l'affreux stoufix-bandit et le flammiris, qui semblait prêt à le réduire en cendre.
Elle déglutit, et le minousha bandit lui dit:
"Ah bah voilà, vous cessez enfin de vous débattre !"
Elle lui jeta un regard noir et voulut lui feuler au visage pour lui apprendre qu'elle n'était pas résolue à cesser de se battre aussi rapidement, mais le stoufix répugnant demanda de sa voix nasale :
"T'es sûr que c'est bien elle ? Elle a plus l'air d'une furie que d'une Lady."
Le Minoushas lui passa alors une patte sur le pelage, caressant ses poils blancs et frôlant ses merveilleuses perles bleues.
"Oh, ne t'inquiète pas, c'est bien une Lady, ils n'y a que des nobles pour avoir la fourrure aussi douce, pleine de reflets, et ces joyaux étincelants digne des plus grands rois. Allez, venez avec nous, Ma Lady ! Mais maintenant que vous êtes à nous, j'exigerais de vous un petit baiser... "
Non mais il se prenait pour qui, lui ? Elle leva la patte pour lui donner un coup de griffe, mais il retient sa patte et lui dit, d'un air menaçant qui la fit presque hérisser.
" Ne me donnez jamais de refus devant mes amis, cela me met en rogne. Et vous savez ce qui arrive quand je suis en colère ?"
Ses yeux rouges feu étincelèrent, et il se redressa de toute sa hauteur. La pauvre petite Minousha se fit toute petite, terrorisée. Mais pour une fois, la chance lui sourit. Avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, un bruit de galop résonna, derrière eux.
"Des soldats !" cria quelqu'un derrière eux.
Le minousha sombre feula et enfonça ses griffes dans le sol.
A son tour, il la fusilla du regard puis lui dit :
"Sois sûre que l'on se retrouvera, ma belle. Oui, on se reverra. »
avant de s'en aller, avec les autres brigands.
Mais le flammiris monstrueux, qui semblait constamment en colère, renversa d'un coup d'aile sa voiture, puis la réduisit en charpie, avant de s'envoler. Les chevaux de l'attelage, terrorisé, s'enfuirent en hennissant de peur.
Elanore resta sur place, ne sachant que faire. Elle regarda son stoufix-valet qui tremblait de la tête aux pieds.
Un grand Destirinos couleur chocolat arriva auprès d'elle, s'inclina, puis lui demanda:
"Vous allez bien, Mademoiselle ? J'espère qu'il n'a pas eu le temps de vous faire mal. Je vais envoyer un petit groupe de mes soldats pour retrouver ces maudits brigands et les mettre aux fers. "
Elanore ne sut pas ce qui lui as pris, mais elle éclata en sanglot contre l'épaule du Destrinos, qui, gêné, se racla la gorge.
« Hum, Mademoiselle, je crains que comme votre véhicule a été endommagé, vous ne deviez… euh… poursuivre votre route sur ma croupe. "
Elanore hocha la tête et grimpa sur l’échine du puissant Destrinos. Elle ne nota même pas que c’était exceptionnel qu’un chef de garde puisse être un Destrinos. La plupart étaient des Lunaris ou des Minoushas et parfois, mais plus rarement, des Flammiris.
Coincé sur le dos du puissant Destrinos, elle sentait tout contre elle les muscles et le pelage du Destrinos, tout comme elle avait senti sur elle la puissance et la douceur du pelage du Minousha bandit, avec son grand chapeau orné de Plumes de paon, pareils à son pelage.
Penser au moment où il avait caressé son pelage de la patte la faisait frissonner, mais elle ne savait pas si c’était de la peur où de l’excitation.
Car ça y est, il lui était enfin arrivé quelque chose ! A elle, la fille intouchable du noble le plus puissant de la région ! La petite Minousha surprotégée, qui avait à peine le droit de mettre la patte dehors, de peur de salir son précieux pelage de noble.
Fatiguée et anéantie par toutes ses émotions contradictoires – l’excitation, la peur et la joie – elle s'endormie rapidement.

Elanore reprit ses lectures, ses cours de maintien et d’étiquette. Pendant les semaines suivantes, son père se rendit compte qu’elle avait changé, même si elle essayait de le cacher. Il ne savait plus quoi faire pour lui faire oublier cet incident traumatisant, qui avait brisé la petite fille qu’elle était. Il décida donc d’organiser un voyage, de lui attribuer un peu plus de liberté. Sa petite chérie, la perle de ses yeux, lui avait tellement demandé plus de liberté !
Oui, Elanore avait été marqué par cet évènement, mais pas de la façon dont son père le croyait. Pendant tout le jour, elle rêvait de la douce odeur du Minousha, de ses puissants muscles contre son corps, de son pelage si doux ! La nuit aussi, elle rêvait de lui – mais elle cauchemardait – La pauvre Minousha croyait qu’il allait de nouveau l’enlever, mettre sa menace à exécution…
Elle était hantée par lui, et par ces mots si délicieux :
« Sois sûre que l'on se retrouvera, ma belle. Oui, on se reverra. »
Elle ne savait toujours pas si elle devait avoir peur de ces mots, et de le revoir, ou bien si elle devait être transportée de joie à l’idée qu’il lui arrive de nouveau quelque chose, dans cette vie ennuyante à mourir. Elanore fut donc agréablement surprise de pouvoir partir en vacances à Ellonia. Cela allait enfin lui permettre de changer d’air, et peut-être même d‘oublier ce satané Minousha-bandit qui la hantait !

Son père engagea un Lunaris pour la protéger ; le meilleur qui soit. C’était un puissant mâle rouge, qui, étrangement, semblait dégager une fumée verte. Il mesurait trois têtes de plus qu’elle-même, et elle ne pouvait s’empêcher d’être intimidée en sa présence. D’un seul coup de patte, il aurait pu la tuer !
Le voyage commença plutôt bien. Le soleil brillait haut dans le ciel, les réchauffant en cette journée d’automne. Les feuilles écarlates, orangées et or dansaient autour de la nouvelle calèche. Le lunaris courrait à leur côté, partant parfois en éclaireur. La minousha sortit la tête de la petite calèche, pour aller respirer l’air frais. Les rayons du soleil chatouillaient agréablement ses poils blancs aux reflets verts et roses. Elle ne voyait pas le lunaris, il devait être plus loin, et tant mieux ! Sa face marquée par une cicatrice lui faisait peur.
Soudain, il fut là, juste à côté d’elle. La minousha faillit pousser un hurlement de frayeur.
« Vous ne devriez pas sortir de ce véhicule. Cachez-vous, les brigands sont partout dans cette contrée. »
Elanore ferma brusquement le rideau, pour éviter de voir de nouveau l’affreux visage du lunaris. Un petit moment de bonheur, et ça y est, il s’était évanoui, à cause de ce maudit Lunaris !
Elle en voulait au monde entier. Pourquoi n’avait-elle droit qu’à être enfermée ? Elle n’avait aucune chance de découvrir le monde extérieur, à part le jardin de sa maison, elle n’avait quasiment jamais vue le monde extérieur. Et voilà que…
Un bruit de combat interrompit ses pensées. Elle regarda immédiatement au-dehors, et un frisson lui fit se hérisser les poils. C’était le minousha au chapeau avec des plumes de paon ! Il combattait férocement l’immense Lunaris. Etait-il fou ? Il allait se faire dévorer tout cru ! Mais non, il esquivait les attaques du lunaris, et y répondait par des coups de griffes rageurs qui ne tardèrent pas à rougir un peu plus le pelage du Lunaris.
Le lunaris fut bientôt obligé de reculer sous les assauts du minousha, et bientôt, on sentit qu’il songeait à s’enfuir. Finalement, un puissant coup le projeta à terre. Il se releva immédiatement, et s’enfuit à toutes pattes.
Elanore ne savait toujours pas si elle devait pleurer ou se réjouir. Elle ne voulait pas que ce bandit l’emmène avec lui, mais elle était heureuse de ne plus voir cet affreux Lunaris couturé de cicatrices lui tourner autour.
Bientôt, elle entendit les pas du Minousha s’approcher, et elle leva haut la tête.
« Je vous avais bien dit que je vous retrouverais, ma belle. »
Elanore se détourna, lui tournant le dos.
« S’il vous plait, j’ai déjà bien assez combattu votre chevalier servant, je n’ai pas envie de devoir vous affronter en plus de ça. Je risquerais d’abimer votre beau pelage blanc… »
Elanore hésita, puis se décida à le suivre. Après tout, ce serait peut-être mieux que de devoir rejoindre son père. Le minousha sombre eut un sourire vainqueur devant sa docilité apparente.
« Bien. Maintenant, il me semble que vous me deviez un baiser, non ? »
Elanore se hérissa de fureur.
« Quoi ? Espèce de… »
Elle n’eut pas le temps de continuer sa phrase, qu’il s’avança vers elle, son pelage collé à le sien. La minousha voulut le repousser, mais il la fit tomber. Une fois qu’elle fut au sol, il s’avança, se mettant juste sur elle et l’empêchant de se relever. Il la surplombait, et un doux sourire ornait ses lèvres. Son chapeau semblait animé d’une vie propre, les plumes de paon qui l’ornaient s’agitant doucement, comme impatientes. Sa douce odeur emplissait ses narines, mais elle refusait de se donner ainsi. Elle chercha de la patte n’importe quoi, qui pourrait lui permettre d’échapper à ce baiser volé.
Sa patte tomba sur un lourd caillou, suffisant pour assommer quelqu’un. Le minousha au pelage sombre approcha ses lèvres de celles d’Elanore, et elle le frappa avec sa pierre. Le minousha-bandit s’effondra sur le flanc, inconscient. Elanore se releva, le souffle coupé.
Elle contempla un moment ce beau Minousha dont elle ne connaissait même pas le nom. Son pelage semblait noir au premier regard, mais il était en fait bleu marine. Des plumes de paons bleues, vertes, avec un bout rouge ornaient son pelage, en un bal somptueux. Son chapeau lui était légèrement tombé sur le côté de la tête. Sans réfléchir, elle le lui remit correctement. Il commença à bouger, et Elanore s’enfuit de toute la vitesse de ses pattes, jusqu’au village voisin. Son pelage avait perdu ses beaux reflets bleus et roses, et les diamants sur son pelage étaient eux aussi pâli par la poussière qui lui collait au corps.

