Voici l'histoire d'Elanore. Entre chaque partie, n'hésitez pas à aller voir ce qui se passe avec Ronnin
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http://youtu.be/LKRINV5paFY
Spoiler: show
Partie 1: Un songe plein d'espoir au sein d'une vie vide de sens
Elanore était en train de lire. Elle adorait ça, les grandes histoires de chevalier, de Princesse, de brigands et de dragons. Elle aurait tant aimé pouvoir vivre une aventure comme celle de ses livres, une grande et magnifique histoire d'amour.
Un nouveau cahot la secoua, et cette fois-ci, elle pesta haut et fort:
"Vous ne pouvez pas faire attention ! J'ai l'impression de me prendre tous les cahots de la route, et pire que tout, ça m'empêche de lire !"
Le petit Stoufix qui dirigeait l’attelage de la voiture dans laquelle était la Minoushas se retourna et lui dit:
"Excusez-moi, ma petite Madame, mais votre père a dit qu'il vous fallait une simple voiture pour aller plus rapidement et ne pas attirer l'attention. Une dame de votre rang donnerais une grande rançon à quiconque la kidnapperais, et cette région est réputée pour ses brigands de tous poils et de toutes écailles... Donc quelques cahots en échange de la vie sauve, je ne trouve pas ça cher payé. "
Quel ignare ! Elanore redressa le menton et le regarda de haut. Gêné, le petit Stoufix se détourna et reprit les rênes de ses chevaux.
La minousha aux perles soupira et se roula en boule, s'ennuyant à mourir. Un nouveau cahot manqua de l'envoyer au sol. Cette fois-ci s'en était trop ! Elle irait faire le voyage à pattes, elle n'en pouvait plus de cette stupide voiture ! Elle tira le rideau la séparant de son conducteur avec la patte, le déchirant sans faire exprès avec ses griffes. Mais la scène qui apparut lui coupa le souffle et elle ravala ses paroles venimeuses dans sa gorge.
Quatre Gothicat vêtus de noir avaient encerclés sa voiture. Des bandits ! Et ils étaient venus rien que pour elle ! Il y avait un Lunaris à l'aspect inquiétant, un stoufix qui lui faisait penser à un crapaud, un gigantesque Flammiris et un Minousha sombre, avec un immense chapeau orné de plumes.
Ce Minousha, dès qu'il la vit, galopa vers elle. La pauvre Minousha voulut s'enfuir, mais il la rattrapa et la ramena de force vers eux. Elanore ne cessa de se débattre, mais il était puissant et elle dû y renoncer. Elle s'aperçut que son valet stoufix, l'air défait, était entouré par l'affreux stoufix-bandit et le flammiris, qui semblait prêt à le réduire en cendre.
Elle déglutit, et le minousha bandit lui dit:
"Ah bah voilà, vous cessez enfin de vous débattre !"
Elle lui jeta un regard noir et voulut lui feuler au visage pour lui apprendre qu'elle n'était pas résolue à cesser de se battre aussi rapidement, mais le stoufix répugnant demanda de sa voix nasale :
"T'es sûr que c'est bien elle ? Elle a plus l'air d'une furie que d'une Lady."
Le Minoushas lui passa alors une patte sur le pelage, caressant ses poils blancs et frôlant ses merveilleuses perles bleues.
"Oh, ne t'inquiète pas, c'est bien une Lady, ils n'y a que des nobles pour avoir la fourrure aussi douce, pleine de reflets, et ces joyaux étincelants digne des plus grands rois. Allez, venez avec nous, Ma Lady ! Mais maintenant que vous êtes à nous, j'exigerais de vous un petit baiser... "
Non mais il se prenait pour qui, lui ? Elle leva la patte pour lui donner un coup de griffe, mais il retient sa patte et lui dit, d'un air menaçant qui la fit presque hérisser.
" Ne me donnez jamais de refus devant mes amis, cela me met en rogne. Et vous savez ce qui arrive quand je suis en colère ?"
Ses yeux rouges feu étincelèrent, et il se redressa de toute sa hauteur. La pauvre petite Minousha se fit toute petite, terrorisée. Mais pour une fois, la chance lui sourit. Avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, un bruit de galop résonna, derrière eux.
"Des soldats !" cria quelqu'un derrière eux.
Le minousha sombre feula et enfonça ses griffes dans le sol.
A son tour, il la fusilla du regard puis lui dit :
"Sois sûre que l'on se retrouvera, ma belle. Oui, on se reverra. »
avant de s'en aller, avec les autres brigands.
Mais le flammiris monstrueux, qui semblait constamment en colère, renversa d'un coup d'aile sa voiture, puis la réduisit en charpie, avant de s'envoler. Les chevaux de l'attelage, terrorisé, s'enfuirent en hennissant de peur.
Elanore resta sur place, ne sachant que faire. Elle regarda son stoufix-valet qui tremblait de la tête aux pieds.
Un grand Destirinos couleur chocolat arriva auprès d'elle, s'inclina, puis lui demanda:
"Vous allez bien, Mademoiselle ? J'espère qu'il n'a pas eu le temps de vous faire mal. Je vais envoyer un petit groupe de mes soldats pour retrouver ces maudits brigands et les mettre aux fers. "
Elanore ne sut pas ce qui lui as pris, mais elle éclata en sanglot contre l'épaule du Destrinos, qui, gêné, se racla la gorge.
« Hum, Mademoiselle, je crains que comme votre véhicule a été endommagé, vous ne deviez… euh… poursuivre votre route sur ma croupe. "
Elanore hocha la tête et grimpa sur l’échine du puissant Destrinos. Elle ne nota même pas que c’était exceptionnel qu’un chef de garde puisse être un Destrinos. La plupart étaient des Lunaris ou des Minoushas et parfois, mais plus rarement, des Flammiris.
Coincé sur le dos du puissant Destrinos, elle sentait tout contre elle les muscles et le pelage du Destrinos, tout comme elle avait senti sur elle la puissance et la douceur du pelage du Minousha bandit, avec son grand chapeau orné de Plumes de paon, pareils à son pelage.
Penser au moment où il avait caressé son pelage de la patte la faisait frissonner, mais elle ne savait pas si c’était de la peur où de l’excitation.
Car ça y est, il lui était enfin arrivé quelque chose ! A elle, la fille intouchable du noble le plus puissant de la région ! La petite Minousha surprotégée, qui avait à peine le droit de mettre la patte dehors, de peur de salir son précieux pelage de noble.
Fatiguée et anéantie par toutes ses émotions contradictoires – l’excitation, la peur et la joie – elle s'endormie rapidement.
Elanore reprit ses lectures, ses cours de maintien et d’étiquette. Pendant les semaines suivantes, son père se rendit compte qu’elle avait changé, même si elle essayait de le cacher. Il ne savait plus quoi faire pour lui faire oublier cet incident traumatisant, qui avait brisé la petite fille qu’elle était. Il décida donc d’organiser un voyage, de lui attribuer un peu plus de liberté. Sa petite chérie, la perle de ses yeux, lui avait tellement demandé plus de liberté !
Oui, Elanore avait été marqué par cet évènement, mais pas de la façon dont son père le croyait. Pendant tout le jour, elle rêvait de la douce odeur du Minousha, de ses puissants muscles contre son corps, de son pelage si doux ! La nuit aussi, elle rêvait de lui – mais elle cauchemardait – La pauvre Minousha croyait qu’il allait de nouveau l’enlever, mettre sa menace à exécution…
Elle était hantée par lui, et par ces mots si délicieux :
« Sois sûre que l'on se retrouvera, ma belle. Oui, on se reverra. »
Elle ne savait toujours pas si elle devait avoir peur de ces mots, et de le revoir, ou bien si elle devait être transportée de joie à l’idée qu’il lui arrive de nouveau quelque chose, dans cette vie ennuyante à mourir. Elanore fut donc agréablement surprise de pouvoir partir en vacances à Ellonia. Cela allait enfin lui permettre de changer d’air, et peut-être même d‘oublier ce satané Minousha-bandit qui la hantait !
Son père engagea un Lunaris pour la protéger ; le meilleur qui soit. C’était un puissant mâle rouge, qui, étrangement, semblait dégager une fumée verte. Il mesurait trois têtes de plus qu’elle-même, et elle ne pouvait s’empêcher d’être intimidée en sa présence. D’un seul coup de patte, il aurait pu la tuer !
Le voyage commença plutôt bien. Le soleil brillait haut dans le ciel, les réchauffant en cette journée d’automne. Les feuilles écarlates, orangées et or dansaient autour de la nouvelle calèche. Le lunaris courrait à leur côté, partant parfois en éclaireur. La minousha sortit la tête de la petite calèche, pour aller respirer l’air frais. Les rayons du soleil chatouillaient agréablement ses poils blancs aux reflets verts et roses. Elle ne voyait pas le lunaris, il devait être plus loin, et tant mieux ! Sa face marquée par une cicatrice lui faisait peur.
Soudain, il fut là, juste à côté d’elle. La minousha faillit pousser un hurlement de frayeur.
« Vous ne devriez pas sortir de ce véhicule. Cachez-vous, les brigands sont partout dans cette contrée. »
Elanore ferma brusquement le rideau, pour éviter de voir de nouveau l’affreux visage du lunaris. Un petit moment de bonheur, et ça y est, il s’était évanoui, à cause de ce maudit Lunaris !
Elle en voulait au monde entier. Pourquoi n’avait-elle droit qu’à être enfermée ? Elle n’avait aucune chance de découvrir le monde extérieur, à part le jardin de sa maison, elle n’avait quasiment jamais vue le monde extérieur. Et voilà que…
Un bruit de combat interrompit ses pensées. Elle regarda immédiatement au-dehors, et un frisson lui fit se hérisser les poils. C’était le minousha au chapeau avec des plumes de paon ! Il combattait férocement l’immense Lunaris. Etait-il fou ? Il allait se faire dévorer tout cru ! Mais non, il esquivait les attaques du lunaris, et y répondait par des coups de griffes rageurs qui ne tardèrent pas à rougir un peu plus le pelage du Lunaris.
Le lunaris fut bientôt obligé de reculer sous les assauts du minousha, et bientôt, on sentit qu’il songeait à s’enfuir. Finalement, un puissant coup le projeta à terre. Il se releva immédiatement, et s’enfuit à toutes pattes.
Elanore ne savait toujours pas si elle devait pleurer ou se réjouir. Elle ne voulait pas que ce bandit l’emmène avec lui, mais elle était heureuse de ne plus voir cet affreux Lunaris couturé de cicatrices lui tourner autour.
Bientôt, elle entendit les pas du Minousha s’approcher, et elle leva haut la tête.
« Je vous avais bien dit que je vous retrouverais, ma belle. »
Elanore se détourna, lui tournant le dos.
« S’il vous plait, j’ai déjà bien assez combattu votre chevalier servant, je n’ai pas envie de devoir vous affronter en plus de ça. Je risquerais d’abimer votre beau pelage blanc… »
Elanore hésita, puis se décida à le suivre. Après tout, ce serait peut-être mieux que de devoir rejoindre son père. Le minousha sombre eut un sourire vainqueur devant sa docilité apparente.
« Bien. Maintenant, il me semble que vous me deviez un baiser, non ? »
Elanore se hérissa de fureur.
« Quoi ? Espèce de… »
Elle n’eut pas le temps de continuer sa phrase, qu’il s’avança vers elle, son pelage collé à le sien. La minousha voulut le repousser, mais il la fit tomber. Une fois qu’elle fut au sol, il s’avança, se mettant juste sur elle et l’empêchant de se relever. Il la surplombait, et un doux sourire ornait ses lèvres. Son chapeau semblait animé d’une vie propre, les plumes de paon qui l’ornaient s’agitant doucement, comme impatientes. Sa douce odeur emplissait ses narines, mais elle refusait de se donner ainsi. Elle chercha de la patte n’importe quoi, qui pourrait lui permettre d’échapper à ce baiser volé.
Sa patte tomba sur un lourd caillou, suffisant pour assommer quelqu’un. Le minousha au pelage sombre approcha ses lèvres de celles d’Elanore, et elle le frappa avec sa pierre. Le minousha-bandit s’effondra sur le flanc, inconscient. Elanore se releva, le souffle coupé.
Elle contempla un moment ce beau Minousha dont elle ne connaissait même pas le nom. Son pelage semblait noir au premier regard, mais il était en fait bleu marine. Des plumes de paons bleues, vertes, avec un bout rouge ornaient son pelage, en un bal somptueux. Son chapeau lui était légèrement tombé sur le côté de la tête. Sans réfléchir, elle le lui remit correctement. Il commença à bouger, et Elanore s’enfuit de toute la vitesse de ses pattes, jusqu’au village voisin. Son pelage avait perdu ses beaux reflets bleus et roses, et les diamants sur son pelage étaient eux aussi pâli par la poussière qui lui collait au corps.
Au départ, les villageois ne crurent pas un instant à son histoire, voyant en elle qu’une vagabonde qui leur faisait perdre du temps. Mais un flammiris un peu plus intelligent que les autres écouta son histoire jusqu’au bout. Un petit regroupement s’était fait autour de la jeune Minousha. Quand le flammiris prit son inspiration, puis la relâcha sur Elanore, un nuage de poussière s’envola sur les spectateurs, qui toussèrent, aveuglés. Quand ils purent voir de nouveau, le pelage d’Elanore était de nouveau propre, les reflets bleus et roses de son pelage bien présents, comme les étincelants joyaux. Un murmure de stupéfaction parcourut l’assistance, jusqu’à ce que le flammiris leur ordonne :
« Eh bien, qu’attendez-vous pour rattraper le bandit ? On as pas perdu assez de temps comme ça ? »
Les villageois se dispersèrent, prenant leurs armes et courants dans tous les sens pour retrouver le voleur de grand chemin.
« J’espère t’avoir fourni assez de temps pour protéger ton précieux bandit.
-Mon précieux… ?
- Eh bien, toi et lui, seuls…
- Quoi ??? Mais vous êtes complètement malade ! »
Le flammiris rit, et Elanore détesta ce rire, qui semblait tout connaître, même l’avenir. Non, mais il se prenait pour qui, cet imbécile prétentieux ? Il osait croire qu’elle et ce bandit… Berk ! Plutôt mourir qu’épouser un individu comme celui-là ! Et de toute façon, c’était bien connu, les Princesses n’épousaient pas des bandits de grand chemin ! Elle serait mariée à un beau Prince, fort et intelligent… En fait, non, elle n’avait pas envie de se marier du tout ! Elle préférait se promener dans les bois et lire des contes.
Quand le père d’Elanore la retrouva, il la serra fort dans ses pattes ; il croyait l’avoir perdu pour toujours. Et sa décision tomba, irrévocable.
« A partir de maintenant, tu resteras dans notre Domaine, avec interdiction d’en sortir ! Il ne faut surtout pas que ces sales individus te touchent une fois de plus. »
Elanore eut beau tempêter, hurler et pleurer toutes les larmes de son corps, la décision de son père resta inflexible. Elle sera confiné chez elle à vie, jusqu’à ce que mort s’en suive. Eh bien, elle n’attendra pas que la mort vienne à elle, elle irait elle-même à la mort. La date lui sembla évidente : Le jour de son anniversaire, dans quinze jours. Il lui resterait encore quinze jours à tuer… Autant relire ses contes préférés : Les contes de Fay !
Elle n’avait encore jamais vue de Vampirine… Elle imaginait que ça ressemble à une sorte de grosse chauve-souris, avec des mains à la place des pattes.
Partie 2: La liberté et le bonheur se cherchent en trouvant l'Amour
Une semaine s’était écoulée. C’était bientôt la nuit, elle allait se mettre en pyjama. Un joli pyjama de Princesse, rose avec des…
Elanore faillit pousser un cri d’effroi, mais le Minousha sombre lui mit une patte sur la bouche, très doucement, comme s’il ne voulait pas lui faire de mal. Son visage sombre était constellé de marques, comme s’il avait reçu des coups, et un de ses yeux fermait à grand peine.
Que lui était-il arrivé ? Pourquoi avait-il été battu ? Et par qui, qui était assez puissant pour vaincre un Minousha tel que lui, qui avait battu en quelques coups de pattes un des plus grands mercenaires de la région ?
Le temps qu’elle se pose ces questions, un coup de patte à sa porte résonna. Il ne fallait certainement pas qu’on la sache avec ce Minousha dans sa chambre ! Qu’est-ce que les domestiques pourraient dire ?
Précipitamment, elle ouvrit la porte de son placard, et y enferma le Minousha-bandit, puis elle ouvrit la porte, essayant de maitriser le rouge qui lui venait aux joues.
C’était son père, qui entrait. Depuis qu’elle était enfermée chez elle, il était toujours aux petites attentions pour elle, lui apportant en permanence des gâteries, des nouveaux livres, des robes… Mais elle s’en fichait de tout ça ! Elle voulait être libre, elle ! Elle voulait se promener, seule, dans la forêt, sans chaperon pour la surveiller…
« J’ai un cadeau pour toi ! »
Encore !? : faillit-elle répliquer. Bon, allez, il ne lui restait plus qu’une semaine à le supporter. Autant faire bonne figure.
« Super ! C’est quoi ?
-Une magnifique robe ! »
Il déploya une robe d’une pureté immaculée, avec une longue traîne. Cette robe était le plus beau cadeau qu’elle n’avait jamais vu. Mais c’était une robe pour…
« J’ai beaucoup réfléchi, tu sais. Et je pense que tu es d’âge à te marier, à présent. J’ai choisi pour toi un partenaire idéal, d’âge mûr, très beau, et un surtout, un très bon parti. Je suis sûr qu’il te plaira. Vous ferez un superbe couple, tous les deux !»
Quoi ? Se marier ??!! Jamais de la vie ! Si jamais elle se mariait, ce serait encore pire ! Elle serait obligée de rester enfermée dans une maison inconnue, aux côtés d’un mari moche comme un pou et vieux comme le temps ! C’était la catastrophe !
Elle ne put se retenir, elle éclata en sanglots. Quelle vie affreuse ! Et son père, comme d’habitude, se méprit sur ses véritables sentiments.
« Je savais que tu serais ravie de cette attention, mais pleurer est un peu… excessif, je trouve. Bon, je vais te laisser te remettre de cette nouvelle. »
Il toussota, puis sortit et referma doucement la porte.
Toute dans son malheur, Elanore ne remarqua pas que la porte de son placard s’était de nouveau ouverte, et que le minousha au pelage de paon en était sorti. Elle sentit seulement une chaleur autour d’elle, puis une odeur qu’elle adorait. Une odeur de mystère, de sécurité et de tendresse.
« Serres-moi dans tes pattes ! »
demanda-t-elle sans réfléchir.