Au départ, les villageois ne crurent pas un instant à son histoire, voyant en elle qu’une vagabonde qui leur faisait perdre du temps. Mais un flammiris un peu plus intelligent que les autres écouta son histoire jusqu’au bout. Un petit regroupement s’était fait autour de la jeune Minousha. Quand le flammiris prit son inspiration, puis la relâcha sur Elanore, un nuage de poussière s’envola sur les spectateurs, qui toussèrent, aveuglés. Quand ils purent voir de nouveau, le pelage d’Elanore était de nouveau propre, les reflets bleus et roses de son pelage bien présents, comme les étincelants joyaux. Un murmure de stupéfaction parcourut l’assistance, jusqu’à ce que le flammiris leur ordonne :
« Eh bien, qu’attendez-vous pour rattraper le bandit ? On as pas perdu assez de temps comme ça ? »
Les villageois se dispersèrent, prenant leurs armes et courants dans tous les sens pour retrouver le voleur de grand chemin.
« J’espère t’avoir fourni assez de temps pour protéger ton précieux bandit.
-Mon précieux… ?
- Eh bien, toi et lui, seuls…
- Quoi ??? Mais vous êtes complètement malade ! »
Le flammiris rit, et Elanore détesta ce rire, qui semblait tout connaître, même l’avenir. Non, mais il se prenait pour qui, cet imbécile prétentieux ? Il osait croire qu’elle et ce bandit… Berk ! Plutôt mourir qu’épouser un individu comme celui-là ! Et de toute façon, c’était bien connu, les Princesses n’épousaient pas des bandits de grand chemin ! Elle serait mariée à un beau Prince, fort et intelligent… En fait, non, elle n’avait pas envie de se marier du tout ! Elle préférait se promener dans les bois et lire des contes.

Quand le père d’Elanore la retrouva, il la serra fort dans ses pattes ; il croyait l’avoir perdu pour toujours. Et sa décision tomba, irrévocable.
« A partir de maintenant, tu resteras dans notre Domaine, avec interdiction d’en sortir ! Il ne faut surtout pas que ces sales individus te touchent une fois de plus. »
Elanore eut beau tempêter, hurler et pleurer toutes les larmes de son corps, la décision de son père resta inflexible. Elle sera confiné chez elle à vie, jusqu’à ce que mort s’en suive. Eh bien, elle n’attendra pas que la mort vienne à elle, elle irait elle-même à la mort. La date lui sembla évidente : Le jour de son anniversaire, dans quinze jours. Il lui resterait encore quinze jours à tuer… Autant relire ses contes préférés : Les contes de Fay !
Elle n’avait encore jamais vue de Vampirine… Elle imaginait que ça ressemble à une sorte de grosse chauve-souris, avec des mains à la place des pattes.

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Partie 2: La liberté et le bonheur se cherchent en trouvant l'Amour

Une semaine s’était écoulée. C’était bientôt la nuit, elle allait se mettre en pyjama. Un joli pyjama de Princesse, rose avec des…
Elanore faillit pousser un cri d’effroi, mais le Minousha sombre lui mit une patte sur la bouche, très doucement, comme s’il ne voulait pas lui faire de mal. Son visage sombre était constellé de marques, comme s’il avait reçu des coups, et un de ses yeux fermait à grand peine.
Que lui était-il arrivé ? Pourquoi avait-il été battu ? Et par qui, qui était assez puissant pour vaincre un Minousha tel que lui, qui avait battu en quelques coups de pattes un des plus grands mercenaires de la région ?
Le temps qu’elle se pose ces questions, un coup de patte à sa porte résonna. Il ne fallait certainement pas qu’on la sache avec ce Minousha dans sa chambre ! Qu’est-ce que les domestiques pourraient dire ?
Précipitamment, elle ouvrit la porte de son placard, et y enferma le Minousha-bandit, puis elle ouvrit la porte, essayant de maitriser le rouge qui lui venait aux joues.
C’était son père, qui entrait. Depuis qu’elle était enfermée chez elle, il était toujours aux petites attentions pour elle, lui apportant en permanence des gâteries, des nouveaux livres, des robes… Mais elle s’en fichait de tout ça ! Elle voulait être libre, elle ! Elle voulait se promener, seule, dans la forêt, sans chaperon pour la surveiller…
« J’ai un cadeau pour toi ! »
Encore !? : faillit-elle répliquer. Bon, allez, il ne lui restait plus qu’une semaine à le supporter. Autant faire bonne figure.
« Super ! C’est quoi ?
-Une magnifique robe ! »
Il déploya une robe d’une pureté immaculée, avec une longue traîne. Cette robe était le plus beau cadeau qu’elle n’avait jamais vu. Mais c’était une robe pour…
« J’ai beaucoup réfléchi, tu sais. Et je pense que tu es d’âge à te marier, à présent. J’ai choisi pour toi un partenaire idéal, d’âge mûr, très beau, et un surtout, un très bon parti. Je suis sûr qu’il te plaira. Vous ferez un superbe couple, tous les deux !»
Quoi ? Se marier ??!! Jamais de la vie ! Si jamais elle se mariait, ce serait encore pire ! Elle serait obligée de rester enfermée dans une maison inconnue, aux côtés d’un mari moche comme un pou et vieux comme le temps ! C’était la catastrophe !
Elle ne put se retenir, elle éclata en sanglots. Quelle vie affreuse ! Et son père, comme d’habitude, se méprit sur ses véritables sentiments.
« Je savais que tu serais ravie de cette attention, mais pleurer est un peu… excessif, je trouve. Bon, je vais te laisser te remettre de cette nouvelle. »
Il toussota, puis sortit et referma doucement la porte.
Toute dans son malheur, Elanore ne remarqua pas que la porte de son placard s’était de nouveau ouverte, et que le minousha au pelage de paon en était sorti. Elle sentit seulement une chaleur autour d’elle, puis une odeur qu’elle adorait. Une odeur de mystère, de sécurité et de tendresse.
« Serres-moi dans tes pattes ! »
demanda-t-elle sans réfléchir.
Ce qu’il fit. Elle se sentait un peu mieux, comme ça.
Elle pleura contre son épaule, en disant :
« C’est affreux ! Je ne veux absolument pas me marier ! Surtout pas à un vieux barbon ! Je serai enfermée à jamais !
-Je te promets que ton mariage n’aura pas lieu. Je m’y engage personnellement. Et si jamais tu doutes de ma parole, je te laisse cette plume de mon chapeau. Tu n’auras qu’à la regarder, et te dire que Ronnin tient toujours ses promesses.
-Elanore te remercie du fond du cœur. »
Elanore écouta ses paroles que d’une seule oreille. Ce fut la dernière chose qu’elle entendit avant de se réveiller, le lendemain. Elle pensa immédiatement que les évènements de la veille avaient été un rêve. Comment ce Minousha avait-il pu venir, et pourquoi lui aurait-il fait cette promesse ? C’était du n’importe quoi ! Il avait voulu l’enlever plusieurs fois, et à présent, il voudrait la protéger de son mariage. Non, elle avait tout inventé. C’était sûrement ça.
Elle était presque convaincue que ce n’avait été qu’un mirage, quand elle vit la plume de paon posée sur son chevet. Et n’avait-elle pas été bordée avec soin ? Pourtant, cela faisait longtemps que sa nourrice ne la couchait plus. Ce n’était donc pas un rêve ! Ronnin était vraiment venu la voir. Elanore prit la plume et la posa sur son cœur. Il allait revenir, rien que pour elle, et elle serait sauvée de cette vie pathétique !

Mais les semaines passèrent, et la date de son mariage avec un inconnu approchait. Peut-être l’avait-il oublié, il lui avait fait miroiter sa délivrance. La Minousha passait souvent des rires aux larmes, pensant de toutes ses forces que Ronnin allait venir la chercher, puis désespérant de ne jamais le revoir.
Son père mettait sur le compte du stress avant le mariage ses frasques, notamment porter une plume de paon derrière l’oreille. Comment aurait-il pu savoir que cette plume appartenant au bandit même qui avait essayé de kidnapper sa fille ? Le lunaris mercenaire qu’il avait engagé pour protéger sa fille s’était enfui, et le stoufix qui avait servi de valet à Elanore avait démissionné de ses fonctions. Il pensait que c’était simplement une envie passagère d’une jeune Minousha, et qu’il n’y avait pas de crainte à avoir. Au contraire, le jour de son anniversaire, il lui offrit un serre-tête, pour pouvoir y accrocher sa plume. Ce qu’elle ne se priva pas de faire, avec une joie cynique.

Scène finale :
Ca y est, le plus triste jour de toute sa vie était arrivé. Ronnin n’était toujours pas venu la sauver, et elle se trouvait à présent dans une immense église, en compagnie d’une foule de gens de la noblesse, il y avait là de toutes les espèces et de toutes les formes de Gothicats possibles et imaginables : des Minoushas ailés, des Lunaris au pelage de sable, des Stoufixs bariolés de chocolat et de fruits – ceux-là étaient complètement gaga de s’habiller avec de la nourriture ! -, des Flammiris aussi petits que des fées, des Deereindirs aussi nobles que majestueux, et que sais-je encore !
Tous étaient là, en tenue d’apparat, prêt à participer au serment qui la lierait pour toujours à un parfait inconnu. Son regard fit de nouveau le tour de l’Assemblée, cherchant un soutien au milieu de la foule. Elle croisa le regard de son père, qui lui sourit gentiment, et cela ne fit que faire plonger son moral au plus bas. La pauvre Minousha faillit éclater en sanglot, mais elle se mordit la lèvre et se contint. Des murmures d’impatiences parmi l’assemblée commençaient à se faire entendre, son futur époux n’était toujours pas là. Il n’était pas là, et elle espérait pour la première fois de sa vie qu’il soit arrivé du malheur à quelqu’un. Que sa calèche soit tombée dans un fossé, qu’il se soit pris une branche en sortant de chez lui…
Mais le Destin devait être contre elle. Car enfin arriva une miniature de Minousha, tous en rubans et fanfreluches. C’était ça qu’elle devait épouser ? Il avait la taille d’un Stoufix !
Son pelage, de couleur jeune et bleue, parsemé de petites tâches, était à ce point imbibé de parfum que quand il s’assit auprès d’elle, sur l’autel du sacrifice, un nuage vint les entourer et la pauvre Elanore éternua, à deux reprises, le temps que le nuage se disperse. Elle remarqua aussi qu’il avait les yeux vairons, l’un vert et l’autre bleu. Berk !
Elanore tritura son serre-tête à la plume de paon, pensant avec espoir que jusqu’à ce tous les deux disent « oui » au serment de mariage, Ronnin avait encore une chance d’arriver.
Le cœur de la minousha battait à toute allure. Tout allait beaucoup trop vite, elle avait l’impression qu’elle allait s’évanouir de frayeur. Pitié, Luminelle, faites que ce mariage n’est pas lieu ! Une boule se formait dans sa gorge, et ses pattes tremblaient. Non, tout sauf ça !
« Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! » pensa-t-elle si fort qu’elle crut un moment que le Minousha à côté d’elle l’avait entendue. Il se tourna vers elle, et lui sourit, d’un air rassurant.
Elanore se força à lui sourire en retour, mais elle ne put que faire un petit sourire timide et mal assuré. Cela dut suffire, car il détourna de nouveau la tête.
Le prêtre s’avança, un digne Stoufix qui prenait son rôle très au sérieux. Habillé d’une grande toge d’un blanc immaculé qui traînait légèrement par terre, il tenait dans ses pattes un grand et lourd livre, dans lequel était sans doute formulé les paroles sacrées du mariage.
« Nous nous sommes tous réunis ici pour une des plus belles occasions, le mariage de la Duchesse Elanore Beausillage de Blancpoil et Rapitus Pelafête de Capiteux. A cette noble occasion, le Roi et la Reine de Sandisia sont présents. »
Deux majestueux Deereindirs inclinèrent leur noble tête.
Le reste du discours fut totalement incompréhensible pour Elanore. Elle ne pouvait que voir son destin inéluctable se rapprocher, de minutes en minutes. Bientôt, beaucoup trop tôt, ils vinrent au serment qui scellerait leur destin à jamais. Non, cela ne se pouvait pas ! Et pourtant, le Stoufix commença à demander :
« Rapitus Pelafête de Capiteux, voulez-vous prendre Elanore Beausillage de Blancpelage pour épouse… »
Un immense clash retentit, et du verre brisé s’éparpilla partout comme une petite pluie, sans faire mal à beaucoup de monde. Elanore sursauta, la peur au ventre. La Minousha n’eut même pas le temps de se retourner vers l’origine du bruit qu’un minousha bien connu fit son apparition à ses côtés, faisant tomber Rapitus, celui qui voulait devenir son époux. Son cœur fit un bond dans sa poitrine.
RONNIN !!!
Il était finalement venu la délivrer de cet enfer ! Elanore ne découvrait qu’à présent la force de son amour envers le beau brigand. Ce n’était pas un Prince charmant, c’est vrai, mais au moins elle était sûre qu’il l’aimait. Personne ne bougea dans la salle, tous étaient bien trop surpris de cette apparition. Et puis, qu’ils essayent ! Elanore était sûre que Ronnin se ferait un plaisir de la défendre.
La jeune noble n’avait jamais été aussi heureuse de toute sa vie ! Elle se força à ne pas montrer la joie qui débordait en elle, mais quand Ronnin se tourna vers elle, elle ne put s’empêcher de lui sourire. Il avait un air si décidé, si sûr de lui, et ces yeux… D’un rouge flamboyant, comme le brasier qui brulait à l’intérieur de lui !
Il regarda la foule qui avait failli assister à un mariage qu’elle considérait comme son enterrement, et l’incendia de son regard de flammes. Les gens se recroquevillaient sur eux-mêmes quand il posait son regard sur eux.
« Comment osez-vous prendre cette décision, engager le futur d’une jeune Minousha, la condamner à un destin qu’elle n’a pas choisi, qu’elle n’aura sans doute jamais voulue ? Au nom de quoi pouvez-vous faire un acte aussi terrible ? »
Un Destrinos qu’elle connaissait bien, au premier rang de la foule, hennit de colère :
« Au nom de la tradition ! »
Il comptait l’assassiner au nom de la tradition ? Elle faillit bondir sur lui, toutes griffes dehors, mais Ronnin s’en chargeas à sa place. Il sauta près du Destrinos, prêt à lui mettre un coup de patte griffu. Celui-ci se cabra sous la frayeur, pendant qu’Elanore gloussait de plaisir. Heureusement pour elle, personne n’entendit son petit rire, tant tout le monde était concentré sur la scène entre Ronnin et le Destrinos. D’ailleurs, cet équidé voulait rentrer sous terre, vu comme il essayait de se faire tout petit. Elanore effaça son sourire de triomphe rapidement.
La minousha aux perles posa de nouveau son regard sur Ronnin, qui en deux bonds seulement revint à sa place légitime, à ses côtés. En deux bonds, toute en grâce et beauté, alors que la plupart des gens qui auraient essayés se seraient lamentablement ratés, trébuchant sous leur montagnes d’habit, ou étant gênés par leur lourde corpulence. Comme quoi, son Prince Briguand à elle était mieux que n’importe lequel d’entre eux ! Lui avait une finesse naturelle, que la plupart n’avait pas.
« Mais il me semble que vous vouliez un mariage, non ? » dit Ronnin, s’adressant aux nobles. A quoi voulait-il en venir ?
Eanore fronça les sourcils.
« Alors il y en aura peut-être un, à condition qu’Elanore m’accepte comme époux. En échange de quoi, je lui offre la liberté ! Elanore, veux-tu être ma femme ? »
La stupeur laissa Elanore cois quelques instants. Avait-elle bien entendu ? Il la demandait en mariage, là, ici et maintenant, devant toute cette foule ?
La minousha regarda la foule, sans s’apercevoir qu’elle souriait comme une grande enfant.
Il l’avait demandé en mariage !
« Oui, je le veux. » dit-elle, les yeux brillants d’émotion.
Dire qu’il y a quelques minutes, elle croyait que c’était le pire jour de sa vie, et à présent, elle était plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été dans sa petite vie misérable et monotone. Ensemble, ils allaient parcourir le monde, visiter tous les Royaumes, rencontrer une Vampirine pour de vrai !
Elle aimerait tant savoir à quoi cela ressemble vraiment…
La voix de son père la sortit de sa balade imaginaire.
« Comment peux-tu faire ça ? Souiller l’honneur de notre famille en épousant ce gueux ? »
Son père semblait triste et abattu, plutôt que colérique. Mais elle n’avait absolument pas envie de le consoler. Il s’était montré trop tyrannique en voulant la protéger et en la privant de liberté, eh bien il ne la protégerait plus du tout ! Plus jamais elle n’aurait à lui obéir.
« Ce gueux, comme tu dis, vaut mille fois mieux que tous ces nobles réunis. Aucun de vous ne lui arriverait à la cheville. Savez-vous au moins par quoi il est passé ? Alors n’injurie pas quelqu’un que tu ne connais pas. Il y avait bel et bien une raison pour que je porte en permanence une de ses plumes. » termina-t-elle en montrant son serre-tête.
Elle redressa la tête, se détournant de lui comme s’il n’en valait pas la peine. Malgré tout, elle avait un petit serrement au cœur.
« C’est… ce que tu souhaites vraiment, Elanore ? » demanda encore son père.
« Oui de tout mon cœur ! » répondit-elle sans l’ombre d’une hésitation, regardant son bien-aimé avec un sourire, avant de poser sa tête au creux de son épaule, et de ronronner de satisfaction. Qu’elle se sentait bien, tout contre son épaule protectrice ! Pendant un instant, elle oublia ce qui l’entourait, se concentrant sur la présence chaude et rassurante de Ronnin et son ronronnement réconfortant.
La voix de son père, une fois de plus, la ramena à la réalité, et elle rouvrit les yeux de stupéfaction.
« Alors il en sera ainsi. J’accepte que ce Ronnin t’épouse, ma fille, et j’espère de tout mon cœur que je n’ai pas fait d’erreurs. »
La surprise le mêlait à la joie dans le cœur d’Elanore. Son père, si fervent des traditions et de l’étiquette, acceptait malgré tout son mariage avec Ronnin !
Comment avait-elle pu être aussi méchante envers lui ?
La Minousha aux perles n’entendit même pas les huées de la foule. Son père acceptait son mariage ! Elanore ne fit que le regarder, mais elle fit passer tout l’amour et l’affection qu’elle le pouvait dans ses beaux yeux roses. Et cela suffit, le noble minousha comprit qu’il avait fait le bon choix. Pendant quelques instants, Elanore eut l’impression d’être en communion avec son père, puis aussi brusquement que ce sentiment était apparu, il se dissolu de lui-même.
C’est à ce moment que les gardes arrivèrent, avec leurs jolies armures de toutes les couleurs et… leurs épées, leurs lances et toutes leurs autres armes horriblement pointues et dangereuses. Qu’est-ce qu’ils allaient pouvoir faire, seuls contre cette horde ?
La Princesse regarda autour d’elle, apeurée. Puis elle vit un des amis de Ronnin, l’immense flammiris qui lui avait fait autrefois si peur, commencer à balancer sa queue d’avant en arrière, prêt à frapper le premier garde qui arriverait. Cela parut calmer légèrement leur ardeur, et elle en fut légèrement rassurée. Etrangement, ce ne fut pas Ronnin qui porta le premier coup, mais le Stoufix que tout le monde avait oublié, le prêtre. Et avec… une poêle à frire ?
« Le poêle à frire, incroyable ce truc, hein ! »
Elanore ne put s’empêcher de pouffer de rire. Elle ne savait pas si le prêtre était au courant, mais il citait exactement les paroles d’un conte qu’elle avait vu, intitulé « Raiponce », qui narrait l’histoire d’une jeune princesse enfermée dans un donjon, et qui était plus ou moins délivrée par un jeune homme légèrement voleur. Cela ne correspondait-il à sa propre histoire avec Ronnin ? Elle aussi, elle aurait son « et ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants. » ?
Alors qu’elle se faisait ces réflexions, un grand lunaris noir et blanc qu’elle n’avait jamais vue était sorti des rangs. Il avait des yeux de glace et un air aussi noble que les deereindirs qui dirigeaient la Cour Royale. Cependant, il lui semblait l’avoir déjà vu quelque part, ou plus précisément sur l’illustration d’un livre. Mais lequel étais-ce ? La mémoire lui revint en un flash soudain. C’était un messager de Luminelle, qui faisait en sorte les forces du mal soient repoussées. Il était au courant de tout ce qui se passait sur Gothicat, et accomplissait la volonté de Luminelle. Or, Luminelle voulait-elle que son mariage avec Ronnin est lieu ou non ?
Un frisson d’angoisse la prit, mais le lunaris passa ses yeux sur elle et elle sentit son regard bienveillant et chaleureux. Non, il était de leur côté. Luminelle elle-même venait à leur secours !
« Vous considérez qu’il n’y a aucun honneur à ce que Elanore Beausillage de Blancpoil épouse Ronnin Maudnoir. » commença-t-il.
Quoi ? Ronnin était un Maudnoir, un de ces affreux bandits qui pillaient les terres des honnêtes gens ? Pourtant, il semblait beaucoup plus noble que cela, ça se voyait comme les vibrisses sur le museau. Des murmures d’indignations s’élevèrent de la foule. Il y avait certainement une raison pour qu’il déclare ainsi son ascendance indigne.
« Eh bien sachez que les Maudnoir étaient une très grande famille auparavant, la plus noble qu’on puisse trouver. Autrefois, ils étaient des Bénblancs. »
Ah ! Ceci expliquait cela. Les Bénblancs avait été la seconde famille la plus importante, juste après celle du Roi. Les Beausillage de Blancpelage, sa propre famille, n’étaient rien comparé à la puissance et à l’influence qu’avait eue cette famille à leur époque révolue. Mais le dernier mage Bénblanc ne s’était pas marié, et était mort sans descendance. Aucun héritier n’avait été retrouvé. Jusqu’à aujourd’hui. Elanore n’aurait pas été étonnée le moindre du monde que Ronnin puisse être un Bénblanc. Après tout, mêmes leurs noms se ressemblaient, non ? Béni-blanc et Maudit-noir.
La voix du lunaris se fit chaude et envoutante, ressassant d’anciens souvenirs et marquant les images dans les esprits.