Ce qu’il fit. Elle se sentait un peu mieux, comme ça.
Elle pleura contre son épaule, en disant :
« C’est affreux ! Je ne veux absolument pas me marier ! Surtout pas à un vieux barbon ! Je serai enfermée à jamais !
-Je te promets que ton mariage n’aura pas lieu. Je m’y engage personnellement. Et si jamais tu doutes de ma parole, je te laisse cette plume de mon chapeau. Tu n’auras qu’à la regarder, et te dire que Ronnin tient toujours ses promesses.
-Elanore te remercie du fond du cœur. »
Elanore écouta ses paroles que d’une seule oreille. Ce fut la dernière chose qu’elle entendit avant de se réveiller, le lendemain. Elle pensa immédiatement que les évènements de la veille avaient été un rêve. Comment ce Minousha avait-il pu venir, et pourquoi lui aurait-il fait cette promesse ? C’était du n’importe quoi ! Il avait voulu l’enlever plusieurs fois, et à présent, il voudrait la protéger de son mariage. Non, elle avait tout inventé. C’était sûrement ça.
Elle était presque convaincue que ce n’avait été qu’un mirage, quand elle vit la plume de paon posée sur son chevet. Et n’avait-elle pas été bordée avec soin ? Pourtant, cela faisait longtemps que sa nourrice ne la couchait plus. Ce n’était donc pas un rêve ! Ronnin était vraiment venu la voir. Elanore prit la plume et la posa sur son cœur. Il allait revenir, rien que pour elle, et elle serait sauvée de cette vie pathétique !
Mais les semaines passèrent, et la date de son mariage avec un inconnu approchait. Peut-être l’avait-il oublié, il lui avait fait miroiter sa délivrance. La Minousha passait souvent des rires aux larmes, pensant de toutes ses forces que Ronnin allait venir la chercher, puis désespérant de ne jamais le revoir.
Son père mettait sur le compte du stress avant le mariage ses frasques, notamment porter une plume de paon derrière l’oreille. Comment aurait-il pu savoir que cette plume appartenant au bandit même qui avait essayé de kidnapper sa fille ? Le lunaris mercenaire qu’il avait engagé pour protéger sa fille s’était enfui, et le stoufix qui avait servi de valet à Elanore avait démissionné de ses fonctions. Il pensait que c’était simplement une envie passagère d’une jeune Minousha, et qu’il n’y avait pas de crainte à avoir. Au contraire, le jour de son anniversaire, il lui offrit un serre-tête, pour pouvoir y accrocher sa plume. Ce qu’elle ne se priva pas de faire, avec une joie cynique.
Scène finale :
Ca y est, le plus triste jour de toute sa vie était arrivé. Ronnin n’était toujours pas venu la sauver, et elle se trouvait à présent dans une immense église, en compagnie d’une foule de gens de la noblesse, il y avait là de toutes les espèces et de toutes les formes de Gothicats possibles et imaginables : des Minoushas ailés, des Lunaris au pelage de sable, des Stoufixs bariolés de chocolat et de fruits – ceux-là étaient complètement gaga de s’habiller avec de la nourriture ! -, des Flammiris aussi petits que des fées, des Deereindirs aussi nobles que majestueux, et que sais-je encore !
Tous étaient là, en tenue d’apparat, prêt à participer au serment qui la lierait pour toujours à un parfait inconnu. Son regard fit de nouveau le tour de l’Assemblée, cherchant un soutien au milieu de la foule. Elle croisa le regard de son père, qui lui sourit gentiment, et cela ne fit que faire plonger son moral au plus bas. La pauvre Minousha faillit éclater en sanglot, mais elle se mordit la lèvre et se contint. Des murmures d’impatiences parmi l’assemblée commençaient à se faire entendre, son futur époux n’était toujours pas là. Il n’était pas là, et elle espérait pour la première fois de sa vie qu’il soit arrivé du malheur à quelqu’un. Que sa calèche soit tombée dans un fossé, qu’il se soit pris une branche en sortant de chez lui…
Mais le Destin devait être contre elle. Car enfin arriva une miniature de Minousha, tous en rubans et fanfreluches. C’était ça qu’elle devait épouser ? Il avait la taille d’un Stoufix !
Son pelage, de couleur jeune et bleue, parsemé de petites tâches, était à ce point imbibé de parfum que quand il s’assit auprès d’elle, sur l’autel du sacrifice, un nuage vint les entourer et la pauvre Elanore éternua, à deux reprises, le temps que le nuage se disperse. Elle remarqua aussi qu’il avait les yeux vairons, l’un vert et l’autre bleu. Berk !
Elanore tritura son serre-tête à la plume de paon, pensant avec espoir que jusqu’à ce tous les deux disent « oui » au serment de mariage, Ronnin avait encore une chance d’arriver.
Le cœur de la minousha battait à toute allure. Tout allait beaucoup trop vite, elle avait l’impression qu’elle allait s’évanouir de frayeur. Pitié, Luminelle, faites que ce mariage n’est pas lieu ! Une boule se formait dans sa gorge, et ses pattes tremblaient. Non, tout sauf ça !
« Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! » pensa-t-elle si fort qu’elle crut un moment que le Minousha à côté d’elle l’avait entendue. Il se tourna vers elle, et lui sourit, d’un air rassurant.
Elanore se força à lui sourire en retour, mais elle ne put que faire un petit sourire timide et mal assuré. Cela dut suffire, car il détourna de nouveau la tête.
Le prêtre s’avança, un digne Stoufix qui prenait son rôle très au sérieux. Habillé d’une grande toge d’un blanc immaculé qui traînait légèrement par terre, il tenait dans ses pattes un grand et lourd livre, dans lequel était sans doute formulé les paroles sacrées du mariage.
« Nous nous sommes tous réunis ici pour une des plus belles occasions, le mariage de la Duchesse Elanore Beausillage de Blancpoil et Rapitus Pelafête de Capiteux. A cette noble occasion, le Roi et la Reine de Sandisia sont présents. »
Deux majestueux Deereindirs inclinèrent leur noble tête.
Le reste du discours fut totalement incompréhensible pour Elanore. Elle ne pouvait que voir son destin inéluctable se rapprocher, de minutes en minutes. Bientôt, beaucoup trop tôt, ils vinrent au serment qui scellerait leur destin à jamais. Non, cela ne se pouvait pas ! Et pourtant, le Stoufix commença à demander :
« Rapitus Pelafête de Capiteux, voulez-vous prendre Elanore Beausillage de Blancpelage pour épouse… »
Un immense clash retentit, et du verre brisé s’éparpilla partout comme une petite pluie, sans faire mal à beaucoup de monde. Elanore sursauta, la peur au ventre. La Minousha n’eut même pas le temps de se retourner vers l’origine du bruit qu’un minousha bien connu fit son apparition à ses côtés, faisant tomber Rapitus, celui qui voulait devenir son époux. Son cœur fit un bond dans sa poitrine.
RONNIN !!!
Il était finalement venu la délivrer de cet enfer ! Elanore ne découvrait qu’à présent la force de son amour envers le beau brigand. Ce n’était pas un Prince charmant, c’est vrai, mais au moins elle était sûre qu’il l’aimait. Personne ne bougea dans la salle, tous étaient bien trop surpris de cette apparition. Et puis, qu’ils essayent ! Elanore était sûre que Ronnin se ferait un plaisir de la défendre.
La jeune noble n’avait jamais été aussi heureuse de toute sa vie ! Elle se força à ne pas montrer la joie qui débordait en elle, mais quand Ronnin se tourna vers elle, elle ne put s’empêcher de lui sourire. Il avait un air si décidé, si sûr de lui, et ces yeux… D’un rouge flamboyant, comme le brasier qui brulait à l’intérieur de lui !
Il regarda la foule qui avait failli assister à un mariage qu’elle considérait comme son enterrement, et l’incendia de son regard de flammes. Les gens se recroquevillaient sur eux-mêmes quand il posait son regard sur eux.
« Comment osez-vous prendre cette décision, engager le futur d’une jeune Minousha, la condamner à un destin qu’elle n’a pas choisi, qu’elle n’aura sans doute jamais voulue ? Au nom de quoi pouvez-vous faire un acte aussi terrible ? »
Un Destrinos qu’elle connaissait bien, au premier rang de la foule, hennit de colère :
« Au nom de la tradition ! »
Il comptait l’assassiner au nom de la tradition ? Elle faillit bondir sur lui, toutes griffes dehors, mais Ronnin s’en chargeas à sa place. Il sauta près du Destrinos, prêt à lui mettre un coup de patte griffu. Celui-ci se cabra sous la frayeur, pendant qu’Elanore gloussait de plaisir. Heureusement pour elle, personne n’entendit son petit rire, tant tout le monde était concentré sur la scène entre Ronnin et le Destrinos. D’ailleurs, cet équidé voulait rentrer sous terre, vu comme il essayait de se faire tout petit. Elanore effaça son sourire de triomphe rapidement.
La minousha aux perles posa de nouveau son regard sur Ronnin, qui en deux bonds seulement revint à sa place légitime, à ses côtés. En deux bonds, toute en grâce et beauté, alors que la plupart des gens qui auraient essayés se seraient lamentablement ratés, trébuchant sous leur montagnes d’habit, ou étant gênés par leur lourde corpulence. Comme quoi, son Prince Briguand à elle était mieux que n’importe lequel d’entre eux ! Lui avait une finesse naturelle, que la plupart n’avait pas.