...

Un grand silence se fit dans l’immense salle, plus personne ne parlait.
Même Elanore était sous le choc. Mais le stoufix-prêtre ne lui laissa pas le temps de se remettre. Il recommença la cérémonie là où elle s’était arrêtée, mais en remplaçant l’époux qu’elle avait failli avoir par Ronnin.
« Ronnin Bénblanc, voulez-vous prendre Elanore Beausillage de Blancpelage comme épouse, et lui jurer fidélité et amour jusqu’à la fin de votre vie ?
-Oui, je le veux, et je lui jure aussi liberté. »
Comment avait-il pu connaître ainsi les tréfonds de son cœur, savoir qu’elle en rêvait que de s’envoler hors de sa cage ? Qu’elle avait marre de tourner en rond, qu’elle ne rêvait que de liberté, cette liberté qu’il lui promettait ?
Le stoufix se tourna alors vers Elanore, et lui demanda :
« Elanore Beausillage de Blancpelage, voulez-vous prendre Ronnin Bénblanc comme époux, et lui jurer fidélité et amour jusqu’à la fin de votre vie.
-Oui, je le veux. » dit-elle avec toute la passion dont elle était capable. Puis, avec tendresse, elle enleva la plume de son serre-tête, cette douce de plume de Paon qui lui avait donné tant d’espoir, puis elle se leva sur ses deux pattes pour la déposer à sa place initiale, sur le chapeau de Ronnin. Ca y est, ils étaient quittes.
« Les époux peuvent à présent s’embrasser. »
Ronnin se mit à sourire, et Elanore sourit de concert. Lui aussi devait penser à ses deux premières tentatives, où elle ‘avait repoussée. Mais à présent, pour tout ce qu’il avait fait pour elle, elle le lui devait bien, ce baiser.
« M’accorderez-vous enfin ce baiser, ma chère ? »
Elanore ne put s’empêcher de pouffer de rire, puis, d’un geste brusque qui l’étonna elle-même, elle sauta sur le bandit pour lui donner son baiser. Tous les deux tombèrent en arrière en éclatant de rire. Ronnin lui lécha ensuite la joue avec tendresse. Elanore eut un frisson dans tous les poils de son corps, un frisson de bonheur et de joie. Elle n’entendit même pas les bruits de la foule qui murmurait son approbation ou son désaccord. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle était à sa place, ici, à côté de son époux, et qu’elle voudrait y rester pour toujours.


Scène finale:




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Le Kerrydex !
Je suis en deuil, désolé d'avance si j'ai moins de patience ou si je parle plus rudement que d'habitude. Je ne suis pas en colère contre vous, je suis juste triste. J'essaierai de faire attention, mais si ça arrive, merci de votre compréhension.





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Message par melhu » 25 Oct 2012 17:50

j'ai hate de voir la fin
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Message par keranne » 25 Oct 2012 17:51

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Voici l'histoire de Ronnin, que je n'ai pas mise avec celle d'Elanore, car je crois que je n'aurais pas assez de place dans le message ^^

Voilà, enjoy !


*Image
http://www.youtube.com/watch?v=TmmSAFWh ... 599BCB278E
Spoiler: show
Partie 1: La fin d'une existence douloureuse et incomprise

« Ronnin ! Ton père te demande immédiatement ! »
Darinas, le meilleur ami de Ronnin, lui courait après pour lui transmettre le message. Ronnin, le minoushas au pelage sombre, soupira. Il était à peine rentré chez lui, qu’il devrait déjà supporter un entretien avec son père !
L’élégant Minousha au pelage noir parsemé de plumes de paons, tout comme son chapeau, vira et se mit à courir dans l’autre direction. Quand son père demandait à voir quelqu’un, il ne fallait surtout pas le faire attendre. Il tourna si brusquement que son chapeau faillit tomber, les plumes l’ornant frôlant le mur.
Ronnin se dirigea donc vers la salle du trône, comme son père se plaisait à l’appeler. Ce n’était en fait qu’une salle un peu plus grande et lumineuse que les autres. Enfin, tout était relatif, dans ce manoir sombre et étroit dans lequel il avait grandi, en Renarhim. On l’appelait la salle du trône, tout simplement… parce qu’une sorte d’esquisse de trône, en fait un siège bancal et encombrant, y siégeait, en face d’une longue table où la plupart des « vassaux » de son père passaient le temps à se goinfrer de la nourriture qu’ils pillaient. C’était vraiment pathétique !
Du bout de la patte, Ronnin écarta doucement la porte, pour éviter un grincement potentiel et ne pas attirer l’attention de tous. Il n’y eut pas de grincement, mais son entrée discrète fut ratée. La voix tonitruante et sarcastique de son père l’attendait.
« Ah, voici enfin mon raté de fils et son éternel chapeau ! Des deux, je crois que je préfère encore le chapeau ! »
Ronnin grimaça. Cette blague n’était même pas drôle, et pourtant, les gens de son père se mirent à ricaner bêtement. Il essaya d’avancer dignement vers son père pour se poster à côté de lui, essuyant les injures avec hauteur.
« Arrête de te pavaner comme un paon ! »
C’était censé être une blague, ça ? Sans doute que oui, car les rires redoublèrent.
Ronnin baissa la tête, fulminant de rage. Il s’approcha plus rapidement de son père, et s’assit à ses côtés. Son père l’avait toujours insulté, depuis aussi longtemps qu’il se souvenait. Il supposait que c’était dû au fait que sa mère était morte en accouchant de lui. Il paraît qu’elle était belle comme le jour, et que c’était elle qui apportait de la lumière dans ce lugubre manoir. Du moins, c’est ce qu’il avait entendu.
Ah, qu’est ce qu’il aurait voulu vivre dans une famille normale, et non pas au milieu de cette bande de hors-la-loi et de fripons !
La voix ténébreuse de son père la ramena à la réalité.
« Eh bien, qu’attends-tu pour t’incliner devant ton souverain, bêta ? »
Ronnin lui fit une révérence parfaite, balayant le sol d’une propreté douteuse avec son chapeau. Un jour, il en faisait la promesse, ce serait à son père de s’abaisser devant lui.
« Ah mais c’est bien, ça, un vrai petit noble ! Approches-toi encore plus près, j’ai une mission à confier. Malheureusement, il ne reste plus que toi pour la faire, mes autres sont déjà occupés ailleurs. »
Ouais, c’est ça, occupés à boire, manger et piller les maisons voisines ! C’était toujours lui qui faisait le sale travail de son père, et si jamais il le faisait mal… Les punitions pleuvaient sur lui ! Pourtant, il remplissait chaque mission avec succès, et il espérait qu’un jour, son père reconnaisse enfin qu’il n’était pas ce raté qu’il se plaisait tant à décrire.
« J’espère que mon poltron de fils sera à la hauteur de cette petite tâche de rien du tout. »
Il lui expliqua en quelques mots la mission, et Ronnin hocha la tête, réfléchissant déjà au moyen de réussir ce qu’il avait à faire. Il n’entendit même pas les nouvelles injures de son père et les rires gras qui l’accompagnaient, tout dans sa réflexion, où son brillant cerveau allait de nouveau trouver un moyen d’atteindre ses buts.

Ronnin, suivit de ses amis, s’approcha de l’endroit qu’il avait choisi pour l’embuscade de la voiture. Silencieusement, chacun prit position. Ronnin pria pour qu’il ne se soit pas trompé, et réfléchit de nouveau aux chemins que pouvait emprunter une voiture. Il n’y en avait pas 36 dans ces terrains escarpés, et c’était un des seuls chemins fréquentables, et surtout, le plus connu. Aux dernières nouvelles, l’attelage était passé dans la ville d’à côté, donc il ne devrait pas tar…
Un bruit de roue et de galop interrompit ses réflexions. Ils étaient là ! Ronnin fit le signal à Ragehold, le puissant flammiris, qui percuta de sa masse la calèche, manquant de la faire se renverser. Dorinas, son allié de toujours, fut sur les lieux quelques pas avant lieu. Il avait déjà tiré le minuscule Stoufix servant comme valet, et tremblant de peur, du véhicule et le remettais entre les mains du Crapaud, un Stoufix qui méritait bien son nom, mais dont la loyauté avait été cent fois prouvée. Le beau Minousha sauta sur l’avant du véhicule, et allait ouvrir le rideau qui laissait un peu d’intimité à la demoiselle à l’intérieur, quand celui-ci s’ouvrit de lui-même, avec un bruit de déchirement.
La minousha hoqueta comiquement.
Pauvre petite chose ! Elle ne devait surement pas s’attendre à rencontrer ainsi un bandit de grand chemin comme lui. Mais il devait faire son travail. Il la sortit sans ménagement de sa cachette. Elle était sa captive, et il devait faire attention à elle, certes, mais ce n’étais pas une raison pour la sous-estimer. Si jamais elle s’échappait, son père le tuerait !
Enfin, elle arrêta de se débattre dans tous les sens. Peut-être allait-il pouvoir arrêter de la surveiller de près. Il pouvait faire beaucoup de choses pour son père, mais servir de nounou, très peu pour lui !
"Ah bah voilà, vous cessez enfin de vous débattre !"
Son regard noir… Elle était vraiment jolie, pour une noble, et avait une façon de mépriser si différente de son père ! Pour un peu, il en tomberait amoureux !
Une phrase lui revint, d’il-ne-savait-plus-qui : « Épatante cette fille ! Ou j'la démolis, ou j'tombe amoureux ! C'est tout l'un ou tout l'autre ! »
Crapaud l’interrompit en lui disant :
"T'es sûr que c'est bien elle ? Elle a plus l'air d'une furie que d'une Lady."
Ronnin ne put s’empêcher de passer sa patte sur le pelage de la Minousha, pour en savourer la texture. Des pelages comme ça, c’est sûr qu’il en trouverait jamais d’où il venait. Cette blancheur immaculée, aux reflets roses et verts, parsemés de fils d’ébènes reliés à des perles diamantées…
Il en profita aussi pour lui arracher une perle, mais sans lui faire mal. Si jamais quelqu’un surprenait ce geste, il pourrait croire qu’il était amoureux de cette pimbêche ! Or, il voulait simplement garder un souvenir appartenant à un noble, ces gens qu’il cherchait tant à imiter.
Il répondit à Crapaud, puis termina sa phrase en parlant directement à cette petite noble, pour tester sa réaction :
"Oh, ne t'inquiète pas, c'est bien une Lady, il n'y a que des nobles pour avoir la fourrure aussi douce, pleine de reflets, et ces joyaux étincelants digne des plus grands rois. Allez, venez avec nous, Ma Lady ! Mais maintenant que vous êtes à nous, j'exigerais de vous un petit baiser... "
Comme il s’en doutait, elle leva la patte pour le frapper, mais il avait déjà prévenu le coup. Il voulait l’enfoncer dans ses retranchements, pour voir ce qu’elle valait vraiment.
" Ne me donnez jamais de refus devant mes amis, cela me met en rogne. Et vous savez ce qui arrive quand je suis en colère ?"
Il mit toute la hargne qu’il pouvait dans son air et dans ses yeux. Mais il dut trop forcer la dose, la pauvre petite se recroquevilla sur place.
Alors qu’il allait s’excuser, un bruit de galop retentit derrière eux.
« Des soldats ! »
Ronnin crut reconnaître la voix de Dorinas. Non, ce n’était pas possible ! Pas maintenant ! Ronnin feula sa colère et enfonça profondément ses griffes dans le sol. Il ne pouvait pas emmener avec lui la minousha, ils se feraient rattraper en un rien de temps. Ils devaient partir immédiatement, pour gagner le peu d’avance qu’ils pouvaient contre ces soldats. Il fusilla du regard la minousha, comme si tout ceci était sa faute, et lui dit :
« Sois sûre que l'on se retrouvera, ma belle. Oui, on se reverra. »
Car il était sûr qu’il devrait terminer cette mission, un jour ou l’autre. En attendant, il allait devoir supporter les foudres de son père. Ronnin s’enfuit en galopant, remarquant à peine Rageold le flammiris qui déversait sa rage contre la calèche de la jeune noble. Puis ils ne s’occupèrent que de fuir les soldats.

« Eh bien, où est-elle ? »
Ronnin détourna les yeux. Il aurait préféré être n’importe où, plutôt que de devoir affronter les foudres de ce père qui le détestait. Qu’avait-il donc fait pour mériter un tel père ?
« Qu’ai-je donc fait pour mériter un tel fils ? Je suppose que tu n’as même pas pu voir la couleur de son pelage, l’as-tu au moins cherché ?
-Je la tenais entre mes griffes, quand un contingent de soldats est arrivé. Voulais-tu que je meure stupidement en essayant de me battre contre une dizaine de guerriers ?
-J’aurais préféré, plutôt que tu me couvres de honte en me rapportant qu’un peu de poussière. Ce n’était pourtant pas compliqué de ramener une petite fille pleurnicheuse et pourrie gâtée. Hors de ma vue, petit rat ! »
hurla-t-il en le frappant du revers de la patte.
Le pauvre Minousha recula sous le coup. Ronnin sortit de la salle, les larmes aux yeux et la joue en feu. Il avait fait tout ce qu’il avait pu, que voulait-il d’autre ?
Il essuya ses larmes, rageusement, puis s’enfuit dans le seul endroit qui lui réchauffait un peu le cœur, en haut de la plus haute tour de ce taudis que tous appelaient Manoir. Ronnin sauta sur le rebord, tout prêt du vide, et posa sa tête sur ses pattes, les larmes défilant le long de ses joues et les griffes sorties. Il regardait cette sombre forêt dans laquelle il se plaisait parfois à aller. Comment pouvait-il faire pour prouver à son père qu’il n’était pas un le débris qu’il croyait que son fils était ?
Pourtant, Ronnin savait qu’il était plein de qualités : il était intelligent, assez beau, puissant et bien éduqué. Mais pour que son père le voie enfin, il devait être plus que ça. Il devait être le plus fort, le plus agile. Il devait être meilleur que tous les autres Gothicats. Il devait être LE meilleur. Quand le jeune minousha se retourna pour aller dans la salle d’entraînement, il remarqua enfin son ami Dorinas. Le lunaris baissa le regard quand Ronnin le regarda :
« Je suis vraiment désolé, Ronnin. On aurait pu faire mieux, on aurait pu…
-Non, ne t’inquiète pas Dorinas. »
Le Minoushas lécha gentiment la joue de son ami.
« Tu as fait tout ce que tu pouvais, tu n’es pour rien. C’est de ma faute, j’aurais dû penser que des soldats pourraient venir à ce moment. C’est moi qui n’ai pas bien fait mon travail. » Ronnin s’éloigna à grands pas pressés, mais Dorinas le suivit.
« Attends ! »
Le minousha aux plumes de paons se retourna. Le sombre lunaris lui toucha la joue.
« Tu saignes. Il faut que tu soignes ça.
-Bah, ce n’est qu’une éraflure. Ca guérira. Ce ne sera pas la première fois – ni la dernière - . »
Dorinas eut un petit rire, puis il s’occupa de sa blessure bégnine.

Ronnin ne vit pas son père avant plusieurs semaines. Il s’entraîna dur, combattant avec acharnement dans la salle d’entraînement, pour être le plus fort et le plus rapide possible. Il sauta, frappa, courut, esquiva, donna des coups de griffes plus rapides que l’éclair, combattit des gothicats de son père plus âgé et expérimentés. Et il gagna à tous les coups. Il fit tant et si bien qu’aucun gothicat du manoir, même le lunaris le plus hargneux, soit obligé de reconnaître sa bravoure et sa dextérité. Personne n’osait plus le combattre seul à seul, et même à deux contre un, on risquait sa peau contre Ronnin. Mais cela ne suffisait toujours pas. Ronnin voulait être capable de résister à dix gothicats en même temps.
Quand son père le demanda de nouveau, il se sentait prêt. Cette fois-ci, il reviendrait avec la Minousha, ou bien il ne reviendrait pas.
Il étudia avec attention les endroits ou une carriole pourrait passer, les horaires des soldats, etc. Rapidement, il sut où il allait attaquer. Cette fois-ci, il irait seul. Malgré les supplications de Dorinas, sa décision avait été irrévocable. C’était à lui, et à lui seul de remplir cette mission.