« Mais il me semble que vous vouliez un mariage, non ? » dit Ronnin, s’adressant aux nobles. A quoi voulait-il en venir ?
Eanore fronça les sourcils.
« Alors il y en aura peut-être un, à condition qu’Elanore m’accepte comme époux. En échange de quoi, je lui offre la liberté ! Elanore, veux-tu être ma femme ? »
La stupeur laissa Elanore cois quelques instants. Avait-elle bien entendu ? Il la demandait en mariage, là, ici et maintenant, devant toute cette foule ?
La minousha regarda la foule, sans s’apercevoir qu’elle souriait comme une grande enfant.
Il l’avait demandé en mariage !
« Oui, je le veux. » dit-elle, les yeux brillants d’émotion.
Dire qu’il y a quelques minutes, elle croyait que c’était le pire jour de sa vie, et à présent, elle était plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été dans sa petite vie misérable et monotone. Ensemble, ils allaient parcourir le monde, visiter tous les Royaumes, rencontrer une Vampirine pour de vrai !
Elle aimerait tant savoir à quoi cela ressemble vraiment…
La voix de son père la sortit de sa balade imaginaire.
« Comment peux-tu faire ça ? Souiller l’honneur de notre famille en épousant ce gueux ? »
Son père semblait triste et abattu, plutôt que colérique. Mais elle n’avait absolument pas envie de le consoler. Il s’était montré trop tyrannique en voulant la protéger et en la privant de liberté, eh bien il ne la protégerait plus du tout ! Plus jamais elle n’aurait à lui obéir.
« Ce gueux, comme tu dis, vaut mille fois mieux que tous ces nobles réunis. Aucun de vous ne lui arriverait à la cheville. Savez-vous au moins par quoi il est passé ? Alors n’injurie pas quelqu’un que tu ne connais pas. Il y avait bel et bien une raison pour que je porte en permanence une de ses plumes. » termina-t-elle en montrant son serre-tête.
Elle redressa la tête, se détournant de lui comme s’il n’en valait pas la peine. Malgré tout, elle avait un petit serrement au cœur.
« C’est… ce que tu souhaites vraiment, Elanore ? » demanda encore son père.
« Oui de tout mon cœur ! » répondit-elle sans l’ombre d’une hésitation, regardant son bien-aimé avec un sourire, avant de poser sa tête au creux de son épaule, et de ronronner de satisfaction. Qu’elle se sentait bien, tout contre son épaule protectrice ! Pendant un instant, elle oublia ce qui l’entourait, se concentrant sur la présence chaude et rassurante de Ronnin et son ronronnement réconfortant.
La voix de son père, une fois de plus, la ramena à la réalité, et elle rouvrit les yeux de stupéfaction.
« Alors il en sera ainsi. J’accepte que ce Ronnin t’épouse, ma fille, et j’espère de tout mon cœur que je n’ai pas fait d’erreurs. »
La surprise le mêlait à la joie dans le cœur d’Elanore. Son père, si fervent des traditions et de l’étiquette, acceptait malgré tout son mariage avec Ronnin !
Comment avait-elle pu être aussi méchante envers lui ?
La Minousha aux perles n’entendit même pas les huées de la foule. Son père acceptait son mariage ! Elanore ne fit que le regarder, mais elle fit passer tout l’amour et l’affection qu’elle le pouvait dans ses beaux yeux roses. Et cela suffit, le noble minousha comprit qu’il avait fait le bon choix. Pendant quelques instants, Elanore eut l’impression d’être en communion avec son père, puis aussi brusquement que ce sentiment était apparu, il se dissolu de lui-même.
C’est à ce moment que les gardes arrivèrent, avec leurs jolies armures de toutes les couleurs et… leurs épées, leurs lances et toutes leurs autres armes horriblement pointues et dangereuses. Qu’est-ce qu’ils allaient pouvoir faire, seuls contre cette horde ?
La Princesse regarda autour d’elle, apeurée. Puis elle vit un des amis de Ronnin, l’immense flammiris qui lui avait fait autrefois si peur, commencer à balancer sa queue d’avant en arrière, prêt à frapper le premier garde qui arriverait. Cela parut calmer légèrement leur ardeur, et elle en fut légèrement rassurée. Etrangement, ce ne fut pas Ronnin qui porta le premier coup, mais le Stoufix que tout le monde avait oublié, le prêtre. Et avec… une poêle à frire ?
« Le poêle à frire, incroyable ce truc, hein ! »
Elanore ne put s’empêcher de pouffer de rire. Elle ne savait pas si le prêtre était au courant, mais il citait exactement les paroles d’un conte qu’elle avait vu, intitulé « Raiponce », qui narrait l’histoire d’une jeune princesse enfermée dans un donjon, et qui était plus ou moins délivrée par un jeune homme légèrement voleur. Cela ne correspondait-il à sa propre histoire avec Ronnin ? Elle aussi, elle aurait son « et ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants. » ?
Alors qu’elle se faisait ces réflexions, un grand lunaris noir et blanc qu’elle n’avait jamais vue était sorti des rangs. Il avait des yeux de glace et un air aussi noble que les deereindirs qui dirigeaient la Cour Royale. Cependant, il lui semblait l’avoir déjà vu quelque part, ou plus précisément sur l’illustration d’un livre. Mais lequel étais-ce ? La mémoire lui revint en un flash soudain. C’était un messager de Luminelle, qui faisait en sorte les forces du mal soient repoussées. Il était au courant de tout ce qui se passait sur Gothicat, et accomplissait la volonté de Luminelle. Or, Luminelle voulait-elle que son mariage avec Ronnin est lieu ou non ?
Un frisson d’angoisse la prit, mais le lunaris passa ses yeux sur elle et elle sentit son regard bienveillant et chaleureux. Non, il était de leur côté. Luminelle elle-même venait à leur secours !
« Vous considérez qu’il n’y a aucun honneur à ce que Elanore Beausillage de Blancpoil épouse Ronnin Maudnoir. » commença-t-il.
Quoi ? Ronnin était un Maudnoir, un de ces affreux bandits qui pillaient les terres des honnêtes gens ? Pourtant, il semblait beaucoup plus noble que cela, ça se voyait comme les vibrisses sur le museau. Des murmures d’indignations s’élevèrent de la foule. Il y avait certainement une raison pour qu’il déclare ainsi son ascendance indigne.
« Eh bien sachez que les Maudnoir étaient une très grande famille auparavant, la plus noble qu’on puisse trouver. Autrefois, ils étaient des Bénblancs. »
Ah ! Ceci expliquait cela. Les Bénblancs avait été la seconde famille la plus importante, juste après celle du Roi. Les Beausillage de Blancpelage, sa propre famille, n’étaient rien comparé à la puissance et à l’influence qu’avait eue cette famille à leur époque révolue. Mais le dernier mage Bénblanc ne s’était pas marié, et était mort sans descendance. Aucun héritier n’avait été retrouvé. Jusqu’à aujourd’hui. Elanore n’aurait pas été étonnée le moindre du monde que Ronnin puisse être un Bénblanc. Après tout, mêmes leurs noms se ressemblaient, non ? Béni-blanc et Maudit-noir.
La voix du lunaris se fit chaude et envoutante, ressassant d’anciens souvenirs et marquant les images dans les esprits.
...
Un grand silence se fit dans l’immense salle, plus personne ne parlait.
Même Elanore était sous le choc. Mais le stoufix-prêtre ne lui laissa pas le temps de se remettre. Il recommença la cérémonie là où elle s’était arrêtée, mais en remplaçant l’époux qu’elle avait failli avoir par Ronnin.
« Ronnin Bénblanc, voulez-vous prendre Elanore Beausillage de Blancpelage comme épouse, et lui jurer fidélité et amour jusqu’à la fin de votre vie ?
-Oui, je le veux, et je lui jure aussi liberté. »
Comment avait-il pu connaître ainsi les tréfonds de son cœur, savoir qu’elle en rêvait que de s’envoler hors de sa cage ? Qu’elle avait marre de tourner en rond, qu’elle ne rêvait que de liberté, cette liberté qu’il lui promettait ?
Le stoufix se tourna alors vers Elanore, et lui demanda :
« Elanore Beausillage de Blancpelage, voulez-vous prendre Ronnin Bénblanc comme époux, et lui jurer fidélité et amour jusqu’à la fin de votre vie.
-Oui, je le veux. » dit-elle avec toute la passion dont elle était capable. Puis, avec tendresse, elle enleva la plume de son serre-tête, cette douce de plume de Paon qui lui avait donné tant d’espoir, puis elle se leva sur ses deux pattes pour la déposer à sa place initiale, sur le chapeau de Ronnin. Ca y est, ils étaient quittes.
« Les époux peuvent à présent s’embrasser. »
Ronnin se mit à sourire, et Elanore sourit de concert. Lui aussi devait penser à ses deux premières tentatives, où elle ‘avait repoussée. Mais à présent, pour tout ce qu’il avait fait pour elle, elle le lui devait bien, ce baiser.
« M’accorderez-vous enfin ce baiser, ma chère ? »
Elanore ne put s’empêcher de pouffer de rire, puis, d’un geste brusque qui l’étonna elle-même, elle sauta sur le bandit pour lui donner son baiser. Tous les deux tombèrent en arrière en éclatant de rire. Ronnin lui lécha ensuite la joue avec tendresse. Elanore eut un frisson dans tous les poils de son corps, un frisson de bonheur et de joie. Elle n’entendit même pas les bruits de la foule qui murmurait son approbation ou son désaccord. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle était à sa place, ici, à côté de son époux, et qu’elle voudrait y rester pour toujours.