Un éclaireur-combattant protégeait la petite demoiselle. Il le connaissait de réputation, c’était le meilleur mercenaire de la région. Le genre de gothicat qu’il haïssait ; un lunaris dont la vie était basée sur le fait de tuer. Oui, c’était un tueur-né, cela se voyait dans son regard, la puissance de ses muscles, sa haute carrure. Mais cette fois-ci, c’était lui qui allait le tuer. Ronnin ferma les yeux, inspira profondément, puis fit une prière à la déesse Sangorah, la seule qu’il connaissait, pour que la mort repousse son échéance et ne prenne pas sa vie.
« Il n’y a qu’un Dieu, et son nom est Mort. Et il n’y a qu’une seule chose à dire à la mort : Not today. »
Puis Ronnin sauta en face de son adversaire, le défiant du regard. Ce fut le lunaris, Scar, qui l’attaqua en premier. Il évita son attaque avec facilité déconcertante et lança sa contre-attaque, qui réussit. Une première marque rouge éclaboussa d’écarlate le pelage roux du lunaris, suivie d’une autre, et encore une autre. Ronnin utilisait toute sa vitesse, et faisait bien attention à en pas respirer cette brume qui environnait son ennemi.
A coup sûr, c’était une sorte de poison ! Le Minousha enchaînait ses attaques à un rythme effréné. Tous deux savaient que Scar était sur le point de perdre.
Ronnin, enhardi par sa victoire, voulu en finir. Il donna un puissant coup de patte qui envoya le lunaris rouge au sol. A la grande surprise du Minousha-bandit, le lunaris se releva, mais pour fuir, la queue entre les jambes.
Quel pitoyable mercenaire ! Plus personne ne voudrait de lui dans la région. Ronnin regarda le carrosse et crut voir une silhouette l’épier.
Il se dirigea vers la Minousha, et écartant délicatement le rideau, il lui dit :
« Je vous avais bien dit que je vous retrouverais, ma belle. »
Mais elle lui tourna le dos, comme si elle ne faisait aucun cas de sa remarque. Elle commençait vraiment à l’énerver, celle-là !
« S’il vous plait, j’ai déjà bien assez combattu votre chevalier servant, je n’ai pas envie de devoir vous affronter en plus de ça. Je risquerais d’abimer votre beau pelage blanc… »
Il la sentit hésiter, et puis finalement se détendre. Enfin ! Il allait pouvoir la ramener. Il regarda quelques instants son doux visage, constellé de diamants. Ses yeux étaient si grands et si somptueux, avec cette teinte rose qu’il n’avait jamais vue nulle part ailleurs. Lui n’avait que les yeux de son père, du même affreux rouge sanguin. Il n’aurait jamais l’occasion de revoir une telle beauté. Aussi, comme il se disait qu’il n’avait rien à perdre, le minousha sombre demanda effrontément :
« Bien. Maintenant, il me semble que vous me deviez un baiser, non ? »
Il ne la vit même pas se hérisser de fureur, il la renversa sur le dos. Son pelage était si doux ! Il se souvenait de cette perle arrachée, qu’il gardait précieusement dans sa chambre. Il pencha son visage vers le sien, fermant à demi les yeux… un choc sourd lui fit soudain ouvrir de nouveau les yeux et il s’effondra, voyant la patte vengeresse de la noble armée d’un caillou, qu’elle avait utilisé pour l’assommer.

Quand Ronnin se réveilla, il porta immédiatement sa patte au front, et la retira imbibée de sang. Elle avait de la force, cette Minousha ! Il se releva, et la vit courir, non loin de lui. Il aurait aisément pu la rattraper, mais… Il ne le voulait pas. Elle avait la liberté dans le sang, on ne pouvait pas la contraindre. Si jamais elle était enfermée quelque part, il était persuadé qu’elle se tuerait. Non, il ne la toucherait plus. Ronnin retourna chez son père, apaisé.

Quand il fut arrivé, son premier geste fut d’entrer dans la salle du trône, là où siégeait son père. Et, devant tous, il dit à son père, bien en face, les oreilles et la queue haute :
« Non, je n’ai pas ramené celle que tu m’a demandé. J’aurais pu, mais j’en ai marre de t’obéir, d’être à tes ordres, tandis que tu m’insultes délibérément. »
Qu’est-ce qui s’était passé dans sa tête ? Pourquoi disait-il cela à son père ? Il allait le tuer ! Le puissant Minousha se leva, et se dressa face à Ronnin. Cependant, celui-ci ne trembla pas, et continua de regarder son père droit dans les yeux, bien qu’il mesure une tête de plus que lui-même. Le premier coup de patte de son père l’envoya au sol, la joue tuméfiée. Ronnin se releva, clignant des yeux pour enlever ses larmes de douleur et toisa de nouveau son père.
Le père de Ronnin frappa son fils jusqu’à ce que celui-ci n’es plus la force de se lever, et de le défier.
Ronnin entendit les dernières paroles de son père, peu avant de s’évanouir :
« Virez-moi cette vermine de la salle. »
Il sentit quelqu’un le soulever, Ragehold sans doute, et il sombra dans l’inconscience. Quand Ronnin se réveilla, la première sensation qu’il eut, ce fut la douleur. Il avait mal. Son corps dans son ensemble lui faisait mal. Il souleva une paupière et un éclair de douleur le traversa. Il allait essayer de se lever quand une voix familière lui dit :
« Non, n’y penses même pas. Reste allongé, tu as besoin de repos pour guérir. »
Le visage de Dorinas passa au-dessus de lui, puis il sentit une fraîcheur bienvenue sur son front. Peu après, il se rendormit.

Quand Ronnin se réveilla de nouveau, il se sentait déjà en bien meilleure forme. La douleur était beaucoup moins présente, et il se sentait la force de se lever.
Le minousha se retourna sur ses pattes, et bondit au sol.
Un éclair de douleur le traversa, mais il était largement compensé par le bonheur que Ronnin avait de sentir ses muscles jouer. Il prit quelques poses d’attaques, puis fit jouer ses épaules ; il n’était pas dans la meilleure des formes, mais s’il devait combattre quelqu’un, il pourrait s’en sortir honnêtement.
Il estima que cela devait faire un bon mois qu’il avait dormi, pour être arrivé à ce stade de guérison. Alors qu’il allait sortir, Dorinas entra dans sa chambre, une mixture dans sa gueule. Le lunaris posa la mixture sur sa table de chevet, et le regarda avec bienveillance :
« Eh bien, déjà sur tes pattes ? Tu confirmes bien le dicton : Un Minousha retombes toujours sur ses pattes ! »
Puis il éclata de rire. Ronnin rit à son tour, enchanté de retrouver son meilleur ami.
« Alors, cela fait depuis combien de temps que je me suis évanoui ? un mois, deux ?"
Dorinas plissa les yeux et sourit, dévoilant de longs crocs recourbés.
« Soigner les gens a toujours été une passion chez moi. Tu as été un bon cobaye, j’ai pu utiliser pas mal de potions, et qui ont fait leurs preuves. Cela ne fait même pas une semaine que Ragehold t’a sorti de la salle du Trône, en pitoyable état. »
Ronnin eut un hoquet de stupeur. Quoi ? Une semaine ? Il regarda son pelage et dût avouer que ses blessures n’étaient pas entièrement cicatrisées ; il devrait faire attention quand il se dépenserait.
« Ton père a demanda à te voir dès que tu seras capable de le rejoindre. S’il te plait, ne fais des folies comme la dernière fois ; dis oui à tout ce qu’il te demandera. Je n’ai pas envie de passer une semaine de plus à ton chevet. »
C’est alors que Ronnin remarqua les cernes de son ami, son air fatigué. Pour lui, Dorinas s’était crevé à le veiller jour et nuit, utilisant ses plus puissantes potions. Ronnin commença à ronronner.
« Pour toi, je ferais ce que mon père me demandera. Mais ce sera la dernière fois. Après, je partirais pour toujours. Dès que je le pourrais, je compte m’enfuir d’ici. Avec toi, Ragehold et Crapaud, si vous le désirez. »
Dorinas hocha la tête, et lui répondit :
« Je viendrais avec toi. Je dois t’avouer que… je crois que tu je ne pourrais pas vivre sans toi. Ce que je veux dire, c’est que… je n’ai que deux buts dans ma vie : te suivre et soigner les gens, alors… »
Ronnin éclata de rire. Dorinas avait toujours eu beaucoup de mal à exprimer ce qu’il voulait dire, mais il comprenait parfaitement. Le Minousha ronronna de plus belle, et lui donna un léger coup de museau, pour lui signifier qu’il n’avait pas besoin d’en dire plus. Puis, pour la dernière fois de sa vie, il se dirigea vers cette salle qu’il haïssait presque autant que son père. D’ailleurs, ce ne serait jamais plus son père. Ce serait Seigneur Nightmare, à présent.
D’une patte adroite, Ronnin remit son chapeau en place, et s’avança dans la salle. Pour une fois, ce ne fut pas des rires moqueurs qui l’accueillirent, mais des murmures de stupéfaction. Ronnin sourit sous cape, ou plutôt sous son chapeau.
Quel cadeau lui faisait Dorinas !
Il se présenta devant Nightmare avec froideur, s’inclinant sèchement.
« Qu’y a-t-il, mon Seigneur ? »
Nightmare ne se démonta pas devant ces paroles.
« Je vois que tu es déjà requinqué. Alors à présent, tu vas enfin terminer ta mission. Ramène-moi cette petite noble.
-Bien, Seigneur Nightmare. »
Le gros Minoushas se leva, menaçant. Ronnin se demanda comment avait-il pu avoir peur de ce tas de graisse, qui était éternellement vautré dans son fauteuil. De la puissance, dans ce corps ? Non, il ne voyait que de la graisse, à présent.
« Je te rappelle que je suis ton père, alors appelles-moi ainsi ! »
Il dressa la patte, comme pour lui en donner un coup, mais Ronnin l’évita souplement.
« Non, tu n’es plus mon père. Tu n’es plus rien pour moi. Et plus jamais je ne te permettrais de me battre en public.»
Nightmare resta quelques instants sur place, ne bougeant plus. La nouvelle semblait l’avoir choqué. Mais il aurait dû s’y attendre, pourtant.
« Sortez ! Sortez tous ! »
hurla-t-il à tous ses Seigneurs.
Ceux-ci s’exécutèrent dans un brouhaha. Après quelques minutes, il ne resta plus que Ronnin et Nightmare Maudnoir.
Le père et le fils se dévisagèrent quelques instants, en lunaris de faïence. Le regard du seigneur était lourd sur le Minousha sombre au grand chapeau, et il n’y a pas si longtemps, Ronnin se serrait tortiller sur place.
Mais à présent, il se sentait plus puissant que son père. Il avait des amis sur qui compter, et il se savait bien plus puissant et agile que ce lourdaud.
Ronnin sentit quelque chose se briser en Nightmare, et celui-ci éclata en sanglot.
« Ne… ne pars pas ! Je… je t’aime mon fils ! »
Ronnin n’y crut pas un instant. C’était sans nul doute un stratagème pour le retenir, mais il avait depuis trop longtemps montré son amour à son père, sans que celui-ci y réponde. Aussi lui répondit-il :
« Ah bon ? C’est pour ça que tu m’as toujours traité comme une vermine ?
-Je suis désolé, je n’aurais pas dû. Ta mère…
-Ma mère est morte, elle n’avait rien à voir avec ce que tu m’as fait subir. Adieu, Seigneur Nightmare de Maudnoir. »

Ronnin s’enfuit ensuite vers sa chambre, sans plus un mot ni un regard vers ce débris de Minousha. Il récupéra toutes ses affaires, et les empaqueta en un lourd sac. Après une hésitation, il enfila le diamant qu’il avait volé à la noble en collier, puis, sortit de la sombre demeure, le cœur plus léger.
Plus jamais il ne reviendrait dans cet endroit, et il en était heureux. Une nouvelle vie l’attendait ! Le chapeau sur la tête, le sac sur les épaules et le diamant sur le cœur, il s’en allait, heureux comme jamais il ne l’avait été. Une page de sa vie se fermait à tout jamais.