Scène finale:
Elanore était en train de lire. Elle adorait ça, les grandes histoires de chevalier, de Princesse, de brigands et de dragons. Elle aurait tant aimé pouvoir vivre une aventure comme celle de ses livres, une grande et magnifique histoire d'amour.
Un nouveau cahot la secoua, et cette fois-ci, elle pesta haut et fort:
"Vous ne pouvez pas faire attention ! J'ai l'impression de me prendre tous les cahots de la route, et pire que tout, ça m'empêche de lire !"
Le petit Stoufix qui dirigeait l’attelage de la voiture dans laquelle était la Minoushas se retourna et lui dit:
"Excusez-moi, ma petite Madame, mais votre père a dit qu'il vous fallait une simple voiture pour aller plus rapidement et ne pas attirer l'attention. Une dame de votre rang donnerais une grande rançon à quiconque la kidnapperais, et cette région est réputée pour ses brigands de tous poils et de toutes écailles... Donc quelques cahots en échange de la vie sauve, je ne trouve pas ça cher payé. "
Quel ignare ! Elanore redressa le menton et le regarda de haut. Gêné, le petit Stoufix se détourna et reprit les rênes de ses chevaux.
La minousha aux perles soupira et se roula en boule, s'ennuyant à mourir. Un nouveau cahot manqua de l'envoyer au sol. Cette fois-ci s'en était trop ! Elle irait faire le voyage à pattes, elle n'en pouvait plus de cette stupide voiture ! Elle tira le rideau la séparant de son conducteur avec la patte, le déchirant sans faire exprès avec ses griffes. Mais la scène qui apparut lui coupa le souffle et elle ravala ses paroles venimeuses dans sa gorge.
Quatre Gothicat vêtus de noir avaient encerclés sa voiture. Des bandits ! Et ils étaient venus rien que pour elle ! Il y avait un Lunaris à l'aspect inquiétant, un stoufix qui lui faisait penser à un crapaud, un gigantesque Flammiris et un Minousha sombre, avec un immense chapeau orné de plumes.
Ce Minousha, dès qu'il la vit, galopa vers elle. La pauvre Minousha voulut s'enfuir, mais il la rattrapa et la ramena de force vers eux. Elanore ne cessa de se débattre, mais il était puissant et elle dû y renoncer. Elle s'aperçut que son valet stoufix, l'air défait, était entouré par l'affreux stoufix-bandit et le flammiris, qui semblait prêt à le réduire en cendre.
Elle déglutit, et le minousha bandit lui dit:
"Ah bah voilà, vous cessez enfin de vous débattre !"
Elle lui jeta un regard noir et voulut lui feuler au visage pour lui apprendre qu'elle n'était pas résolue à cesser de se battre aussi rapidement, mais le stoufix répugnant demanda de sa voix nasale :
"T'es sûr que c'est bien elle ? Elle a plus l'air d'une furie que d'une Lady."
Le Minoushas lui passa alors une patte sur le pelage, caressant ses poils blancs et frôlant ses merveilleuses perles bleues.
"Oh, ne t'inquiète pas, c'est bien une Lady, ils n'y a que des nobles pour avoir la fourrure aussi douce, pleine de reflets, et ces joyaux étincelants digne des plus grands rois. Allez, venez avec nous, Ma Lady ! Mais maintenant que vous êtes à nous, j'exigerais de vous un petit baiser... "
Non mais il se prenait pour qui, lui ? Elle leva la patte pour lui donner un coup de griffe, mais il retient sa patte et lui dit, d'un air menaçant qui la fit presque hérisser.
" Ne me donnez jamais de refus devant mes amis, cela me met en rogne. Et vous savez ce qui arrive quand je suis en colère ?"
Ses yeux rouges feu étincelèrent, et il se redressa de toute sa hauteur. La pauvre petite Minousha se fit toute petite, terrorisée. Mais pour une fois, la chance lui sourit. Avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, un bruit de galop résonna, derrière eux.
"Des soldats !" cria quelqu'un derrière eux.
Le minousha sombre feula et enfonça ses griffes dans le sol.
A son tour, il la fusilla du regard puis lui dit :
"Sois sûre que l'on se retrouvera, ma belle. Oui, on se reverra. »
avant de s'en aller, avec les autres brigands.
Mais le flammiris monstrueux, qui semblait constamment en colère, renversa d'un coup d'aile sa voiture, puis la réduisit en charpie, avant de s'envoler. Les chevaux de l'attelage, terrorisé, s'enfuirent en hennissant de peur.
Elanore resta sur place, ne sachant que faire. Elle regarda son stoufix-valet qui tremblait de la tête aux pieds.
Un grand Destirinos couleur chocolat arriva auprès d'elle, s'inclina, puis lui demanda:
"Vous allez bien, Mademoiselle ? J'espère qu'il n'a pas eu le temps de vous faire mal. Je vais envoyer un petit groupe de mes soldats pour retrouver ces maudits brigands et les mettre aux fers. "
Elanore ne sut pas ce qui lui as pris, mais elle éclata en sanglot contre l'épaule du Destrinos, qui, gêné, se racla la gorge.
« Hum, Mademoiselle, je crains que comme votre véhicule a été endommagé, vous ne deviez… euh… poursuivre votre route sur ma croupe. "
Elanore hocha la tête et grimpa sur l’échine du puissant Destrinos. Elle ne nota même pas que c’était exceptionnel qu’un chef de garde puisse être un Destrinos. La plupart étaient des Lunaris ou des Minoushas et parfois, mais plus rarement, des Flammiris.
Coincé sur le dos du puissant Destrinos, elle sentait tout contre elle les muscles et le pelage du Destrinos, tout comme elle avait senti sur elle la puissance et la douceur du pelage du Minousha bandit, avec son grand chapeau orné de Plumes de paon, pareils à son pelage.
Penser au moment où il avait caressé son pelage de la patte la faisait frissonner, mais elle ne savait pas si c’était de la peur où de l’excitation.
Car ça y est, il lui était enfin arrivé quelque chose ! A elle, la fille intouchable du noble le plus puissant de la région ! La petite Minousha surprotégée, qui avait à peine le droit de mettre la patte dehors, de peur de salir son précieux pelage de noble.
Fatiguée et anéantie par toutes ses émotions contradictoires – l’excitation, la peur et la joie – elle s'endormie rapidement.
Elanore reprit ses lectures, ses cours de maintien et d’étiquette. Pendant les semaines suivantes, son père se rendit compte qu’elle avait changé, même si elle essayait de le cacher. Il ne savait plus quoi faire pour lui faire oublier cet incident traumatisant, qui avait brisé la petite fille qu’elle était. Il décida donc d’organiser un voyage, de lui attribuer un peu plus de liberté. Sa petite chérie, la perle de ses yeux, lui avait tellement demandé plus de liberté !
Oui, Elanore avait été marqué par cet évènement, mais pas de la façon dont son père le croyait. Pendant tout le jour, elle rêvait de la douce odeur du Minousha, de ses puissants muscles contre son corps, de son pelage si doux ! La nuit aussi, elle rêvait de lui – mais elle cauchemardait – La pauvre Minousha croyait qu’il allait de nouveau l’enlever, mettre sa menace à exécution…
Elle était hantée par lui, et par ces mots si délicieux :
« Sois sûre que l'on se retrouvera, ma belle. Oui, on se reverra. »
Elle ne savait toujours pas si elle devait avoir peur de ces mots, et de le revoir, ou bien si elle devait être transportée de joie à l’idée qu’il lui arrive de nouveau quelque chose, dans cette vie ennuyante à mourir. Elanore fut donc agréablement surprise de pouvoir partir en vacances à Ellonia. Cela allait enfin lui permettre de changer d’air, et peut-être même d‘oublier ce satané Minousha-bandit qui la hantait !
Son père engagea un Lunaris pour la protéger ; le meilleur qui soit. C’était un puissant mâle rouge, qui, étrangement, semblait dégager une fumée verte. Il mesurait trois têtes de plus qu’elle-même, et elle ne pouvait s’empêcher d’être intimidée en sa présence. D’un seul coup de patte, il aurait pu la tuer !
Le voyage commença plutôt bien. Le soleil brillait haut dans le ciel, les réchauffant en cette journée d’automne. Les feuilles écarlates, orangées et or dansaient autour de la nouvelle calèche. Le lunaris courrait à leur côté, partant parfois en éclaireur. La minousha sortit la tête de la petite calèche, pour aller respirer l’air frais. Les rayons du soleil chatouillaient agréablement ses poils blancs aux reflets verts et roses. Elle ne voyait pas le lunaris, il devait être plus loin, et tant mieux ! Sa face marquée par une cicatrice lui faisait peur.
Soudain, il fut là, juste à côté d’elle. La minousha faillit pousser un hurlement de frayeur.
« Vous ne devriez pas sortir de ce véhicule. Cachez-vous, les brigands sont partout dans cette contrée. »
Elanore ferma brusquement le rideau, pour éviter de voir de nouveau l’affreux visage du lunaris. Un petit moment de bonheur, et ça y est, il s’était évanoui, à cause de ce maudit Lunaris !
Elle en voulait au monde entier. Pourquoi n’avait-elle droit qu’à être enfermée ? Elle n’avait aucune chance de découvrir le monde extérieur, à part le jardin de sa maison, elle n’avait quasiment jamais vue le monde extérieur. Et voilà que…
Un bruit de combat interrompit ses pensées. Elle regarda immédiatement au-dehors, et un frisson lui fit se hérisser les poils. C’était le minousha au chapeau avec des plumes de paon ! Il combattait férocement l’immense Lunaris. Etait-il fou ? Il allait se faire dévorer tout cru ! Mais non, il esquivait les attaques du lunaris, et y répondait par des coups de griffes rageurs qui ne tardèrent pas à rougir un peu plus le pelage du Lunaris.
Le lunaris fut bientôt obligé de reculer sous les assauts du minousha, et bientôt, on sentit qu’il songeait à s’enfuir. Finalement, un puissant coup le projeta à terre. Il se releva immédiatement, et s’enfuit à toutes pattes.
Elanore ne savait toujours pas si elle devait pleurer ou se réjouir. Elle ne voulait pas que ce bandit l’emmène avec lui, mais elle était heureuse de ne plus voir cet affreux Lunaris couturé de cicatrices lui tourner autour.
Bientôt, elle entendit les pas du Minousha s’approcher, et elle leva haut la tête.
« Je vous avais bien dit que je vous retrouverais, ma belle. »
Elanore se détourna, lui tournant le dos.
« S’il vous plait, j’ai déjà bien assez combattu votre chevalier servant, je n’ai pas envie de devoir vous affronter en plus de ça. Je risquerais d’abimer votre beau pelage blanc… »
Elanore hésita, puis se décida à le suivre. Après tout, ce serait peut-être mieux que de devoir rejoindre son père. Le minousha sombre eut un sourire vainqueur devant sa docilité apparente.
« Bien. Maintenant, il me semble que vous me deviez un baiser, non ? »
Elanore se hérissa de fureur.
« Quoi ? Espèce de… »
Elle n’eut pas le temps de continuer sa phrase, qu’il s’avança vers elle, son pelage collé à le sien. La minousha voulut le repousser, mais il la fit tomber. Une fois qu’elle fut au sol, il s’avança, se mettant juste sur elle et l’empêchant de se relever. Il la surplombait, et un doux sourire ornait ses lèvres. Son chapeau semblait animé d’une vie propre, les plumes de paon qui l’ornaient s’agitant doucement, comme impatientes. Sa douce odeur emplissait ses narines, mais elle refusait de se donner ainsi. Elle chercha de la patte n’importe quoi, qui pourrait lui permettre d’échapper à ce baiser volé.
Sa patte tomba sur un lourd caillou, suffisant pour assommer quelqu’un. Le minousha au pelage sombre approcha ses lèvres de celles d’Elanore, et elle le frappa avec sa pierre. Le minousha-bandit s’effondra sur le flanc, inconscient. Elanore se releva, le souffle coupé.
Elle contempla un moment ce beau Minousha dont elle ne connaissait même pas le nom. Son pelage semblait noir au premier regard, mais il était en fait bleu marine. Des plumes de paons bleues, vertes, avec un bout rouge ornaient son pelage, en un bal somptueux. Son chapeau lui était légèrement tombé sur le côté de la tête. Sans réfléchir, elle le lui remit correctement. Il commença à bouger, et Elanore s’enfuit de toute la vitesse de ses pattes, jusqu’au village voisin. Son pelage avait perdu ses beaux reflets bleus et roses, et les diamants sur son pelage étaient eux aussi pâli par la poussière qui lui collait au corps.
Au départ, les villageois ne crurent pas un instant à son histoire, voyant en elle qu’une vagabonde qui leur faisait perdre du temps. Mais un flammiris un peu plus intelligent que les autres écouta son histoire jusqu’au bout. Un petit regroupement s’était fait autour de la jeune Minousha. Quand le flammiris prit son inspiration, puis la relâcha sur Elanore, un nuage de poussière s’envola sur les spectateurs, qui toussèrent, aveuglés. Quand ils purent voir de nouveau, le pelage d’Elanore était de nouveau propre, les reflets bleus et roses de son pelage bien présents, comme les étincelants joyaux. Un murmure de stupéfaction parcourut l’assistance, jusqu’à ce que le flammiris leur ordonne :
« Eh bien, qu’attendez-vous pour rattraper le bandit ? On as pas perdu assez de temps comme ça ? »
Les villageois se dispersèrent, prenant leurs armes et courants dans tous les sens pour retrouver le voleur de grand chemin.
« J’espère t’avoir fourni assez de temps pour protéger ton précieux bandit.
-Mon précieux… ?
- Eh bien, toi et lui, seuls…
- Quoi ??? Mais vous êtes complètement malade ! »
Le flammiris rit, et Elanore détesta ce rire, qui semblait tout connaître, même l’avenir. Non, mais il se prenait pour qui, cet imbécile prétentieux ? Il osait croire qu’elle et ce bandit… Berk ! Plutôt mourir qu’épouser un individu comme celui-là ! Et de toute façon, c’était bien connu, les Princesses n’épousaient pas des bandits de grand chemin ! Elle serait mariée à un beau Prince, fort et intelligent… En fait, non, elle n’avait pas envie de se marier du tout ! Elle préférait se promener dans les bois et lire des contes.
Quand le père d’Elanore la retrouva, il la serra fort dans ses pattes ; il croyait l’avoir perdu pour toujours. Et sa décision tomba, irrévocable.
« A partir de maintenant, tu resteras dans notre Domaine, avec interdiction d’en sortir ! Il ne faut surtout pas que ces sales individus te touchent une fois de plus. »
Elanore eut beau tempêter, hurler et pleurer toutes les larmes de son corps, la décision de son père resta inflexible. Elle sera confiné chez elle à vie, jusqu’à ce que mort s’en suive. Eh bien, elle n’attendra pas que la mort vienne à elle, elle irait elle-même à la mort. La date lui sembla évidente : Le jour de son anniversaire, dans quinze jours. Il lui resterait encore quinze jours à tuer… Autant relire ses contes préférés : Les contes de Fay !
Elle n’avait encore jamais vue de Vampirine… Elle imaginait que ça ressemble à une sorte de grosse chauve-souris, avec des mains à la place des pattes.
Partie 2: La liberté et le bonheur se cherchent en trouvant l'Amour
Une semaine s’était écoulée. C’était bientôt la nuit, elle allait se mettre en pyjama. Un joli pyjama de Princesse, rose avec des…
Elanore faillit pousser un cri d’effroi, mais le Minousha sombre lui mit une patte sur la bouche, très doucement, comme s’il ne voulait pas lui faire de mal. Son visage sombre était constellé de marques, comme s’il avait reçu des coups, et un de ses yeux fermait à grand peine.
Que lui était-il arrivé ? Pourquoi avait-il été battu ? Et par qui, qui était assez puissant pour vaincre un Minousha tel que lui, qui avait battu en quelques coups de pattes un des plus grands mercenaires de la région ?
Le temps qu’elle se pose ces questions, un coup de patte à sa porte résonna. Il ne fallait certainement pas qu’on la sache avec ce Minousha dans sa chambre ! Qu’est-ce que les domestiques pourraient dire ?
Précipitamment, elle ouvrit la porte de son placard, et y enferma le Minousha-bandit, puis elle ouvrit la porte, essayant de maitriser le rouge qui lui venait aux joues.
C’était son père, qui entrait. Depuis qu’elle était enfermée chez elle, il était toujours aux petites attentions pour elle, lui apportant en permanence des gâteries, des nouveaux livres, des robes… Mais elle s’en fichait de tout ça ! Elle voulait être libre, elle ! Elle voulait se promener, seule, dans la forêt, sans chaperon pour la surveiller…
« J’ai un cadeau pour toi ! »
Encore !? : faillit-elle répliquer. Bon, allez, il ne lui restait plus qu’une semaine à le supporter. Autant faire bonne figure.
« Super ! C’est quoi ?
-Une magnifique robe ! »
Il déploya une robe d’une pureté immaculée, avec une longue traîne. Cette robe était le plus beau cadeau qu’elle n’avait jamais vu. Mais c’était une robe pour…
« J’ai beaucoup réfléchi, tu sais. Et je pense que tu es d’âge à te marier, à présent. J’ai choisi pour toi un partenaire idéal, d’âge mûr, très beau, et un surtout, un très bon parti. Je suis sûr qu’il te plaira. Vous ferez un superbe couple, tous les deux !»
Quoi ? Se marier ??!! Jamais de la vie ! Si jamais elle se mariait, ce serait encore pire ! Elle serait obligée de rester enfermée dans une maison inconnue, aux côtés d’un mari moche comme un pou et vieux comme le temps ! C’était la catastrophe !
Elle ne put se retenir, elle éclata en sanglots. Quelle vie affreuse ! Et son père, comme d’habitude, se méprit sur ses véritables sentiments.
« Je savais que tu serais ravie de cette attention, mais pleurer est un peu… excessif, je trouve. Bon, je vais te laisser te remettre de cette nouvelle. »
Il toussota, puis sortit et referma doucement la porte.
Toute dans son malheur, Elanore ne remarqua pas que la porte de son placard s’était de nouveau ouverte, et que le minousha au pelage de paon en était sorti. Elle sentit seulement une chaleur autour d’elle, puis une odeur qu’elle adorait. Une odeur de mystère, de sécurité et de tendresse.
« Serres-moi dans tes pattes ! »
demanda-t-elle sans réfléchir.
Ce qu’il fit. Elle se sentait un peu mieux, comme ça.
Elle pleura contre son épaule, en disant :
« C’est affreux ! Je ne veux absolument pas me marier ! Surtout pas à un vieux barbon ! Je serai enfermée à jamais !