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Partie 2: Une promesse, un destin

Ronnin n’eut pas à chercher longtemps la demeure de la belle inconnue. Elle faisait partie des nobles les plus connus de la région, et chacun reconnaissait aisément le diamant qu’il portait autour du cou. Il inventa, pour questionner les gens, une histoire où il était un messager devant donner d’urgence une lettre à – il apprit très vite le prénom de la demoiselle en question – Elanore.
Ses manières et son beau chapeau convainquaient rapidement de son statut de messager de la noblesse. Les gens n’allaient pas chercher loin.
Et si jamais ils réfléchissaient un peu trop… Ronnin se ferait un plaisir de leur faire oublier son passage, à coup de griffes. Heureusement, cela n’arriva qu’une seule fois, et le pauvre Destrinos qui avait flairé la vérité, promis sur chacun des Dieux de ne rien dire à personne. Ouf ! Ronnin détestait devoir faire du mal sans raison, même s'il en était parfaitement capable.
Grâce à son collier au diamant qui lui faisait de laissez-passer, Ronnin put très facilement accéder au Château de la Demoiselle.
Et il en fut époustouflé. Il n’avait jamais vu d’endroit aussi beau de toute sa vie !
La maison, toute en grâce, noblesse et beauté, artistement éclairée et avec des plantes trônant un peu partout, lui fit penser un instant à sa mère.
Si elle avait continuer à vivre, peut-être que son petit Manoir serait devenu comme cet endroit ? Enfin, il devait arrêter de penser au passé. Ce qui été fait était fait, il ne pourrait jamais revenir là-dessus et ressusciter sa mère.
Pendant toute la journée, il se cacha dans le jardin, inspectant les mouvements de la maison, et devinant où se trouvait la Demoiselle. La chance semblait lui sourire, car là encore, il n’eut aucun mal à la trouver. Une fenêtre s’ouvrit, et un charmant profil s’y encadra. Elle souriait, mais malgré cela, il sentait une tristesse sous-jacente dans son attitude. De sa gorge, sortit une chanson si triste qu’elle lui mit les larmes aux yeux.
Tout en chantant, la belle Minousha jouait d’une harpe avec dextérité.

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Caché derrière un rocher, le brigand regarda la belle demoiselle, le cœur ému. Il avait l’impression de voir une pierre précieuse se fêler, attendant peu à peu l’heure où elle exploserait en mille morceaux.
La nuit tomba petit à petit. Les oiseaux du jour cessèrent de chanter, laissant places aux hibous, chouettes et autres animaux nocturnes. Ronnin, le Minousha sombre au chapeau de paon, s’avança enfin vers la chambre de la demoiselle.
Souplement, malgré ses blessures récentes, il grimpa à l’aide de ses griffes au mur de la gracieuse maison. Un lierre aux branches solides l’aida à s’assurer une bonne prise. Il progressait rapidement, même s’il sentait une douleur s’intensifier du côté de son épaule gauche.
Le félin sauta prestement sur le balcon de la chambre, rentrant ses griffes pour ne pas faire de bruit. A pas de Lunaris, il entra dans la demeure. Elle lui tournait le dos, enfilant un pyjama rose avec… des petits cœurs ? Non mais c’était quoi ce pyjama ?
En quelques pas, il fut près d’elle. La jeune Minousha ne sembla se rendre compte de sa présence qu’au moment où il lui mit une patte devant la bouche. Il la sentit pousser un hoquet de frayeur, puis se calmer. Sa peau douce était chaude contre lui, et son étrange pyjama lui chatouillait légèrement. Il savoura ces quelques instants, avant que quelqu’un ne frappe à la porte. Ni une ni deux, Ronnin fut enfermé dans une grande armoire. Et il se garda bien d’en sortir. Il ne savait pas trop qui était entré, et avec ses blessures, il ne serait pas capable de combattre efficacement.
Avec précaution, il s’approcha de la porte de l’armoire et observa la scène entre les deux battants de la porte.
Ce grand Minousha fat était surement son père. Le brigand tendit l’oreille pour épier la conversation, et comprit rapidement qu’il voulait la marier. La marier ? De force ? Mais ils étaient vraiment fous, ces nobles !
La pauvre n’avait aucune voix au chapitre, il ne lui demandait même pas son avis.
Elle éclata en sanglots, et cet imbécile pensa qu’elle pleurait de joie.
Ronnin tendit ses muscles, réfrénant son envie de sortir de l’armoire pour donner une correction à ce crétin ! Enfin, la porte se referma avec douceur, et Ronnin écarta les battants de l’armoire pour pouvoir passer.
Il contempla quelques instants la Minousha qui pleurait. Qu’elle était jolie ! Il avait tellement envie de la réconforter, de la consoler. Ronnin s’allongea à côté d’elle, et il l’entendit murmurer :
« Serre-moi dans tes pattes. »
Ce qu’il s’empressa de faire. Son pelage lui semblait encore plus doux que la dernière fois mais elle était froide, défaillante. Pauvre petite chose ! Si fragile mais si forte ! Elle pleura contre son épaule ; il sentit les larmes mouiller sa longue fourrure sombre ornée de plumes de paons.
« C’est affreux ! Je ne veux absolument pas me marier ! Surtout pas à un vieux barbon ! Je serai enfermée à jamais ! »
lui dit-elle d’une toute petite voix.
Ronnin ne put supporter de la voir dans cet état. Elle qui avait été si forte, qui lui avait résisté par deux fois… Aussi il lui fit des promesses inconsidérées, ne prenant pas vraiment compte la mesure de ses paroles sur l’instant.
« Je te promets que ton mariage n’aura pas lieu. Je m’y engage personnellement. Et si jamais tu doutes de ma parole, je te laisse cette plume de mon chapeau. Tu n’auras qu’à la regarder, et te dire que Ronnin tint toujours ses promesses.
-Elanore te remercie du fond du cœur. »
Elanore, un adorable prénom, pour une adorable Minousha.
Il sentit le souffle d’Elanore devenir plus long, plus profond.
Elle devait s’être endormie. Il lui lécha tendrement une oreille, puis la coucha dans son lit, la bordant comme sa mère l’aurait fait, si elle était encore là. Puis il détacha une plume de son chapeau, qu’il posa précautionneusement sur la table de chevet. Après avoir respiré une dernière fois sa délicieuse odeur, il partit de la maison.
Une fois dehors, dans l’air frais de la nuit, il prit mesure de son serment absurde. Qu’avait-il fait ? Comment allait-il pouvoir accomplir son serment ?
Il était dénoué de tout pouvoir, à présent, il n’avait plus que ses vêtements, son chapeau… Mais aussi ses talents naturels, et des amis sur qui compter…
Une nouvelle idée commença à se former dans l’esprit ingénieux du jeune Minousha, qui se mit à sourire sournoisement. Oh non, elle ne se marierait pas, du moins pas de force…

Scène Finale :