-Je te promets que ton mariage n’aura pas lieu. Je m’y engage personnellement. Et si jamais tu doutes de ma parole, je te laisse cette plume de mon chapeau. Tu n’auras qu’à la regarder, et te dire que Ronnin tient toujours ses promesses.
-Elanore te remercie du fond du cœur. »
Elanore écouta ses paroles que d’une seule oreille. Ce fut la dernière chose qu’elle entendit avant de se réveiller, le lendemain. Elle pensa immédiatement que les évènements de la veille avaient été un rêve. Comment ce Minousha avait-il pu venir, et pourquoi lui aurait-il fait cette promesse ? C’était du n’importe quoi ! Il avait voulu l’enlever plusieurs fois, et à présent, il voudrait la protéger de son mariage. Non, elle avait tout inventé. C’était sûrement ça.
Elle était presque convaincue que ce n’avait été qu’un mirage, quand elle vit la plume de paon posée sur son chevet. Et n’avait-elle pas été bordée avec soin ? Pourtant, cela faisait longtemps que sa nourrice ne la couchait plus. Ce n’était donc pas un rêve ! Ronnin était vraiment venu la voir. Elanore prit la plume et la posa sur son cœur. Il allait revenir, rien que pour elle, et elle serait sauvée de cette vie pathétique !
Mais les semaines passèrent, et la date de son mariage avec un inconnu approchait. Peut-être l’avait-il oublié, il lui avait fait miroiter sa délivrance. La Minousha passait souvent des rires aux larmes, pensant de toutes ses forces que Ronnin allait venir la chercher, puis désespérant de ne jamais le revoir.
Son père mettait sur le compte du stress avant le mariage ses frasques, notamment porter une plume de paon derrière l’oreille. Comment aurait-il pu savoir que cette plume appartenant au bandit même qui avait essayé de kidnapper sa fille ? Le lunaris mercenaire qu’il avait engagé pour protéger sa fille s’était enfui, et le stoufix qui avait servi de valet à Elanore avait démissionné de ses fonctions. Il pensait que c’était simplement une envie passagère d’une jeune Minousha, et qu’il n’y avait pas de crainte à avoir. Au contraire, le jour de son anniversaire, il lui offrit un serre-tête, pour pouvoir y accrocher sa plume. Ce qu’elle ne se priva pas de faire, avec une joie cynique.
Scène finale :
Ca y est, le plus triste jour de toute sa vie était arrivé. Ronnin n’était toujours pas venu la sauver, et elle se trouvait à présent dans une immense église, en compagnie d’une foule de gens de la noblesse, il y avait là de toutes les espèces et de toutes les formes de Gothicats possibles et imaginables : des Minoushas ailés, des Lunaris au pelage de sable, des Stoufixs bariolés de chocolat et de fruits – ceux-là étaient complètement gaga de s’habiller avec de la nourriture ! -, des Flammiris aussi petits que des fées, des Deereindirs aussi nobles que majestueux, et que sais-je encore !
Tous étaient là, en tenue d’apparat, prêt à participer au serment qui la lierait pour toujours à un parfait inconnu. Son regard fit de nouveau le tour de l’Assemblée, cherchant un soutien au milieu de la foule. Elle croisa le regard de son père, qui lui sourit gentiment, et cela ne fit que faire plonger son moral au plus bas. La pauvre Minousha faillit éclater en sanglot, mais elle se mordit la lèvre et se contint. Des murmures d’impatiences parmi l’assemblée commençaient à se faire entendre, son futur époux n’était toujours pas là. Il n’était pas là, et elle espérait pour la première fois de sa vie qu’il soit arrivé du malheur à quelqu’un. Que sa calèche soit tombée dans un fossé, qu’il se soit pris une branche en sortant de chez lui…
Mais le Destin devait être contre elle. Car enfin arriva une miniature de Minousha, tous en rubans et fanfreluches. C’était ça qu’elle devait épouser ? Il avait la taille d’un Stoufix !
Son pelage, de couleur jeune et bleue, parsemé de petites tâches, était à ce point imbibé de parfum que quand il s’assit auprès d’elle, sur l’autel du sacrifice, un nuage vint les entourer et la pauvre Elanore éternua, à deux reprises, le temps que le nuage se disperse. Elle remarqua aussi qu’il avait les yeux vairons, l’un vert et l’autre bleu. Berk !
Elanore tritura son serre-tête à la plume de paon, pensant avec espoir que jusqu’à ce tous les deux disent « oui » au serment de mariage, Ronnin avait encore une chance d’arriver.
Le cœur de la minousha battait à toute allure. Tout allait beaucoup trop vite, elle avait l’impression qu’elle allait s’évanouir de frayeur. Pitié, Luminelle, faites que ce mariage n’est pas lieu ! Une boule se formait dans sa gorge, et ses pattes tremblaient. Non, tout sauf ça !
« Je ne veux pas ! Je ne veux pas ! » pensa-t-elle si fort qu’elle crut un moment que le Minousha à côté d’elle l’avait entendue. Il se tourna vers elle, et lui sourit, d’un air rassurant.
Elanore se força à lui sourire en retour, mais elle ne put que faire un petit sourire timide et mal assuré. Cela dut suffire, car il détourna de nouveau la tête.
Le prêtre s’avança, un digne Stoufix qui prenait son rôle très au sérieux. Habillé d’une grande toge d’un blanc immaculé qui traînait légèrement par terre, il tenait dans ses pattes un grand et lourd livre, dans lequel était sans doute formulé les paroles sacrées du mariage.
« Nous nous sommes tous réunis ici pour une des plus belles occasions, le mariage de la Duchesse Elanore Beausillage de Blancpoil et Rapitus Pelafête de Capiteux. A cette noble occasion, le Roi et la Reine de Sandisia sont présents. »
Deux majestueux Deereindirs inclinèrent leur noble tête.
Le reste du discours fut totalement incompréhensible pour Elanore. Elle ne pouvait que voir son destin inéluctable se rapprocher, de minutes en minutes. Bientôt, beaucoup trop tôt, ils vinrent au serment qui scellerait leur destin à jamais. Non, cela ne se pouvait pas ! Et pourtant, le Stoufix commença à demander :
« Rapitus Pelafête de Capiteux, voulez-vous prendre Elanore Beausillage de Blancpelage pour épouse… »
Un immense clash retentit, et du verre brisé s’éparpilla partout comme une petite pluie, sans faire mal à beaucoup de monde. Elanore sursauta, la peur au ventre. La Minousha n’eut même pas le temps de se retourner vers l’origine du bruit qu’un minousha bien connu fit son apparition à ses côtés, faisant tomber Rapitus, celui qui voulait devenir son époux. Son cœur fit un bond dans sa poitrine.
RONNIN !!!
Il était finalement venu la délivrer de cet enfer ! Elanore ne découvrait qu’à présent la force de son amour envers le beau brigand. Ce n’était pas un Prince charmant, c’est vrai, mais au moins elle était sûre qu’il l’aimait. Personne ne bougea dans la salle, tous étaient bien trop surpris de cette apparition. Et puis, qu’ils essayent ! Elanore était sûre que Ronnin se ferait un plaisir de la défendre.
La jeune noble n’avait jamais été aussi heureuse de toute sa vie ! Elle se força à ne pas montrer la joie qui débordait en elle, mais quand Ronnin se tourna vers elle, elle ne put s’empêcher de lui sourire. Il avait un air si décidé, si sûr de lui, et ces yeux… D’un rouge flamboyant, comme le brasier qui brulait à l’intérieur de lui !
Il regarda la foule qui avait failli assister à un mariage qu’elle considérait comme son enterrement, et l’incendia de son regard de flammes. Les gens se recroquevillaient sur eux-mêmes quand il posait son regard sur eux.
« Comment osez-vous prendre cette décision, engager le futur d’une jeune Minousha, la condamner à un destin qu’elle n’a pas choisi, qu’elle n’aura sans doute jamais voulue ? Au nom de quoi pouvez-vous faire un acte aussi terrible ? »
Un Destrinos qu’elle connaissait bien, au premier rang de la foule, hennit de colère :
« Au nom de la tradition ! »
Il comptait l’assassiner au nom de la tradition ? Elle faillit bondir sur lui, toutes griffes dehors, mais Ronnin s’en chargeas à sa place. Il sauta près du Destrinos, prêt à lui mettre un coup de patte griffu. Celui-ci se cabra sous la frayeur, pendant qu’Elanore gloussait de plaisir. Heureusement pour elle, personne n’entendit son petit rire, tant tout le monde était concentré sur la scène entre Ronnin et le Destrinos. D’ailleurs, cet équidé voulait rentrer sous terre, vu comme il essayait de se faire tout petit. Elanore effaça son sourire de triomphe rapidement.
La minousha aux perles posa de nouveau son regard sur Ronnin, qui en deux bonds seulement revint à sa place légitime, à ses côtés. En deux bonds, toute en grâce et beauté, alors que la plupart des gens qui auraient essayés se seraient lamentablement ratés, trébuchant sous leur montagnes d’habit, ou étant gênés par leur lourde corpulence. Comme quoi, son Prince Briguand à elle était mieux que n’importe lequel d’entre eux ! Lui avait une finesse naturelle, que la plupart n’avait pas.
« Mais il me semble que vous vouliez un mariage, non ? » dit Ronnin, s’adressant aux nobles. A quoi voulait-il en venir ?