Tout avait été préparé à l’avance, chacun était à son poste. Dorinas, Ragehold et Ronnin attendaient le signal de Crapaud. Apparemment, la cérémonie de mariage avait déjà commencé.
Les trois amis attendaient à la Terrasse, caché dans les buissons. L’immense église devant laquelle ils attendaient semblait remplie de monde. Tous venus pour célébrer le mariage d’Elanore, ou plutôt sa mise au tombeau. Car une fois mariée, Elanore n’aura plus de liberté. Et sans liberté… elle serait incapable de vivre.
Un sifflement parvient au Minousha chapeauté. C’était le signal ! L’immense Flamiris, Ragehold, regarda Ronnin, qui hocha la tête. Avec une douceur que ceux qui ne connaissaient pas réellement Ragehold ne l’auraient jamais cru capable, le puissant flammiris prit Dorinas et Ronnin dans ses pattes.
Puis le flammiris s’envola. Ronnin ne sentait quasiment pas l’étreinte de Ragehold autour de ses côtes, il avait simplement l’impression de s’envoler. Le vent contre ses vibrisses, qui agitait les plumes de son chapeau…
Non ! Il devait rester concentrer sur sa mission.
En quelques coups d’ailes, Ragehold s’éleva, puis se mit face à l’immense vitre qui donnait une belle vue aux invités du mariage sur la forêt au-dehors. Il fit tournoyer sa queue, puis l’abattit sur ces vitres, la brisant en éclats de verres qui arrosèrent les invités. Ronnin réagit au quart de tour. Il sauta des griffes de Ragehold, se réceptionna avec grâce sur le sol, avant de sauter sur le futur époux d’Elanore, et d’un brusque coup d’épaule, le renverser au sol. Ce n’était qu’un jeune sot de Minousha, qui n’avait pour lui qu’une beauté limitée, mais l’œil torve. Cet imbécile tremblait de peur sous ses griffes, et il en rajouta une couche en enfonçant légèrement ses griffes dans son pelage, ce qui fit couiner le petit. Ronnin eut presque de la pitié pour lui. Ce n’était encore qu’un gamin. Il le relâcha, et le petit Minousha s’enfuit en galopant, la peur au ventre.
Ronnin jeta un coup d’œil à Elanore, qui lui adressa un petit sourire. Ces yeux… Ces yeux roses brillaient d’une telle lueur ! Il en tira le courage de faire une harangue à tous ces nobles installés confortablement pour la cérémonie. Il fallait qu’il se dépêche, il n’allait pas tarder à être délogé par les Lunaris-soldats.
Son regard carnin toisa de haut la foule qui était là. Il prit son inspiration, et commença :
« Comment osez-vous prendre cette décision, engager le futur d’une jeune Minousha, la condamner à un destin qu’elle n’a pas choisi, qu’elle n’aura sans doute jamais voulue ? Au nom de quoi pouvez-vous faire un acte aussi terrible ? »
Un des Destrinos, au premier rang de la foule, hennit de colère :
« Au nom de la tradition ! »
« La tradition ? » feula Ronnin.
En quelques bonds, il fut près du Destrinos, prêt à se jeter sur lui. Le pauvre Destrinos se cabra de frayeur, avant de se faire tout petit malgré sa masse sous son regard rouge menaçant.
L’élégant Minousha au pelage sombre sauta de nouveau sur l’autel, tout en grâce et en beauté.
« Mais il me semble que vous vouliez un mariage, non ? Alors il y en aura peut-être un, à condition qu’Elanore m’accepte comme époux. En échange de quoi, je lui offre la liberté ! Elanore, veux-tu être ma femme ? »
Ronnin se tourna vers la Minousha, lui souriant gentiment. Celle-ci resta quelques instants sans rien dire. Allait-elle refuser son offre ? Mais un sourire éclaira son visage, un sourire qu’il n’avait encore jamais vue sur son museau habituellement légèrement triste, un sourire de bonheur pur. Elle parcourut l’assemblée de ses yeux d’un rose si pur, puis répondit :
« Oui, je le veux. »
Ronnin faillit hurler de joie. Ca y est, ils allaient pouvoir être ensemble pour l’éternité ! Et il se promettait qu’à ses côtés, elle soit heureuse. Ce seras sa première raison de vivre, rendre heureuse Elanore, cette minousha dont, il se rendait compte à présent, il était tombé follement amoureux. Mais un obstacle gênait encore leur union. Le père d’Elanore sortit des rangs, regardant sa fille d’un air à la fois surpris et abattu.
« Comment peux-tu faire ça ? Souiller l’honneur de notre famille en épousant ce gueux ? »
Les yeux de sa chère Elanore lancèrent des étincelles.
« Ce gueux, comme tu dis, vaut mille fois mieux que tous ces nobles réunis. Aucun de vous ne lui arriverait à la cheville. Savez-vous au moins par quoi il est passé ? Alors n’injurie pas quelqu’un que tu ne connais pas. Il y avait belle et bien une raison pour que je porte en permanence une de ses plumes. » termina-t-elle en montrant son serre-tête.
Comment avait-elle pu deviner tout ça ? Comment avait-elle pu deviner le tréfonds de son cœur, voir sa guerre de chaque jour contre son père ?
Le pelage d’Elanore était hérissé, et elle regarda son père d’un air presque méprisant. Celui-ci prit l’air d’un lunaris battu.
« C’est… ce que tu souhaites vraiment, Elanore ?
-Oui de tout mon cœur ! » dit-elle avant de se retourner vers Ronnin et de lui sourire. Elle posa sa tête sur son épaule et tous les deux ronronnèrent de bonheur, à l’unisson.
Le Minoushas emperlé observa le couple et son bonheur mutuel, puis hocha la tête.
« Alors il en sera ainsi. J’accepte que ce Ronnin t’épouse, ma fille, et j’espère de tout mon cœur que je n’ai pas fait d’erreurs. »
Parmi la foule, il y eut beaucoup de huées, mais personne ne s’approcha. Tous avaient bien trop peur de ce bandit si élégant au regard de sang et de feu, tous étaient impressionnés par son charisme.
C’est à ce moment que les gardes arrivèrent, armés de pied en cape. Ronnin feula et se posta devant Elanore, prêt à la défendre au péril de sa vie. Les crocs découverts et l’échine hérissée, il mettait toute sa rage dans son feulement, et quelques soldats, reculèrent, terrifiés. De son côté, Ragehold semblait avoir hâte d’attaquer. Un sourire flottait sur son visage, et sa queue surplombait les soldats, prête à les renverser sans pitié, tandis qu’il inspirait de l’air, pour déverser un flot de flammes et de terreur.
Dorinas, quant à lui, se posta à côté de son ami. « A la vie, à la mort ! » put lire Ronnin sur ses lèvres. Bizarrement, ce ne fut pas Ragehold qui donna le premier coup, comme Ronnin s’y attendait, mais le petit prêtre, qui assomma un soldat venu dans son dos, avec une poêle à frire.
« Le poêle à frire, incroyable ce truc, hein ! »
S’exclama le Stoufix, un sourire joyeux sur les lèvres.
Alors que les minoushas et lunaris-soldats se rangeaient en rangs d’oignions, on vit un nouvel arrivant, un lunaris, se frayer un chemin dans la foule pour parvenir jusqu’à eux. Ce lunaris blanc et noir avait de beaux yeux bleus, un air digne et noble. Il ne ressemblait pas du tout à tous ces petits bourgeois. D’où venait-il ?
« Que tout ceci cesse ! » s’exclama-t-il.
Les gardes, ne sachant plus que faire, restèrent sur place, hésitant à attaquer où à repartir.
Le beau lunaris aux yeux de glace reprit :
« Vous considérez qu’il n’y a aucun honneur à ce que Elanore Beausillage de Blancpoil épouse Ronnin Maudnoir. »
Les murmures d’indignation redoublèrent à l’écoute du nom « Maudnoir » Tous connaissaient cette famille de bandits qui ravageaient leurs champs, leurs récoltes, et pillaient et brulaient tout sur leur passage. Qu’une Princesse puisse épouser un bandit de cette sorte, c’était inconcevable.
Ronnin ouvrit la bouche pour dire qu’il ne faisait plus partie de cette famille, mais un seul regard tranchant du lunaris aux yeux de glace le fit taire.
« Eh bien sachez que les Maudnoir étaient une très grande famille auparavant, la plus noble qu’on puisse trouver. Autrefois, ils étaient des Bénblancs. »
Sous le choc, personne ne dit plus rien. Les Bénblancs avait été la seconde famille la plus importante, juste après celle du Roi. Or, le dernier Bénblanc ne s’était pas marié, et était mort sans descendance, éteignant cette lointaine lignée à tout jamais.
La voix du lunaris se fit chaude et envoutante, ressassant d’anciens souvenirs et marquant les images dans les esprits.

...

Un grand silence se fit dans l’immense salle, plus personne ne parlait.
Puis le Stoufix-prêtre continua la cérémonie, comme si les gens dans la salle avaient finalement acceptés ce mariage pour le moins original.
« Ronnin Bénblanc, voulez-vous prendre Elanore Beausillage de Blancpelage comme épouse, et lui jurer fidélité et amour jusqu’à la fin de votre vie ?
-Oui, je le veux, et je lui jure aussi liberté. »
Le stoufix se tourna alors vers Elanore, et lui demanda :
« Elanore Beausillage de Blancpelage, voulez-vous prendre Ronnin Bénblanc comme époux, et lui jurer fidélité et amour jusqu’à la fin de votre vie.
-Oui, je le veux. » répondit-elle, à l’immense joie de Ronnin. Puis elle enleva la plume de son serre-tête, se leva sur deux pattes, et accrocha adroitement la plume à sa place initiale, au grand chapeau sombre du Minousha, tout aussi sombre.
« Les époux peuvent à présent s’embrasser. »
Ronnin eut un sourire en pensant aux deux tentatives de baisers qui s’était révélé un désastre, et demanda :
« M’accorderez-vous enfin ce baiser, ma chère ? »
Elanore pouffa de rire, puis sauta sur le beau Minousha ténébreux, afin de lui donner ce baiser qu’il attendait depuis si longtemps. Ronnin tomba en arrière en éclatant de rire à son tour, puis il lécha amoureusement la joue de la Minousha. Dans la foule, des murmures de protestation et d’approbation se mêlèrent.




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Message par keranne » 25 Oct 2012 17:52

Et ce dernier post servira pour les autres personnages liés plus ou moins à cette histoire ^^

Histoires terminées :
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Histoires à venir :
Attention : Aucune de ces histoires n'est terminée ! Merci de ne pas les lire, sous peine de découvrir de dangereux spoilers... :mrgreen:
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Message par keranne » 25 Oct 2012 18:03

Merci beaucoup Melhu, mais ton intervention a un peu tout gâché, je voulais mettre mes trois messages à la suite, sans interruption, pour être le plus claire possible...
Enfin bon, c'est pas grave, cela me prouve au moins ton enthousiasme ! :lol:
Bon, la scène finale avec Ronnin est terminée, je l'ai donc postée, mais celle d'Elanore n'est pas encore faite.
C'est donc à vous de voir, si vous voulez lire maintenant ou attendre que les deux soient postées ;)

Ah, j'allais oublier ! Il y a un petit supplément, l'histoire des Bénblancs. Elle est assez longue, et comme je ne voulais pas que vous vous embêtiez à la relire pour Elanore et Ronnin, je me suis dit que vous pourriez poster ici pour que je vous l’envoies en privé...
Comme ça, je pourrais savoir qui lies mes histoires, et vous aurez vous-même une petite histoire en bonus ^^




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Message par melhu » 25 Oct 2012 18:04

moi je vais attendre a fin d'éléanore pour te demander l'histoire des benblancs
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Message par keranne » 25 Oct 2012 19:13

Je suis désolé, mais je ne terminerais probablement pas l'histoire d'Elanore ce soir, je n'ai plus aucune inspiration, et plus envie d'écrire du tout !
Je continuerais et terminerais probablement demain. :)




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Message par Chaton8 » 26 Oct 2012 17:42

Super histoire, fin émouvante - ais je préfére Rageur ! xP
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Merci Sitacadox pour l'avatar !
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Message par Loïs » 30 Oct 2012 14:56

Coucou Keranne !
Je viens de finir l’histoire de Ronnin et Elanore et j'adore ! Tout comme tes autres histoires c'est fluide et facile à lire ! :)
Est-ce que je pourrais avoir l'histoire des Bénblancs s'il te plaît ? J'ai vraiment envie de savoir ce qu'il c'est passé !
Merci et bonne continuation ! :P
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Message par keranne » 30 Oct 2012 15:10

celle d'Elanore n'est pas complètement terminée, il manque la toute dernière partie ^^
Je t'envoie l'histoire tout de suite :D




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