Eanore fronça les sourcils.
« Alors il y en aura peut-être un, à condition qu’Elanore m’accepte comme époux. En échange de quoi, je lui offre la liberté ! Elanore, veux-tu être ma femme ? »
La stupeur laissa Elanore cois quelques instants. Avait-elle bien entendu ? Il la demandait en mariage, là, ici et maintenant, devant toute cette foule ?
La minousha regarda la foule, sans s’apercevoir qu’elle souriait comme une grande enfant.
Il l’avait demandé en mariage !
« Oui, je le veux. » dit-elle, les yeux brillants d’émotion.
Dire qu’il y a quelques minutes, elle croyait que c’était le pire jour de sa vie, et à présent, elle était plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été dans sa petite vie misérable et monotone. Ensemble, ils allaient parcourir le monde, visiter tous les Royaumes, rencontrer une Vampirine pour de vrai !
Elle aimerait tant savoir à quoi cela ressemble vraiment…
La voix de son père la sortit de sa balade imaginaire.
« Comment peux-tu faire ça ? Souiller l’honneur de notre famille en épousant ce gueux ? »
Son père semblait triste et abattu, plutôt que colérique. Mais elle n’avait absolument pas envie de le consoler. Il s’était montré trop tyrannique en voulant la protéger et en la privant de liberté, eh bien il ne la protégerait plus du tout ! Plus jamais elle n’aurait à lui obéir.
« Ce gueux, comme tu dis, vaut mille fois mieux que tous ces nobles réunis. Aucun de vous ne lui arriverait à la cheville. Savez-vous au moins par quoi il est passé ? Alors n’injurie pas quelqu’un que tu ne connais pas. Il y avait bel et bien une raison pour que je porte en permanence une de ses plumes. » termina-t-elle en montrant son serre-tête.
Elle redressa la tête, se détournant de lui comme s’il n’en valait pas la peine. Malgré tout, elle avait un petit serrement au cœur.
« C’est… ce que tu souhaites vraiment, Elanore ? » demanda encore son père.
« Oui de tout mon cœur ! » répondit-elle sans l’ombre d’une hésitation, regardant son bien-aimé avec un sourire, avant de poser sa tête au creux de son épaule, et de ronronner de satisfaction. Qu’elle se sentait bien, tout contre son épaule protectrice ! Pendant un instant, elle oublia ce qui l’entourait, se concentrant sur la présence chaude et rassurante de Ronnin et son ronronnement réconfortant.
La voix de son père, une fois de plus, la ramena à la réalité, et elle rouvrit les yeux de stupéfaction.
« Alors il en sera ainsi. J’accepte que ce Ronnin t’épouse, ma fille, et j’espère de tout mon cœur que je n’ai pas fait d’erreurs. »
La surprise le mêlait à la joie dans le cœur d’Elanore. Son père, si fervent des traditions et de l’étiquette, acceptait malgré tout son mariage avec Ronnin !
Comment avait-elle pu être aussi méchante envers lui ?
La Minousha aux perles n’entendit même pas les huées de la foule. Son père acceptait son mariage ! Elanore ne fit que le regarder, mais elle fit passer tout l’amour et l’affection qu’elle le pouvait dans ses beaux yeux roses. Et cela suffit, le noble minousha comprit qu’il avait fait le bon choix. Pendant quelques instants, Elanore eut l’impression d’être en communion avec son père, puis aussi brusquement que ce sentiment était apparu, il se dissolu de lui-même.
C’est à ce moment que les gardes arrivèrent, avec leurs jolies armures de toutes les couleurs et… leurs épées, leurs lances et toutes leurs autres armes horriblement pointues et dangereuses. Qu’est-ce qu’ils allaient pouvoir faire, seuls contre cette horde ?
La Princesse regarda autour d’elle, apeurée. Puis elle vit un des amis de Ronnin, l’immense flammiris qui lui avait fait autrefois si peur, commencer à balancer sa queue d’avant en arrière, prêt à frapper le premier garde qui arriverait. Cela parut calmer légèrement leur ardeur, et elle en fut légèrement rassurée. Etrangement, ce ne fut pas Ronnin qui porta le premier coup, mais le Stoufix que tout le monde avait oublié, le prêtre. Et avec… une poêle à frire ?
« Le poêle à frire, incroyable ce truc, hein ! »
Elanore ne put s’empêcher de pouffer de rire. Elle ne savait pas si le prêtre était au courant, mais il citait exactement les paroles d’un conte qu’elle avait vu, intitulé « Raiponce », qui narrait l’histoire d’une jeune princesse enfermée dans un donjon, et qui était plus ou moins délivrée par un jeune homme légèrement voleur. Cela ne correspondait-il à sa propre histoire avec Ronnin ? Elle aussi, elle aurait son « et ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants. » ?
Alors qu’elle se faisait ces réflexions, un grand lunaris noir et blanc qu’elle n’avait jamais vue était sorti des rangs. Il avait des yeux de glace et un air aussi noble que les deereindirs qui dirigeaient la Cour Royale. Cependant, il lui semblait l’avoir déjà vu quelque part, ou plus précisément sur l’illustration d’un livre. Mais lequel étais-ce ? La mémoire lui revint en un flash soudain. C’était un messager de Luminelle, qui faisait en sorte les forces du mal soient repoussées. Il était au courant de tout ce qui se passait sur Gothicat, et accomplissait la volonté de Luminelle. Or, Luminelle voulait-elle que son mariage avec Ronnin est lieu ou non ?
Un frisson d’angoisse la prit, mais le lunaris passa ses yeux sur elle et elle sentit son regard bienveillant et chaleureux. Non, il était de leur côté. Luminelle elle-même venait à leur secours !
« Vous considérez qu’il n’y a aucun honneur à ce que Elanore Beausillage de Blancpoil épouse Ronnin Maudnoir. » commença-t-il.
Quoi ? Ronnin était un Maudnoir, un de ces affreux bandits qui pillaient les terres des honnêtes gens ? Pourtant, il semblait beaucoup plus noble que cela, ça se voyait comme les vibrisses sur le museau. Des murmures d’indignations s’élevèrent de la foule. Il y avait certainement une raison pour qu’il déclare ainsi son ascendance indigne.
« Eh bien sachez que les Maudnoir étaient une très grande famille auparavant, la plus noble qu’on puisse trouver. Autrefois, ils étaient des Bénblancs. »
Ah ! Ceci expliquait cela. Les Bénblancs avait été la seconde famille la plus importante, juste après celle du Roi. Les Beausillage de Blancpelage, sa propre famille, n’étaient rien comparé à la puissance et à l’influence qu’avait eue cette famille à leur époque révolue. Mais le dernier mage Bénblanc ne s’était pas marié, et était mort sans descendance. Aucun héritier n’avait été retrouvé. Jusqu’à aujourd’hui. Elanore n’aurait pas été étonnée le moindre du monde que Ronnin puisse être un Bénblanc. Après tout, mêmes leurs noms se ressemblaient, non ? Béni-blanc et Maudit-noir.
La voix du lunaris se fit chaude et envoutante, ressassant d’anciens souvenirs et marquant les images dans les esprits.
...
Un grand silence se fit dans l’immense salle, plus personne ne parlait.
Même Elanore était sous le choc. Mais le stoufix-prêtre ne lui laissa pas le temps de se remettre. Il recommença la cérémonie là où elle s’était arrêtée, mais en remplaçant l’époux qu’elle avait failli avoir par Ronnin.
« Ronnin Bénblanc, voulez-vous prendre Elanore Beausillage de Blancpelage comme épouse, et lui jurer fidélité et amour jusqu’à la fin de votre vie ?
-Oui, je le veux, et je lui jure aussi liberté. »
Comment avait-il pu connaître ainsi les tréfonds de son cœur, savoir qu’elle en rêvait que de s’envoler hors de sa cage ? Qu’elle avait marre de tourner en rond, qu’elle ne rêvait que de liberté, cette liberté qu’il lui promettait ?
Le stoufix se tourna alors vers Elanore, et lui demanda :
« Elanore Beausillage de Blancpelage, voulez-vous prendre Ronnin Bénblanc comme époux, et lui jurer fidélité et amour jusqu’à la fin de votre vie.
-Oui, je le veux. » dit-elle avec toute la passion dont elle était capable. Puis, avec tendresse, elle enleva la plume de son serre-tête, cette douce de plume de Paon qui lui avait donné tant d’espoir, puis elle se leva sur ses deux pattes pour la déposer à sa place initiale, sur le chapeau de Ronnin. Ca y est, ils étaient quittes.
« Les époux peuvent à présent s’embrasser. »
Ronnin se mit à sourire, et Elanore sourit de concert. Lui aussi devait penser à ses deux premières tentatives, où elle ‘avait repoussée. Mais à présent, pour tout ce qu’il avait fait pour elle, elle le lui devait bien, ce baiser.
« M’accorderez-vous enfin ce baiser, ma chère ? »
Elanore ne put s’empêcher de pouffer de rire, puis, d’un geste brusque qui l’étonna elle-même, elle sauta sur le bandit pour lui donner son baiser. Tous les deux tombèrent en arrière en éclatant de rire. Ronnin lui lécha ensuite la joue avec tendresse. Elanore eut un frisson dans tous les poils de son corps, un frisson de bonheur et de joie. Elle n’entendit même pas les bruits de la foule qui murmurait son approbation ou son désaccord. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle était à sa place, ici, à côté de son époux, et qu’elle voudrait y rester pour toujours.
Scène finale: